DEUXIÈME PARTIE
Les contributions de Cuba aux organismes multilatéraux ont été aussi victimes de cette traque maladive. Au cours du premier semestre de 2006, elle n’a pas pu verser ses quotes-parts à deux organismes internationaux installés à Genève : l’Union internationale des télécommunications (UIT) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), parce que l’Union des banques suisses (UBS), qui gère les comptes de ces deux organisations, refuse les virements depuis Cuba.
De même, plusieurs fonctionnaires cubains travaillant dans des organismes internationaux ont reçu des avis leur demandant de clore leurs comptes en dollars sous menace de mise sous séquestre : c’est le cas, entre autres, des fonctionnaires engagés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), le Programme mondial des aliments (PMA), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Ces actions des banques contre des Cubains engagés à titre de fonctionnaires internationaux découlent de la Procédure concernant l’application des sanctions économiques aux institutions bancaires, annoncée publiquement par l’OFAC début 2006. Les Etats-Unis punissent aussi, par conséquent, les organismes internationaux et leurs personnels, au mépris absolu, une fois de plus, du multilatéralisme qui est de règle aux Nations Unies.
Dans un rapport envoyé au Congrès, l’OFAC précise que le montant des biens cubains mis sous séquestre en 2005 dans des banques étasuniennes, dans le cadre du blocus, s’est monté à 268 300 000 dollars.
Mais le prétendu « embargo bilatéral » est aussi extraterritorial dans d’autres domaines que les domaines financiers et bancaires. Quelques exemples prouvent bien cette guerre économique dans d’autres domaines :
· En février 2006, la délégation commerciale cubaine qui participe à la conférence Cuba-USA sur l’énergie à Mexico est expulsée sur ordre du département du Trésor de l’hôtel María Isabel Sheraton, propriété de la société étasunienne Starwood Hotels and Resorts Worlwide, la direction de l’hôtel saisissant même l’argent déposé par la délégation cubaine au titre des frais de séjour et l’envoyant à l’OFAC, qui le joint aux fonds déjà mis sous séquestre.
· Les réparations engagées à l’usine cubaine de la société Moa Níckel S.A. s’avèrent plus coûteuses et plus lentes que prévues parce que le fournisseur brésilien Orion est contraint, en tant que filiale d’une société étasunienne, de résilier le contrat qu’il a signé pour la réparation totale du turbogénérateur nº 1. Cuba doit donc recourir à d’autres fournisseurs. La société brésilienne a d’ailleurs fait l’objet de menaces de représailles, dont le licenciement des personnes ayant participé aux négociations avec Cuba.
· Le refus de la société canadienne Cytec de vendre l’extractant Cyanex 272 qu’il avait été prévu d’utiliser dans la nouvelle technologie destinée à l’agrandissement de la raffinerie de nickel COREFCO, installée à Fort Saskatchewan (Alberta) et appartenant à la société mixte cubano-canadienne Moa Níckel S.A., provoqué un retard de sept mois dans ce projet et une hausse du coût de raffinage d’environ 2,20 dollars/livre de Ni + Co.
· En juillet 2005, la société new-yorkaise Dresser-Rand Group Inc., qui fabrique des turbines et des compresseurs pour l’industrie énergétique, ordonne à sa filiale brésilienne d’interrompre ses affaires avec la société mixte cubano-canadienne Moa Nickel S.A. et fait savoir en avril 2006 que le gouvernement étasunien lui infligera vraisemblablement des sanctions pour ce motif.
· En octobre et novembre 2005, Stephen G. McFarland, coordonnateur des questions cubaines au département d’Etat, informe les chaînes hôtelières espagnoles, en particulier les majorquines, qui gèrent des hôtels à Cuba ou y font des investissements, que, du fait qu’elles occupent censément des biens confisqués à des nationaux et qu’elles les commercialisent à leur profit, leurs propriétaires, leurs employés, leurs actionnaires et leurs familles se verront interdire l’entrée aux USA.
· La société espagnole ALCOA oppose une fin de non-recevoir à la demande cubaine de 2 000 tonnes de profilés d’aluminium pour la fabrication de portes et fenêtres nécessaires au réaménagement des polycliniques, des hôpitaux et des écoles de l’île, sous prétexte que son siège social est aux USA.
· Les négociations engagées en janvier 2006 dans le cadre du MIDEM de Cannes (France) avec la filiale canadienne d’une des quatre principales sociétés de distribution discographique des USA sont interrompues quand son département juridique précise que cela « exigera une enquête très coûteuse pour déterminer les mécanismes et les aspects légaux concernant la possibilité de vendre le produit cubain au Canada, et notamment aux USA ».
