Bonjour, Bernard Dugué,
Je rebondis sur votre dernière expression, alternative de civilisation. Un journaliste demandait un jour à Gandhi ce qu’il pensait de la civilisation occidentale. Le Sage lui répondit :"Ce serait une bonne idée".
Je me permets de joindre avec un peu de retard un billet où je dis tout le bien que je pense de notre très civilisé expert ès-sociétés et de ses idées (déjà publié sur une autre page) :
J’aime bien l’allure de M. Attali. Son calme, ses tons de prélat fatigué égrenant ses patenôtres et se faisant le porte-parole de ses 43 assistants qui vont aider la France à se remettre dans le droit chemin du travail et de la vertu. Oui, je ne le cacherai pas, le bonhomme me plait, tout en rondeur et en idées novatrices. Mitterrand était notre Tonton à tous, maintenant nous avons le révérend Attali, que je serais prêt a appeler le Père Attali.
Hier soir (25 janvier), il avait pris son bâton de pélerin pour expliquer sur une chaîne de télévision, du ton recueilli qui convient, que le port du Havre n’arrivait pas à la cheville de celui de Singapour. Pensez, Singapour fait transiter par ses quais 30.000.000 de conteneurs par an alors que notre Havre n’en passait que 3.000.000. Une misère quoi ! Et d’expliquer que, vous comprenez, les mouvements sociaux, et autres interruptions de travail décourageaient les armateurs de venir se faire décharger dans l’Hexagone.
Le message, pour moi devenait clair. Le retard français reposait principalement dans les différences de salaire. Il suffirait donc, pour que tout s’arrange de payer les dockers français au tarif chinois pour que tout aille mieux ! Elémentaire, mon cher. Il faudra se soumettre ou périr. Dixit le bon Père. Lequel, dans l’onction qui est la sienne aurait pu dire autre chose : exigeons une concurrence équilibrée, luttons pour le progrès social mondial, demandons à ce que les dockers de Singapour aient des salaires alignés sur les salaires européens, et non l’inverse. C’eut été là une proposition authentiquement socialiste. Mais non, le fataliste, c’est lui. La réalité mondiale n’est pas une fatalité, le commerce inéquitable n’étant pas une fatalité. Nous avons bel et bien affaire à un social-démocrate, un pseudo-socialiste à la Blair et Schröder qui suivent la voie de la facilité en levant les yeux au ciel pour dire au’il est trop tard.
Nokia, après avoir encaissé 80.000.000 € de subventions en Allemagne va délocaliser ses activités en Roumanie. Elle invite ses employés à les suivre. Au salaire roumain. On s’insurge un petit peu en Allemagne, mais on laissera faire. Les temps sont ainsi. Et ça recommencera. Concurrence oblige, arme imparable des financiers.
Au XIXéme siècle, le travail des enfants devint interdit. Non parce que les patrons avaient le coeur tendre, mais parce qu’il n’y avait plus d’ouvriers, tant la mortalité infantile était forte. Que fait l’Europe aujourd’hui ? Pour stimuler la croissance, donner du pouvoir d’achat, elle importe de nombreux produits de "l’étranger". Sans se soucier qu’en Inde 60.000.000 d’enfants sont obligés de travailler pour vivre, sans parler d’autres pays. Nous avons tout simplement exporté le travail des enfants !!! Une population vit sur les dos des autres par politiciens et capitalistes interposés. Et de cela, M. le bon Père Attali le socialiste n’en parle pas.
Ce qui m’intéresse dans le rapport Attali, ce n’est pas ce qu’il dit, c’est ce qu’il ne dit pas. Miserere nobis. Ayez pitié de nous.