Coup de blues passager au comptoir
Le Marcel, depuis le début de l’année, il n’est plus guère à son affaire.
Avant, dès pochetron-minet, il venait siroter son petit café-gitane au comptoir de l’Angélus de Béziers, le Marcel.
Peu avant midi, il repassait pour l’anisette-gitane-quarté-quinté et quinte de toux.
Vers 16 heures, de retour de pétanque, le Marcel s’installait au fond de la salle avec ses compères Momo, le Guy, Dédé la Ficelle et Filoche pour la partie de quinte flush et quinte de toux.
“Un régulier comme celui-là, c’est une espèce de gosier en voie d’extinction”, dit de lui Bébert, le patron de l’Angélus.
Mais, le Bébert, il n’est pas bien non plus, plus trop à son affaire. Quelque chose le tracasse et, depuis quelques jours, il est comme noyé dans ses pensées.
Pourtant, depuis le 2 janvier, le client ne se fait pas plus rare au bar, mais comme il dit, je ne retrouve plus toutes mes ouailles. D’ailleurs, Bébert, il ne fait que d’astiquer la même tasse à café avec son torchon qui sent le vinaigre, c’est dire...
Hier, Bébert croit bien avoir vu passer le Marcel au coin de l’Angelus, les yeux qui lisaient les nouvelles du bitume, la gitane au coin du bec, pas même un regard en direction de son zinc favori.
Bébert dit qu’il fait un peu la gueule, le Marcel. Peut-être même qu’il déprime en cachette. “Qu’est-ce que je lui ai fait moi au Marcel, c’est quand même pas de ma faute si sa Gitane s’est fait la malle avec ce M. Evin !” clame-t-il à qui veut l’entendre.
Momo et les autres ont bien tenté de le ramener à la raison, mais rien n’y fait, il ne veut pas, il ne veut plus. “L’Angelus a cessé de sonner”, comme dit Momo.
Alors aujourd’hui, à la demande de Bébert, Filoche a décrété “réunion de chantier !”
En fin d’après-midi, les compères se sont réunis autour d’une petite fine pour affaires, délaissant pour une fois la sacro-sainte partie de quinte.
Bébert a alors empoigné le catalogue des Pages jaunes et, une fois n’est pas coutume, l’homme tranquille est sorti de derrière son comptoir pour s’attabler avec ses habitués.
L’affaire est sérieuse. Bébert y réfléchit depuis un bon moment, mais aujourd’hui c’est décidé, l’Angélus va entrer dans la modernité.
“Vu à la télé chez Jean-Pierre Pernod !”, se marre Momo, en levant son verre, tandis que Filoche tourne les pages jaunies de l’annuaire.
Oui, mais comment trouver cet appareil de chauffage radiant installable en terrasse, vu au journal de TF1 ?
C’est JPP de la télé qui le dit “Ce système de chauffage a permis aux cafetiers de limiter l’évasion de clientèle et les fumeurs ont vraiment apprécié qu’on fasse des efforts pour continuer à les accueillir”.
Bébert qui est plutôt du genre franc du collier le reconnaît lui-même. “Dire au micro qu’on a perdu 50 % de clientèle, c’est quand même de la fumisterie”.
D’ailleurs, Bébert, il n’y voit que des avantages à cette interdiction. De toute façon, plus personne ne moufte maintenant et tous les clients le disent : C’est mieux ainsi, l’air des montagnes est de retour et les enfants reprennent goût au chocolat chaud.
Après tout “un fumeur de perdu, dix ans de retrouvé”, dit le nouvel adage.
Mais, Marcel, ce n’est pas n’importe quel fumeur
06/05 20:39 - COVADONGA722
07/03 19:40 - rocla (haddock)
Rigolo de relire ton zartique Sandro . Un plaisir . Salut à toi .
17/06 16:26 - SANDRO
@ Annalise : A défaut de chips, je suis content d’avoir fait remonter une madeleine dans (...)
17/06 16:05 - Annalise
ll est bath, cet article Sando, tout y est sauf les émotions d’enfant, tu les as mises (...)
12/02 09:46 - SANDRO
Damned.. Any confidential information for me ? Are you just kidding ?
12/02 00:13 - Yohan
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération