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Commentaire de Véronique Anger-de Friberg

sur Le sale con de l'agriculture


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Véronique Anger-de Friberg Véronique Anger-de Friberg 25 février 2008 15:40

Cette anecdote est croustillante et témoigne d’une autre époque ! Une autre dimension... De Gaulle était charismatique et avait « une certaine idée de la France ». Il se sentait investi d’une mission, qui passait avant sa petite personne et ça, ça change tout.
A mon sens, plusieurs choses sont choquantes dans l’altercation entre le président et le paysan. En premier lieu : le fait qu’un citoyen soit à ce point réfractaire au dialogue qu’il s’autorise à insulter le président sous prétexte qu’il ne partage pas ses convictions ou le déteste. La fonction de président de la République devrait inciter, me semble-t-il, à une certaine retenue et, au minimum, au respect de la fonction d’un individu élu démocratiquement.
En second lieu, qu’un président s’abaisse en réponse à une provocation (car il s’agissait bien de provocation : que faisait ce paysan sur le chemin de Sarko, l’attendant à sa descente de bagnole s’il craignait tant qu’il lui serre la main et de ce fait « le salisse » ?) à insulter un citoyen -aussi impoli soit-il- n’est pas digne de sa fonction.
Je ne pense pas être seule à penser que les puissants et les leaders d’opinion, c’est-à-dire tous ceux qui ont droit à la parole (politiques, stars du sport, vedettes de la musique ou du cinéma, élite intellectuelle, les fameux « peoples »…) ont une responsabilité. Toute médaille a son revers et on ne peut pas prendre seulement les bons côtés et se moquer du reste. « Moi, je suis un people et je dis et fais ce que je veux… » ? Et bien non, je pense que les « élites » ont une telle influence sur les foules qu’ils ont, à ce titre, une responsabilité et un devoir d’exemplarité.
Pour beaucoup de jeunes en effet -et même de moins jeunes- ils sont un modèle à suivre, quoi qu’ils fassent. Quand Zidane répond à la provocation par un coup de boule, quand Sarko répond à la provocation en se mettant au niveau de son agresseur et l’insulte à son tour, chacun d’eux légitime la violence et la bêtise. Et après eux, se référant à leur comportement -si « humain » (je dirais plutôt si « bête »)- des milliers de gens justifieront à leur tour leur violence « par imitation ».
Dans une société « déresponsabilisée » –pour ne pas dire infantilisée- comme tend à le devenir de plus en plus la société française, ce type de comportement ne fait qu’encourager et, pire encore, légitimer l’intolérance et le mépris de l’autre, de celui qui appartient à un groupe social différent, vit, pense ou vote différemment. Il y aurait donc ceux qui pensent comme nous et sont donc intelligents et dignes de respect et les autres, ceux qui méritent un bon coup de boule ou une insulte parce que le dialogue constructif est devenu impossible entre personnes de milieux sociaux ou de groupes de pensée opposés ? Affligeant.


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