· Le jeune Cubain Raysel Sosa Rojas, vainqueur du Concours mondial de dessin d’enfant sur l’environnement, convoqué par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, ne peut toucher le cadeau correspondant aux gagnants de chaque région géographique, un appareil photo numérique Nikon, la société japonaise arguant des normes du blocus étasunien, ni la somme de mille dollars correspondante.
L’extraterritorialité du blocus vise aussi systématiquement à empêcher Cuba d’accéder aux technologies de pointe et aux progrès de la science, ainsi qu’à entraver le recyclage de ses techniciens et spécialistes :
· Un spécialiste cubain engagé dans une société étrangère opérant à Cuba et envoyé au Canada pour suivre une formation relative aux systèmes de contrôle automatisés PLC-5, est expulsé dès le deuxième jour quand les organisateurs découvrent sa nationalité, au motif que sa présence viole les « réglementations de l’administration des USA à l’exportation ».
· Les négociations engagées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (AOCI) auprès de la société canadienne ADACEL pour doter Cuba d’un simulateur de trafic aérien échouent, le directeur général et le directeur financier de cette société, de nationalité étasunienne, arguant que les lois de leur pays leur interdisent tout contrat avec Cuba. Faute de ce simulateur, l’Empresa Cubana Aeroportuaria y Servicios Aeronáuticos (ECASA) doit débourser environ 250 000 dollars par an pour recycler ses aiguilleurs de l’air à l’étranger.
· La société hollandaise qui servait de passerelle de paiement au commerce électronique, sous le nom d’ePayment-Cuba, informe en juin 2005 que les lois du blocus lui interdisent de continuer de fournir ce service à Cuba, l’interruption pendant trois mois de ce commerce électronique ayant entraîné un manque à gagner d’environ 10 000 dollars.
Le blocus, donc, touche tous les aspects de la vie cubaine. Même un domaine aussi éminemment humanitaire que la santé. En voici quelques exemples :
· Cuba, qui cherche à développer son service de Dialyse péritonéale continue ambulatoire (DPCA), s’est adressée sans succès, au motif du blocus, à des sociétés leaders mondiaux en dialyse, comme Baxter (USA), pour pouvoir l’appliquer à 2 032 patients, dont 30 enfants, atteints d’insuffisance rénale chronique terminale et vivant dans des régions rurales d’accès difficile, en profitant de l’infrastructure qu’offre le Réseau national de soins de santé primaires, si bien qu’ils continuent d’être soignés par la méthode traditionnelle de dialyse péritonéale intermittente qui les oblige à se rendre à l’hôpital un jour sur deux.
· L’ONG étasunienne Atlantic Philantropic n’a pas pu, faute de l’autorisation correspondante du département du Trésor, faire don d’un laboratoire de biologie moléculaire à l’Institut de néphrologie, qui ne peut donc recourir à des techniques de pointe pour garantir un pourcentage de survie plus élevé chez les patients ayant subi une greffe du rein.
· L’impossibilité d’acheter des pièces de rechange sur le marché étasunien a empêché l’Institut de cancérologie et de radiobiologie de réparer des imprimantes couleur Lexmark à haute résolution utilisées en couplage avec les appareils de radiothérapie.
· La nécessité d’importer des pesticides, des appareils de fumigation et des ressources d’entomologie médicale depuis des marchés lointains, faute de pouvoir le faire des USA, a obligé le pays à payer 25 p. 100 de plus à titre de prix, de transport et de délais de livraison.
· L’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri (IPK) n’a pas pu acheter un appareil à technique d’électrophorèse à champ pulsé, parce que de fabrication étasunienne (BIORAD). L’IPK fait partie du réseau PULSENET pour l’Amérique latine, chargé de la surveillance épidémiologique moléculaire des bactéries Salmonella, Escherichia coli, Shigella et Vibrio cholerae, vecteurs de graves infections gastro-intestinales, surtout chez les enfants, ce qui n’a pas empêché BIORAD de refuser toutes les démarches dans ce sens.
03/03 07:15 - vivelecentre
IL n’y a aucun site neutre sur la question vous avez soit les sites officiels , (...)
02/03 21:44 - Jacques-François Bonaldi
J’avoue ne pas saisir le sens de votre phrase. Désolé. Je vous apporte des faits, vous me (...)
02/03 08:27 - vivelecentre
Si on s’y interesse, on ne peut que prendre position et être forcement pour ou contre (...)
02/03 01:13 - Glemercier
@Ronchonaire et à tous Le commentaire précédent et celui ci sont bien de Michel Maugis et non (...)
02/03 01:05 - Glemercier
@ Ronchonaire. Je vais essayer de ne pas vous insulter afin de me mettre dans les conditions (...)
01/03 23:18 - Jacques-François Bonaldi
Vos sources sont l’AIN, bravo. Mais, une fois de plus, que Cuba fasse du commerce avec le (...)
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