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Commentaire de Sil

sur Il y a des gifles qui se perdent : le professeur et le droit de correction


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Sil Sil 2 février 2008 22:48

  LA LUTTE DES CLAQUES 

Sacrée loi des séries. Depuis quelques jours, j’ai carrément l’impression d’être dans un film de Bud Spencer et Terence Hill. Après les promesses sarkozyste qui claquent entre les doigts de ceux qui l’ont élu, la claque prise par les Marchés Financiers, celle ayant sonné la Société Générale, un Michel Rocard qui claque la porte de sa Commission « machin », voici qu’un enseignant, prenant exemple sur l’ancien ministre de l’éducation François Bayrou en campagne électorale, s’y met également.

Sans pour autant condamner cet enseignant dont je connais que trop bien les conditions de travail, rappelons que si en 1887 un règlement pris sous Jules Ferry précise « qu’il est absolument interdit d’infliger aucun châtiment corporel » c’est pour que cette facilité éducative cesse d’être une norme acceptable.

Car au-delà des idées, sans doute inspirées par l’angélisme rousseauiste sur la nature humaine, qui sont à l’origine de ce règlement, je me contenterai d’exprimer mon étonnement devant tout raisonnement qui considèrerait comme normal l’utilisation d’une violence sur un enfant que l’on se refuserait à appliquer sur un adulte. Je sais bien que les enfants, les femmes et les plus faibles en général, ça sert à se défouler mais quand même… faut pas pousser mémé dans les orties.

Si en général on réfléchit à deux fois, après avoir soupeser l’adversaire, avant de lui appliquer un soufflet, après « un connard » servi par celui-ci, je ne comprends pas l’absence de retenue quand il s’agit d’un enfant. C’est pas que je sois un farouche opposant, loin de là,  à la petite tape sur les fesses ou sur le museau comme le ferait une maman chat, voir au trait d’oreilles d’un chenapan qui refuserait d’entendre raison, mais je préfère quand même ne pas trouver cela « normal » ou allant de soi, et garder mon droit à la honte face à la défaite que constitue le fait d’en arriver à ces extrémités-là.

Car l’on ne me fera pas croire qu’un gamin faisant la moitié du poids d’un adulte et disposant du quart de ses aptitudes au langage, ne peut pas être mouché par la parole ou se voir sanctionner par une loi autre que celle du plus fort.

Cela étant dit, se pose une autre question à laquelle tous nos commentateurs se refusent. Qu’en est-il du gamin non plus de 6e mais plutôt de 4e ou de 3e, qui aussi costaud voir plus que ses professeurs masculins et surtout féminins, use consciemment de cet atout pour établir un rapport de forces à son avantage. Que fait-on des professeurs menacés, insultés, malmenés par ce genre de petits gaillards. Ces professeurs doivent-ils se laisser malmener, n’user que des ridicules outils scolaires de sanction face à ces gamins qui savent très bien qu’ils ont pris le dessus sans risquer grand-chose en retour, et qui en jouent auprès de leurs petits camarades, voir s’en servent pour établir sur ceux-ci un pouvoir absolu, aux dépens de l’Auctoritas des adultes…

Et oui, il est une chose de s’en prendre à plus faible, de prendre un souffre douleur pour défouloir et une autre de calmer les velléités de toute puissance ou de se défendre de petits caïds en cours de maturation.

Personnellement, à taille égale, face à un gamin qui se sent suffisamment en position de force pour insulter, menacer ou malmener son professeur devant un groupe d’élèves, je considère que le professeur doit être en droit  de répondre y compris par une bonne torgnole. Car une chose que l’on oublie souvent, c’est qu’à l’école, le professeur n’affronte pas que des individualités mais surtout des phénomènes de groupe. C’est qu’il a un banc de piranhas en face de lui, notre bon enseignant, une meute de vélociraptors qui l’observe et l’analyse en permanence, attendant la faille pour la transformer en crevasse. Souvenez-vous de tous ces professeurs que l’on a su, collectivement, rendre totalement chèvres et ce en des temps bien plus sereins…

Je me souviens de cette prof de math que des classes énervaient exprès parce qu’étant corpulente l’énervement la faisait transpirer énormément ce qui embaumait la pièce d’une âcre odeur de sueur. Odeur qui permettait à la classe suivante de débouler en chantant « Air Wick, une bonne claque aux mauvaises odeurs ». Comme quoi, les claques, on y revient toujours et quand ce ne sont pas les adultes, ce sont les gamins… le mythe de l’homme et l’enfant bons par nature prenant au passage une bonne grosse claque.

Le petit Sil de l’Aveyron

PS : tout cela étant dit, je vous remercie pour ce très intéressant et très salutaire article, cher monsieur Villach


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