@ Bipdan.
Je suis heureuse de lire votre témoignage.
En effet, des gosses dépressifs à 5 ans et demi (le plus jeune que je connaisse), ça existe.
Les petites pilules ou gélules du bonheur, ça évite de se poser des questions douloureuses.
Chez les "pauvres" - j’ironise, bien sûr...-, ça passe par parents chômeurs, puis accessoirement alcoolos ou toxicos, on vous colle une assistante sociale sur le paletot, plus une assistante familiale du style "dame patronesse" qui roule en Mercedes et se distrait avec "ses pauvres", qui rapportera que les gosses étaient encore en pyjama, mercredi à 11 heures, ce qui est "profondément déstructurant"... A ce compte là, ça fait longtemps qu’on m’aurait retiré mes trois gosses, dont l’aîné, normalien, a passé de nombreux mercredis et même des week-ends en pyjama. Que le môme déprime après avoir vu ses parents paniquer, sombrer, et pour finir se retrouver dévalorisés sur le plan social ET familial, ça étonne quelqu’un ? E pourtant, c’est le gosse qu’on assomme pour qu’il "se calme" !
Pendant ce temps, le mec qui a délocalisé pour faire plus de bénéfices alors qu’il faisait déjà des bénéfices, et mis les parents au désespoir, on s’en occupe pas.
Chez les classes moyennes on a deux options : la famille monoparentale avec la mère faiblarde et geignarde pas foutue de se faire respecter : dans ce cas, pas de soucis... On traite la mère et les enfants, d’autant qu’ils ont une bonne mutuelle : on voit pas pourquoi on se priverait.
Il y a aussi la famille qui a un complexe d’infériorité : ils ont des thunes mais ils le doivent à papa, à maman, ou parfois seulement à leur astuce ou à leurs mains... C’ est mal vu. Il en faut un dans la famille qui fasse des étincelles dans un domaine encore inexploré : études, arts, sports, littérature... Et vas-y que je te colle une pression monstrueuse sur le gamin qui se retrouve à 5 ans avec un emploi du temps de ministre. Maman pleure quand il n’est pas premier au conservatoire, papa le boude quand il n’a pas ratatiné son adversaire sportif, la (le) prof n’est qu’un nul s’il ne sait pas débusquer l’étincelle de génie qui couve chez l’enfant...Il craque ? "Non, vraiment Docteur, on ne sait plus que faire ! Il a tout, TOUT !" . Pas de panique : quelques gélules..
Les classes supérieures supportent mieux la dépression de leurs rejetons. D’abords, ce n’est pas une honte, c’est presque un rituel de passage. On peut payer une armée de psys, éloigner la marmaille dans un internat deluxe, et au pire, s’il s’en met plein le pif, quelle que soit la substance, il n’est pas obligé d’arracher le sac des vieilles dames pour s’en procurer. C’est la dépression chic et romantique , celle qui booste la créativité, car nul doute que le fruit de vos cafards sera publié, exposé, édité... Il est certes plus facile de valoriser vos idées noires et vos désintox successives en tant que fils ou fille de... qu’en tant que SDF cinquantenaire dans un carton sous le périph’...
Et puis c’est connu : les gens riches travaillent beaucoup ! Nous n’avons aucune idée, nous, pauvres cloportes, de leurs responsabilités, de leurs obligations... Comme, par exemple, essayer de gagner plus en mettant au chômage une famille entière, qui sombrera, et dont les enfants... etc
Mais heureusement, on pourra prescrire du Prozac dès huit ans !