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Commentaire de beubeuh

sur Retour au Moyen Âge


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beubeuh 26 février 2008 14:48

Un grand nombre des exemples que vous donnez sont impropres. Les Empires Romains, Carolingiens, Germanique etc. ne sont en aucun cas des constructions supranationales, au sens où ils ne sont sont pas construit au-dessus des nations.

Les entités étatiques existant avant l’empire Romain, par exemple, n’étaient pas des nations mais des royaumes ou des cités-Etat. Il n’y avait pas de nation gauloise par exemple, ni de nation Egyptienne, mais des Etats gaulois plus ou moins bien structurés, et des rois d’Egypte qui étaient d’origine macédonienne et parlaient la koinè grecque. Les deux seuls peuples ayant une forte identité commune étaient l’ethnos des Grecs (qui n’ont jamais été unifié que par des invasions étrangères) et les Hébreux (qui ont fortement résisté à l’assimilation à un monde romanisé). Les Empires médiévaux résultent soient de la dominatoin d’un royaume sur les autres, soit de l’établissement d’une pyramide de liens de fidélité que l’on appelle la société féodale. Mais je vous met au défi de me dire de quelles nations, ou même de quels peuples, se compose l’Empire Plantagenêt, par exemple.

L’Empire Napoléonien et le IIIe Reich sont peut-être des constructions supranationales, mais il s’agit de la domination d’une nation sur les autres, ce qui n’est pas la même chose que l’UE, vous en conviendrez.

Reste l’exemple de l’Empire d’Autriche-Hongrie, qui est un cas d’école. Au départ, il s’agit de l’Empire des Hohenzollern, mais la naissance des nations en son sein l’oblige à se réformer pour devenir l’Empire d’Autriche-Hongrie (les deux nations prédominantes), puis l’émergence de nombreux nationalismes fini par le miner de l’intérieur et il est démentelé en 1918, après sa défaite militaire. Il ne s’agit donc pas d’une construction supranationale qui s’effondre, mais plutôt d’une entité impériale à caractère dynastique qui éclate sous la pression de nouvelles structures émergentes : les nations.

Il y a donc 3 exemples que j’accepte dans votre argumentation : l’URSS, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie. C’est-à-dire 3 exemples du 20e siècle, qui ont tous les trois éclaté au même moment, alors que s’effondrait le modèle social dans lequel ils étaient enférrés depuis des dizaines d’années.

En fait, la comparaison historique la plus pertinente avec l’UE est probablement la Confédération Germanique, au XIXe siècle. Je vous suggère d’étudier la question, je pense que vous y trouverez amplement matière pour votre réflexion.

Pour revenir sur notre débat sur l’origine de la France, il ne s’agit pas de dire que vos références historiques ne sont pas bonnes, mais que vous ne l’interprétez pas correctement. 843 est l’acte de naissance de la France au sens ou c’est le point de départ d’une lente gestation qui s’étale sur plus de 900 ans. Mais en 843, je le maintiens, la France n’existe pas encore. Ce qui existe, c’est ce qui, plus tard, va devenir la France, c’est-à-dire les germes d’une structure étatique disposant d’une légitimité "historique" qui va lui permettre de construire la nation.

Enfin je voudrais revenir là-dessus : "L’Union européenne ou le néant ! Avant l’Union européenne, la France n’existait pas ? Elle n’était pas vivante ? Elle n’était pas grande ? Elle n’était pas rayonnante ? Et après l’Union européenne, la France mourra ? Hypothèse : nous verrons ça dans quelques années". Peut-être que la France était grande. Mais depuis, elle a perdu son empire colonial, sa langue a perdu une grande partie de son influence, elle doit sa propre indépendance à d’autres pays, sa démographie s’est tassée, son taux de croissance est 5 fois inférieur à celui des économies en développement, etc...

Ce que je veux dire, c’est que je crois pas plus que vous que les "structures supranationales" sont internelles, tout simplement parce que rien n’est éternel. La France n’est pas éternelle, et de cela même de Gaulle en convenait. Par contre ma conviction est que sans l’Europe la France n’a pas d’avenir.

Alors quand vous dîtes que l’Union Européenne s’effondrera, je réponds que c’est probable mais pas souhaitable. En tout cas nul ne peut dire quand, ni si l’Union Européenne s’effrondrera avant la France, pays que je considère comme étant à la merci d’une crise sociale majeure. Et en ce qui me concerne, je serais dans le camp de ceux qui voudront la faire perdurer le plus longtemps possible.

Voila pour l’argumentation historique. Sur la forme démocratique de l’Union, vous dénoncez les pouvoirs soi-disant exhorbitants de la Commission. Je vous rappelle que si elle n’est pas élue, c’est justement parce qu’elle est une émanation des Etats-membres (les nations), et non directement des peuples européens, contrairement au Parlement Européen, qui est la vraie entité supra-nationale. Quand a son monopole de la proposition, il concerne seulement le premier pilier (sur 3) du droit communautaire, et ces propositions doivent ratifiées par le Parlement, qui lui est élu au suffrage universel direct.


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