Tout à fait d’accord avec cet article. A cet égard, voilà ce que j’écrivais hier sur un autre blog :
Devant la levée de boucliers justifiée qu’a provoquée, notamment chez les juifs, les pédopsychiatres ou les historiens, la proposition de Sarkozy sur la mémoire de la Shoah, sa directrice de cabinet Emmanuelle Mignon monte aujour’hui au créneau dans le JDD pour en modifier sensiblement le contenu et désamorcer la polémique. Il ne serait plus question de faire porter le poids d’un enfant juif exterminé à chaque gamin de 10 ans, mais à l’ensemble d’une classe. En l’occurrence, le bon sens a parlé, et il était temps avant que la polémique ne prenne des proportions plus grandes encore. Mais en annonçant cela, Emmanuelle Mignon a parlé pour ne rien dire de plus que ce qui se fait déjà, sous des formes variées, dans de très nombreuses écoles où la pédagogie des enseignants s’appuie précisément sur l’identification à un disparu ou à une famille de déportés. Une nouvelle fois Sarkozy s’est exprimé sans avoir pris la pleine mesure de ses propos et se voit contraint d’effectuer l’un de ces rétro-pédalages dont il devient coutumier. Un simple rappel devant le CRIJF de la nécessité d’entretenir dans l’enseignement des jeunes Français la mémoire des victimes de la barbarie eût été suffisant.
D’autre part, je ne peux m’empêcher de penser que cet enseignement de la barbarie (qu’elle soit génocidaire ou non) ne doit pas s’appuyer sur le seul peuple juif. Prenons les cas de Nantes ou de Bordeaux : ces villes portent encore le poids des trafics négriers qui ont contribué à leur développement et à leur richesse. Pourquoi ne pas admettre qu’en ces lieux, l’enseignement des horreurs de la barbarie s’appuie sur les traitements ignobles infligés aux Africains par des marchands esclavagistes sans scrupules ?
Enfin, je crains vraiment des débordements dans certaines écoles à forte majorité maghrébine où l’instrumentalisation par des intégristes communautaires est hélas présente ; il suffit à cet égard de voir, ici et là, les violentes contestations de l’enseignement des sciences ou du fait religieux pour nourrir les craintes les plus vives. C’est pourquoi je dis oui à l’enseignement de la barbarie (et en premier lieu de la Shoah), mais en laissant à chaque enseignant la liberté de sa méthode et le choix des évènements les plus à même d’atteindre la conscience de leurs élèves.