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Commentaire de Guillaume Narvic

sur Menace sur la presse française


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Guillaume Narvic Guillaume Narvic 12 février 2008 16:59

 Vous portez au pinacle le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), qui est, en effet, à l’origine de l’organisation de la presse écrite française, mais vous en faites un idéal nostalgique qui, en réalité n’a jamais existé.

- La presse a des problèmes d’indépendance vis à vis des pouvoirs économiques et politiques depuis toujours (il me semble que l’on s’en plaignait pas mal sous De Gaulle, par exemple. Il y a eu aussi le "cas Hersant", qui n’est pas d’hier non plus), et elle n’est jamais parvenue à mettre en place un système de régulation satisfaisant (voir par exemple la troisième partie du dernier livre d’Elizabeth Lévy et Philippe Cohen, "Notre métier a mal tourné").

- sur de nombreux aspects, le système d’organisation de la presse mis en place à la Libération était fondamentalement vicié (comme le souligne assez bien Emmanuel Scwhartzenberg dans son livre "Spéciale dernière") :

Permettez que je me cite smiley

"Le tableau dressé par Schwartzenberg de l’état actuel de la presse quotidienne nationale française est apocalyptique, mais convaincant. Le "système profondément vicié" mis en place à la Libération s’est révélé être une véritable "machine infernale".

Sous-capitalisation initiale des entreprises de presse, rôle exorbitant accordé au Syndicat du livre, réseau de distribution foncièrement inefficace et coûteux, dysfonctionnements structurels de la mesure de la diffusion comme celle de l’audience, pratiques douteuses dans le domaine de l’achat du papier, du marketing ou encore de la vente des espaces publicitaires... Toute l’organisation de la filière conduit la presse quotidienne française à un faible niveau de diffusion, en raison d’un prix élevé et d’une mauvaise distribution.

Elle se trouve en situation de faiblesse permanente vis-à-vis du Syndicat du livre, des imprimeurs, comme des annonceurs publicitaires, et aussi de l’Etat, appelé régulièrement à la rescousse pour colmater un vaisseau qui fait eaux de toutes parts, par la mise en place d’un système d’aides publiques à la presse aussi opaque qu’absurde et inefficace.

Le résultat est clair : aujourd’hui "il n’y a pas un seul quotidien national généraliste qui ne soit pas en déficit". Pas un seul !"

Ce que l’on constate aujourd’hui n’est pas un plan d’attaque concerté pour mettre à terre la presse française comme vous le dites. A terre, la presse écrite l’est déjà, et le "programme du CNR" en est largement responsable. C’est plutôt un vol de charognards qui s’abat sur une bête agonisante, pour tenter d’emporter les meilleurs morceaux.

L’enjeu n’est plus là aujourd’hui. Vous vous trompez de cible et de débat. Toute l’économie de la diffusion de l’information (et pas la seule situation des quotidiens de presse écrite) est en bouleversement total actuellement, notamment en raison de la numérisation globale de l’information (le texte, comme le son et l’image). De nouveaux modes de diffusion de l’information apparaissent, et les usages d’information par le public changent également. Il ne s’agit pas de restaurer le programme du CNR, qui part en guenilles, mais d’en inventer un autre qui corresponde à une situation nouvelle.

 

 


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