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Commentaire de Roland Verhille

sur Rapport Attali : aux aveux !


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Roland Verhille Roland Verhille 30 janvier 2008 14:59

A Forest Ent : Cette fois, ce sera très long, mais c’est vous qui le voulez ! Pour me faire pardonner des lecteurs, ils trouveront plus loin un « secret » Attali.

a) Mais si, on discute, je ne suis pas du genre à couper mes contradicteurs. J’aimerais seulement ne pas importuner les autres lecteurs, mais beaucoup de vos remarques touchent directement à la question de la croissance, et sont à considérer. J’apprécie que dans cette discussion, il y ait beaucoup moins de polémique qu’ailleurs. Et que vous exprimiez votre accord lorsque cela vous semble le mériter.

b) Voter UMP, ce serait une faute ? Il y en a eu plus que jamais qui l’ont fait à cette présidentielle, avec une majorité électorale rarement atteinte. Alors, la plupart des Français, des fautifs ?

c) Idéologie libertarienne. Je suis tout le contraire d’un idéologue, ce qui me rend difficilement supportable ! Vous me semblez confondre libertaires, libéral, ultra-libéral, et démocrate.

Mais d’accord, il y a des systèmes publics qui marchent (notre production électrique par exemple, encore qu’elle pourrait coûter moins avec la même efficacité), et d’autres qui ne marchent pas. Le drame dans le public, c’est que ce qui ne marche pas n’est pas éliminé. Les entreprises privées qui ne marchent pas sont éliminées, et c’est fort bien ainsi, elles laissent la place à celles qui sont capables de marcher.

d) Une génération condamnée. Par les dommages de la guerre, oui. La guerre, encore une production des états, les peuples sont plutôt pacifiques dès lors qu’ils ne sont pas embrigadés par des despotes ou des grands et petits Napoléon.

Mais la réparation de cette sorte de dommage est une chose, le système de retraite est autre chose. Les politiques mélangent toujours tout à tout, pour mieux faire passer leurs tours de passe-passe ruineux.

 e) injurieux de constater la fabrication à la chaîne par l’état d’ouvriers sans qualification au moyen d’ouvriers capables de grande habilité ? Remarquez à quel point Attali (c’est notre sujet, non ?) veut encore plus investir dans cette gigantesque usine à fabriquer des déclassés.

f) Tout à fait d’accord, la question du niveau des prélèvements obligatoires, c’est celle de savoir en quoi et pour quoi un état doit décider à la place des gens. Je vous rappelle le texte fondateur de notre démocratie, il est lumineux : seulement quand il y a évidence d’une nécessité publique. Évidence et nécessité sont les deux mots importants.

g) C’est vrai, mes tableaux ne démontrent pas le lien de causalité entre décroissance économique et croissance des prélèvements obligatoires.

Mais la démonstration, je l’ai présentée ainsi à la Commission Attali, c’était secret jusqu’à maintenant :

 « Les données chiffrées présentées et analysées ci avant constatent des faits économiques. La concomitance de l’élévation importante du poids des prélèvements obligatoires et de la baisse de la croissance économique suggère qu’il y a un rapport de causalité de la première donnée à la seconde. Mais il n’est pas scientifiquement établi. Seules des enquêtes de motivation seraient de nature à en conférer un certain caractère scientifique. …

« Toutefois, la raison vient au soutient de l’idée que la forte croissance des prélèvements obligatoire a eu pour effet d’entraver la croissance, par la voie de plusieurs mécanismes.

« 1°. La double peine : amputation de la production marchande, et alourdissement du coût des produits.

