Ce rapport souffre effectivement de schyzophrénie aigue : d’un côté il veut "libérer" l’économie et la croissance, de l’autre il ressemble à s’y méprendre à ce que pouvait faire le Gosplan à la grande époque de l’URSS. L’utopie mégalomane des "écopolis" me rappelle ce qu’ont pu faire nombre de dictateurs issus de pays gorgés de soleil en créant des villes de toute pièce (Brasilia, Yamoussoukro, Abuja, la future capitale birmane, etc.) On est quand même très loin d’Adam Smith !
Le chiffrage des effets attendus me laisse également pantois, même si je dois reconnaître qu’il s’agit d’un remarquable effort de pifométrie. Ma première réaction a été de me dire "tout ça pour ça" ! On veut créer des villes, investir massivement dans l’éducation, dérèglementer bon nombre de professions, ... pour 1 petit point de croissance en plus dans 5 ans ! Pour mémoire, cela reviendrait en gros à passer de 2% de croissance annuelle à 3%, ce qui reste très moyen. Cela appelle 3 remarques :
1. Ce rapport a-t-il vraiment repris les réformes les plus efficaces qui soient pour "libérer" la croissance ? On peut en douter, au vu de ses propres estimations.
2. Ce rapport traite-t-il vraiment des points de "blocage" essentiels ?
3. Si c’est le cas, les blocages en question ne sont finalement pas si coûteux que ça puisqu’en les supprimant, on ne gagnerait apparemment que quelques clopinettes.
Finalement, on s’aperçoit que le vers était dans le fruit : en voulant agir sur la croissance, ce rapport a fait fausse route dès le début. La croissance, de même que le pouvoir d’achat, ne peut pas se décréter, ni être "libérée" par de grandes politiques interventionnistes.