Steph écrit : « Qu’est-ce qui, à part le nationalisme, vous fait preferer la tutelle de la France à celle de l’Europe en devenir ? »
Le nationalisme est la « doctrine qui affirme la prééminence de l’intérêt de la nation par rapport aux intérêts des groupes, des classes, des individus qui la constituent. » ( Petit Larousse 2008 ) Je suis contre le nationalisme. Je suis anti-nationaliste.
Je ne préfère pas la tutelle de la France pour la simple raison que la tutelle de la France n’existe pas. La France est une démocratie. Les Français qui réussissent à recueillir 500 signatures de maires peuvent être candidats à la présidence de la République. Ils envoient leur programme présidentiel à tous les électeurs. Celui qui est élu président de la République applique son programme présidentiel (sauf en cas de cohabitation ) : cinq ans plus tard, si les électeurs sont satisfaits, ils le réélisent. Si les électeurs ne sont pas satisfaits, ils le remplacent.
De même, lors des élections législatives, les partis politiques envoient leur programme législatif à tous les électeurs. Le parti politique qui obtient le plus de députés applique son programme législatif : cinq ans plus tard, si les électeurs sont satisfaits, ils votent de nouveau pour les candidats de ce parti politique. Si les électeurs ne sont pas satisfaits, ils votent pour d’autres candidats.
Ce système est démocratique. Je ne subis pas la tutelle de la France.
Beubeuh écrit : « Le postulat de cet article est la distinction entre structures "nationales" et "supranationales" ».
Non. Le postulat de cet article est la distinction entre structures « populaires » et « suprapopulaires ». Mais comme le mot « suprapopulaire » n’existe pas, j’ai choisi le mot « supranational », qui ne veut pas dire tout à fait la même chose, mais qui existe.
Beubeuh écrit : « D’ailleurs vous faites beaucoup de raccourcis dans votre explication historique.Dire que l’histoire de France et l’histoire de l’Empire se séparent après Verdun est faux, tout simplement parce que dans les sources de l’époque, la France n’existe pas ! […] Quand au frontières que vous évoquez, elles sont toutes théoriques et ne correspondent pas à la notion de frontière de l’époque. »
« Le traité de Verdun (843) est à la fois le premier traité européen et un premier acte de naissance de la France. Il reconnaît l’existence de trois royaumes complètement indépendants. Attribuée à Charles le Chauve, la Francie occidentale s’étend à l’ouest d’une ligne qui suit très imparfaitement le cours de l’Escaut, de la Meuse, de la Saône et du Rhône : soit les « quatre rivières » qui constitueront jusqu’à la fin du Moyen Âge la frontière orientale du royaume de France. La Francie orientale, attribuée à Louis, s’étend à l’est du Rhin et au nord des Alpes : elle va constituer le royaume de Germanie. Le reste, la Francie médiane et l’Italie, soit une longue bande qui s’étire de la mer du Nord au sud de Rome, va à Lothaire, qui conserve le titre impérial. Cette part de Lothaire est très vite vouée à la division - Lothaire lui-même en fait trois royaumes pour ses fils - et aux ambitions de ses voisins des deux Francies. Quant au titre impérial, il ne reste pas longtemps fixé dans la descendance de Lothaire. S’en empare le prince carolingien qui jouit du plus grand prestige auprès des grands et surtout auprès de l’Eglise et de la papauté, restées garantes de l’unité chrétienne. C’est le cas de Charles le Chauve, qui a réussi à unifier son royaume malgré la résistance des Aquitains, à organiser une première défense contre les Vikings et à s’emparer de la partie septentrionale de l’héritage de Lothaire, en Francie médiane. Charles le Chauve porte la couronne impériale de 875 à 877. Elle passe ensuite à un fils de Louis de Germanie, Charles le Gros (881-888). Désormais, l’histoire de la France et l’histoire de l’Empire seront disjointes. »
J’ai donc le choix entre l’analyse de beubeuh et l’analyse d’Elisabeth Carpentier. Je choisis l’analyse d’Elisabeth Carpentier.
Beubeuh écrit : « Avancer comme argument que l’hétérogén&e acute ;ité linguistique de l’Europe causera sa perte, par exemple, fait fi du fait que des pays comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce...ne sont toujours pas unifiés linguistiquement. »
Je n’ai jamais avancé comme argument que l’hétérogénéité linguistique de l’Europe causerait sa perte. J’ai rappelé que l’Union européenne avait une superficie de 4 376 000 km², 494 000 000 d’habitants, 27 nations, 23 langues officielles, et 3 alphabets (latin, cyrillique, grec). J’ai ensuite fait cette hypothèse en reprenant l’expression d’Elisabeth Carpentier : comme l’Empire de Charlemagne, l’Union européenne est « un agglomérat de peuples voué à l’éclatement ».
Beubeuh écrit : « 1) Sans l’Europe, plus d’agriculture en France. Celle-ci survit grâce à la PAC. La libéralisation du marché agricole date de Napoléon III.
2) Si on revient au Franc, celui-ci ne vaudrait plus rien, dévoré par une inflation galopante. L’Euro, adossé à la puissance du mark, a été fondé sur des bases bien plus stables.
3) Au niveau industriel, l’Europe c’est aussi Airbus, c’est à dire une des industries qui marche le mieux en France. C’est aussi le TGV vendu à l’Espagne et à l’Italie, qui se sont développées économiquement grâce aux fonds structurels Européens. C’est le secteur automobile français qui peut s’exporter sans frein partout en Europe.
4) Sans l’Europe, plus de recherche en France, une fuite des cerveaux encore pire que celle que nous connaissons (le Programme-Cadre pour la recherche est un énorme succès dont on ne parle jamais). »
L’Union européenne ou le néant !
Avant l’Union européenne, la France n’existait pas ? Elle n’était pas vivante ? Elle n’était pas grande ? Elle n’était pas rayonnante ?
Et après l’Union européenne, la France mourra ? Hypothèse : nous verrons ça dans quelques années.