« Le premier effet de tels prélèvements est mécanique. Ces prélèvements se répartissent entre redistributions directes de revenus (subventions et prestations sociales) et financement des coûts de fonctionnement des administrations publiques. Parmi ces coûts, ceux des agents de l’état sont prépondérants, ils forment environ le quart des emplois du pays. L’accroissement des prélèvements suscite donc celui du nombre des agents publics. Cet accroissement de leur nombre inflige mécaniquement une double peine à l’économie : la première peine, en retirant des travailleurs de la production marchande, seule créatrice de pouvoir d’achat monétaire, ce qui ampute la croissance, pour les affecter au service de l’état. La deuxième peine, en nécessitant d’opérer des prélèvements supplémentaires sur le travail marchand afin de rémunérer les agents de l’état. Ces prélèvements supplémentaires grèvent le coût des produits, et réduit leur compétitivité à la fois sur le marché intérieur et sur les marchés à l’exportation.

« 2°. « Le travail n’en vaut plus la peine », dit le peuple.

« Amputer à l’excès le revenu direct obtenu par le travail, qui n’est pas sans coût monétaire ni sans « coût-désutilité », réduit certainement la propension à travailler. Il ne s’agit pas là de paresse, mais d’un calcul économique tacite. L’accès à des revenus alloués par l’état sans qu’il y ait eu contrepartie de travail exacerbe cette fuite devant le travail. Au niveau global, cette réduction de volume du travail fourni a pour conséquence inéluctable un frein à la production de richesses.

« 3°. L’asphyxie progressive des échanges économiques.

Le dynamisme économique est fonction de l’intensité des échanges économiques. La monnaie est l’instrument de ces échanges. Mais son utilisation ne doit pas masquer le fait fondamental que les échanges qui nourrissent la croissance consistent à échanger le produit de son travail (la rémunération obtenue en travaillant) contre le produit du travail des autres (les biens et services achetés). Le produit du travail des autres est aujourd’hui grevé de prélèvements à raison des deux tiers (soit le coût de deux jours de travail sur trois). L’acheteur doit donc travailler trois jours (deux pour payer les prélèvements, et seulement un pour payer le travail des autres) pour acheter un jour du travail des autres. Il s’en suit une fuite généralisée devant les échanges.

« 4°. Fournir des emplois ou s’employer soi même est devenu à la fois ruineux et invivable.

« La réduction continue du nombre des « travailleurs indépendants » (commerçants, artisans, etc.) est spectaculaire. La statistique des emplois indépendants est sans doute influencée par un recours accru à l’exercice des activités sous forme de société, le travailleur indépendant devenant désormais un salarié. Elle reflète néanmoins une fuite éperdue devant le travail indépendant. Tous remarquent les disparitions de magasins et d’artisans sans qu’ils ne soient remplacés.

« D’autre part, l’anémie de l’économie nationale jointe à l’insuffisante compétitivité de ses produits, auxquelles s’ajoute l’agressivité permanente subie de toute part par les employeurs, provoque une fuite des offres d’emploi en France au bénéfice d’offres d’emploi à l’étranger.

« 5°. Effets cumulatifs des prélèvements obligatoires excessifs : notre machine infernale à détruire l’emploi et le pouvoir d’achat, ainsi qu’à ruiner l’état.

Les effets négatifs invoqués ci-dessus, avec d’autres, se renforcent mutuellement. Etc. »

 

h). Exact, absence de dimension morale au débat démographique, si ce débat est scientifique, qu’il se borne à mesurer des phénomène et à en rechercher les causes. Mais quand il glisse vers dire de ce qu’il faudrait faire, dans le domaine des « sciences « sociales, on n’est plus dans les sciences, on est dans les doctrines.

Et oui, le vieillissement des populations a une conséquence financière : la solution, ce n’est pas celle des Huns,  c’est de poursuivre ou même d’accélérer la croissance de la production des richesses par une recherche accrue de productivité, couplée avec une réorientation des catégories d’emploi de ces richesses produites : en finir avec nos gigantesques gaspillages, publics et privés, et la machine à décourager le travail.

 

Ah, j’ai beaucoup trop à me faire pardonner par les lecteurs !

 


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