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Commentaire de skirlet

sur Langue, culture et étude des langues


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skirlet (---.---.212.58) 20 septembre 2006 19:41

« OK, on fait un deal ? Je laisse tomber la psychanalyse à deux balles et vous les questions à deux balles... »

C’est quoi déjà ?.. Ca y est, j’ai consulté mon dico. D’accord, marché conclu. C’est juste que je reste très intriguée par ce phénomène linguistique sans pareil que vous décrivez plus haut ; sinon je ne cherche nullement de percer à jour votre identité ni celle de votre copine.

« On a pas la même définition de l’immersion totale. »

Si, si smiley C’est la même. J’ai des exemples tout plein. Comme cet Espagnol qui est en France depuis des lustres et ne vit pas dans une communauté hispanophone fermée. Il imagine qu’il parle français, mais il est difficile à comprendre. Déjà, quand il vient à la mairie et dit « Yo soy frances », ça commence bien smiley Ou une Russe qui vit en France depuis 18 ans environ, elle a fait ici ses études universitaires et soutenu sa thèse l’an dernier, c’est dire que ce n’est pas un démeurée smiley Pareil - pas de communauté russophone fermée. Et avec tout ça, elle ne lit même pas des polars pour se détendre - pour elle, lire en français reste un effort et non un loisir. Et il y en a tellement...

« En fait les Russes que je connais ont essentiellement moins de 35/40 ans et se sont ouverts au monde après la chute du communisme »

Vous les rencontrez où ?

« Vous avez l’air de dire qu’il faut commencer tôt pour atteindre ce niveau. »

Oui et non. Oui, il faut commencer tôt, à la naissance si possible, et n’apprendre que la langue étrangère pour avoir le niveau du natif smiley) Non, parce qu’il y a plusieurs « mais ». Comment choisir cette langue commencée tôt ? Dans les familles mixtes, le choix est déterminé par les origines ethniques des parents (et là encore, la situation n’est pas du tout rose, j’ai de nombreux témoignages). Mais quid d’un couple des Français de souche vivant en France ? Autre chose : la situation dans les pays nordiques n’est pas si reluisante. Voilà ce que dit le rapport Lintas :

« Évidemment, l.idée que « tout le monde parle anglais » et que, par conséquent, il suffit d.employer cette langue pour être compris sur Internet, est complètement erronée. Bien que certaines études révèlent que, par exemple, « 77 % des Danois adultes et 75 % des Suédois [...] se disent capables de converser en anglais » ou que « près du tiers des citoyens des 13 pays »non anglophones«  de l.Union européenne »parlent suffisamment bien l’anglais pour soutenir une conversation" », la réalité est bien différente. Richard Parker, dans Mixed Signals : The Prospects for Global Television News, l.a bien montré en rapportant les résultats d’une étude commandée par Lintas, un important acheteur d’espace publicitaire, dans les années 1990 :

Dernièrement, des chercheurs du domaine de la publicité ont évalué la connaissance « perçue » et la connaissance « réelle » de la langue anglaise de 4 500 Européens et ont obtenu des résultats décourageants. Ils ont d’abord demandé aux personnes interrogées d’évaluer leur connaissance de l’anglais, puis de traduire une liste d’expressions ou de phrases anglaises. Les résultats de l’étude, aux dires mêmes des chercheurs, « portent à réfléchir » : « Il est ressorti que le nombre de personnes vraiment aptes à écouter la télé en anglais était plus de la moitié inférieur au nombre escompté. » L’étude a en outre montré que dans des pays comme la France, l’Espagne et l’Italie, moins de 3 % des gens maîtrisaient véritablement l’anglais ; ce n’est que dans les petits marchés, comme en Scandinavie ou aux Pays-Bas, que le pourcentage franchissait la barre des 10 %. Dunlap (1999) confirme : Il suffirait d’un simple voyage à l’étranger pour corriger la myopie [des Américains] : forcés de parler aux « gens de la place » (et non pas à des collègues de travail), ils se rendraient compte, à leur grand étonnement, que la plupart des Européens ont pratiquement tout oublié de leurs cours d’anglais du lycée. Même à Stockholm, j’ai demandé des renseignements à des gens dans la rue, qui m’ont répondu en suédois qu’ils ne parlaient pas anglais. Même chose à Amsterdam : j’ai téléphoné au bureau d’impôt de la ville par affaires (mon entreprise étant enregistrée à Amsterdam), mais le personnel ne parlait que néerlandais (et s’attendait à ce que je le parle également). Pas un mot d’anglais."

Le lien : http://www.cslf.gouv.qc.ca/publications/PubF167/F167.pdf

A noter que depuis, on ne refait pas détudes sérieuses, en nous nourrissant des bêtes sondages d’Eurobaromètre...

Malgré l’apprentissage précoce, les Nordiques n’arrivent pas au niveau des natifs, mais soufrent de cette situation (la disparition progressive du vocabulaire scientifique, de plus en plus d’anglicismes dans leurs langues).

«  »Tout le monde parle de la langue, mais personne ne fait rien. Il faut bien entendu défendre la langue suédoise, mais contre quoi ? Le véritable danger ne vient pas des banlieues défavorisées, mais des universités, des entreprises et des ministères." Cet avertissement du quotidien suédois Dagens Nyheter souligne que « si la langue nous donne la possibilité de communiquer sur un plan individuel, elle nous oblige à respecter des règles de communication collective ».

En effet, « pourquoi un chercheur à l’université doit-il mettre en exergue ses théories dans une langue qu’il ne maîtrise pas [en l’occurrence l’anglais] plutôt que rédiger dans sa langue maternelle, puis avoir recours à un traducteur professionnel ? Pourquoi, dans les établissements dispensant des programmes scolaires internationaux, les instituteurs sont-ils obligés d’enseigner en utilisant un anglais médiocre ? » se demande l’éditorialiste.

Encore faut-il maîtriser la langue anglaise, remarque le quotidien norvégien Aftenposten, commentant un rapport universitaire récemment publié qui montre que l’apprentissage des langues étrangères, et surtout de l’anglais, représente un obstacle significatif pour les Norvégiens. « Pour un pays qui aime à se vanter de ses connaissances linguistiques, cette information a fait l’effet d’une douche froide », s’exclame l’éditorialiste.

Kristine Bergström"

En plus, les Français ne sont pas si minables que ça.

« Juin 2005. C’est officiel, les Français n’ont pas à rougir de leur niveau d’anglais ! Souvent critiqués en Europe et dans le reste du monde pour leur faible niveau en langue, une nouvelle étude de ETS Europe - France montre que les français ont en moyenne un niveau d’anglais plus élevé que plusieurs de leurs compatriotes en Europe et dans reste du monde. Ce résultat est le fruit d’une étude qui compare le niveau d’anglais de 2 098 678 candidats évalués par le test TOEIC (Test of English for International Communication) dans environ 30 pays du monde, y compris 6 pays européens. »

Les Français se classent 6èmes smiley

http://www.studyrama.com/article.php3?id_article=13508

A suivre, sinon mon message sera vraiment très long smiley


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