"Tout d’abord, éliminons immediatement la reconnaissance des contenus, car a moins d’interdire l’usage d’internet pour copier un fichier pour soi-même (copier son mp3 ou son avi sur un espace de stockage délocalisé pour en disposer en tout lieu) ce n’est pas par ce moyen qu’on va pouvoir, sans inversion de la preuve, attraper les vilains copieurs. "
Sauf erreur de ma part, c’est déjà le cas pour un bon nombre de médias. L’achat d’une copie ne vous donne absolument pas le droit d’en faire d’autres. L’exception française (copie à usage privé) est déjà (ou est en passe d’être) remise en cause. Et soit dit en passant, on ne peut parler de "son" mp3 ou de "son" avi, sauf si les fichiers encodés dans ces formats contiennent vos films de vacance ou vos enregistrements quand vous chantiez sous la douche.
Le vrai problème soulevé par notre cher M. O et sa commission de comiques troupiers, c’est que les mesures proposées aboutissent à une pénalisation des pratiques sans passage devant la justice, à un renversement de la preuve (devant la disproportion des moyens des différentes parties, ce n’est pas Mme trucmuche qui va pouvoir saisir le tribunal administratif pour prouver son bon droit quand le FAI ou l’ayant droit peut décider comme un grand tout seul de sanctionner), à une utilisation plus que douteuse des données (depuis quand une partie privée peut s’arroger le droit de disposer de mes données personnelles, sans contrôle, juste parce que l’envie l’en prend), etc. ad nauseam.
Et le pire dans cette histoire, c’est que la mise en place des mesures iniques proposées n’aboutira pas à la protection ainsi qu’à une meilleure rémunération des auteurs des oeuvres, mais bien à l’échec du maintien des bénéfices des diffuseurs/producteurs de ces oeuvres, que l’on regroupe sous le terme désormais péjoratif de "majors". Ces fameuses majors qui n’ont pas su/voulu s’adapter aux mutations technologiques, et qui face au défi que représentent ces évolutions se réfugient dans le lobying à tout crin, la répression, et bien entendu la taxation en tout points de la chaîne : projets de taxation des AI (non pour intelligence artificielle, mais pour accès internet ^^), des supports de conservation des données (depuis le disque dur en passant par les cartes mémoires, les DVD/CD/BR vierges...), des outils de lecture des médias (téléphones portables, HD/DVD, DVD, BRD, smartphones, j’en passe et des meilleurs)...
Nous passerons également sous silence les menues difficultés techniques soulevées par O et compagnie, comme par exemple l’impossibilité pour un particulier non geek de sécuriser son AI (comme la loi lui en fait pourtant obligation, et je voudrais bien qu’on m’explique comment M. tout le monde va sécuriser son wifi, ses clefs wep, configurer ses adresses MAC...), l’impossibilité de prouver que le détenteur de la ligne (celle qu’on va couper) est bien celui qui s’est rendu coupable d’une faute, l’impossibilité pour le moment (là je suis plus optimiste) de ne pas faire des offres triple play des triples peines (et oui, vous êtes en dégroupage total, vous avez une offre triple play, la téléphonie en voip, on vous coupe internet, vous n’avez plus ni téléphone ni la télévision), l’impossibilité en l’état de notifier un vilain contrevenant de ce qu’il aura bientôt à répondre de ses vilénies (non sans rire, qui utilise et consulte la boîte au lettre mail fournie par le FAI ?)... ad nauseam, de nouveau.
Passons également sur le fait que contrairement aux études soit-disant avancées par les majors, toutes les études indépendantes ont dans le meilleur des cas démontré qu’il n’y avait pas de lien entre piratage/échanges divers via le net et les bénéfices des majors, quand elles ne démontraient pas précisément le contraire ! C’est-à-dire des ventes d’autant plus importantes que les oeuvres circulaient.
Enfin pour conclure, qu’il me soit permis de m’indigner du fait que ceux là même qui s’érigent en preux défenseurs des ayant droits nous abreuvent de publicité pour des accès au net toujours plus rapides à la bande passante toujours plus étendue (parce que bon, surfer ou consulter ses mails, c’est loin de nécessiter 100Mbts en download et 10 en upload), pour des supports de stockage toujours plus importants (le jour où vous réussirez à gaver un disque dur de 1 To avec vos photos de vacance, vous m’appelez, idem avec un DVD vierge pour sauvegarder vos documents word), pour des outils de copie et de vissionnage toujours plus performants... Dans le même temps, ils ne font pas même l’effort de mettre à disposition des oeuvres plus confidentielles, non distribuées dans les grandes surfaces/McDonald de la culture comme la F..C, accessibles uniquement sur commande dans des délais et des tarifs prohibitifs (quand elles ne sont pas tout bonnement non disponible, quoi qu’il arrive). Rappelons qu’en France, un CD de musique est quasiment deux fois plus cher que le même CD aux US. Que l’ensemble des médias numériques coûtent en moyenne la même chose en euros et en dollars (cela nous fait jamais que 50% de plus, mais c’est bien connu que le pouvoir d’achat français est 50% supérieur au pouvoir d’achat américain)...
Ces groupes d’intérêts, dont la finalité devrait être en partie de favoriser la richesse et la qualité des productions artisitiques, ne font que nuire à la fois aux artistes, aux amateurs d’art, aux consommateurs. Les seuls bénéficaires dans l’histoire sont les gros actionnaires des majors, et encore uniquement à court terme. A long terme, les majors creusent elles-mêmes leur sépulture avec un enthousiasme qui me réjouirait s’il n’était pas tant liberticide et nauséabond.
Cordialement