TROISIÈME PARTIE (ET FIN DE L’EXTRAIT)
Cuba est contrainte de se fournir en équipements médicaux sur d’autres marchés, plus cher qu’aux USA, comme le prouvent les exemples ci-après :
· Ses stocks s’étant épuisés, l’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri (IPK), qui travaille dans le cadre du projet PNUD : Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose, s’est adressé au laboratoire étasunien GILEAD pour obtenir l’antirétroviral Tenofovir destiné aux sidéens et séropositifs cubains, mais s’est heurté à une fin de non-recevoir faute d’autorisation de Washington. Cuba a donc dû se fournir auprès de la société ALFARMA S.A. à un coût additionnel de 299 988 dollars, sans pouvoir administrer aux patients une combinaison d’antirétroviraux plus moderne.
· Dans le cadre de son Projet national de santé sexuelle et reproductive mené de concert avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Cuba a demandé à la transnationale étasunienne Pfizer de lui vendre le contraceptif Depropovera, mais en vain, sous prétexte que la délivrance d’autorisations exigées par le blocus prenait plusieurs mois.
Bref, le blocus ou guerre économique touche tous les domaines : la santé, l’éducation, le sport (en tir sportif, Cuba ne peut acheter des articles comme le fusil Beretta destiné à l’équipe de skeet, car son fabricant italien a des liens commerciaux très étroits avec les USA ; il en est de même pour les pistolets Walter calibre 32 et les balles de haute qualité Eley destinés à l’équipe de tir sportif cubaine) ; les arts, les communications (l’Université de La Havane a dû payer 40 000 dollars par an pour accéder à l’Internet sur une largeur de bande donnée, faute de pouvoir utiliser le câble sous-marin de fibre optique passant pourtant au large de l’île, alors que, pour ce même service, une université de la région ne paie que 600 dollars par an).
Mais le blocus ne frappe pas seulement Cuba : il porte aussi préjudice à la population étasunienne, à cause non seulement du manque à gagner qu’implique l’interdiction de faire des affaires avec Cuba, mais encore de l’impossibilité de tirer profit des avancées scientifiques de l’île. Deux petits exemples sont éloquents à cet égard :
· Les efforts déployés à ce jour par des scientifiques des USA, d’Europe, du Japon et de Chine pour identifier des médicaments adéquats et efficaces pour traiter les tumeurs cérébrales d’enfants, en particulier du type Pontine glioma, qui constituent la première cause de décès par maladie maligne dans cette tranche d’âge (environ 40 000 patients par an aux USA et en Europe), ont échoué à ce jour. Or, Cuba a mis au point et enregistré sur place et dans d’autres pays le TheraCIM (Nimotuzumab), qui s’est avéré efficace dans la réduction de la masse tumorale dans les cancers de la tête et du cou. Les réglementations du blocus ont toutefois interdit de lancer aux USA les essais cliniques pertinents.
· Selon l’American Diabetes Association, les USA comptent environ 20 800 000 diabétiques (7 p. 100 de la population). On prévoit que cette maladie chronique incurable touchera un Etasunien sur trois nés en 2000. L’une des complications les plus courantes du diabète sucré est l’ulcère du pied, qui entraîne plus de 70 000 amputations par an aux USA. Or, les scientifiques cubains ont mis au point le Citoprot P, déjà breveté dans différents pays, qui permet, par une méthode de traitement unique en son genre, d’accélérer la guérison de l’ulcère du pied et donc de réduire les risques d’amputation, une opération qui peut coûter jusqu’à 60 000 dollars dans les pays industriels. Outre le côté humain, l’utilisation de ce médicament permet aux systèmes de santé d’économiser des ressources substantielles. La demande de brevet en a été faite aux USA, mais le blocus interdit toujours aux patients de ce pays de bénéficier de ce produit de la biotechnologie cubaine unique au monde à ce jour.
Résumons : selon des calculs préliminaires faits au plus bas, les dommages économiques directs infligés au peuple cubain par le blocus dépasse 86 108 000 000 de dollars, soit 1 832 000 000 par an. A quoi il faudrait ajouter les plus de 54 milliards de dommages économiques directs imputables aux sabotages et aux actions terroristes stimulés, organisés et financés depuis les USA contre des cibles économiques et sociales du pays, ainsi que le manque à gagner et les produits non fabriqués du fait des conditions de crédit onéreuses imposées à Cuba. Cette dernière année, les préjudices directs causés par le blocus aux Cubains ont dépassé 4 108 000 000 de dollars.
N’en déplaise à ceux qui estiment que le « blocus » est un mythe inventé par « Castro » pour occulter sa gabegie, c’est à partir de ces réalités bien concrètes que seuls les aveugles volontaires ne veulent pas voir que l’Assemblée générale des Nations Unies a voté en novembre 2006 la résolution intitulée : « Nécessité de lever le blocus économique, financier et commercial appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique ». Et ce, pour la douzième année consécutive ! Par 183 voix contre 4 ! Il est intéressant de savoir que la grande puissance qui fait trembler le monde n’a jamais pu obtenir plus de trois complices pour l’accompagner. Le deuxième est resté inamovible à son poste : Israël (on s’y serait attendu). Après, au gré des circonstances et de la « qualité » des pressions, on a eu droit à d’anciens pays de l’Est, et tout dernièrement à deux mini-« Etats » de Micronésie, les îles Marshall et Palau… plus proches du statut de la colonie que de celui de nations indépendantes.
Les dispositions du blocus interdisent légalement, entre autres :
Que des filiales de compagnies étasuniennes dans des pays tiers aient n’importe quelle transaction avec des compagnies cubaines.
Que des filiales de compagnies étasuniennes dans des pays tiers exportent aux USA des produits d’origine cubaine ou des produits contenant une matière d’origine cubaine.
Que des sociétés étrangères vendent à Cuba des biens ou des services contenant plus de 10 p. 100 de composants étasuniens, même si les propriétaires sont des nationaux d’autres pays.
Que des navires marchands, quelque pavillon qu’ils battent, transportant des produits vers ou depuis Cuba accostent aux USA pendant six mois.
Que des banques étrangères ouvrent des comptes en dollars à des personnes juridiques ou naturelles cubaines ou fassent des transactions financières dans cette monnaie avec elles.
Que des hommes d’affaires étrangers fassent des investissements ou des affaires avec Cuba ayant à voir avec les biens soumis à des réclamations d’Etasuniens ou de personnes qui, bien que nées à Cuba, auraient acquis cette nationalité.
Les violations de ces interdits sont passibles de lourdes peines.
Mais alors, demanderont les braves gens, si le vote contre le blocus étasunien est aussi catégorique, comment se fait-il que le gouvernement des USA le maintient ? La réponse est toute simple : parce que, dans cette ONU si peu démocratique à sa fondation en 1946 et ayant empiré en la matière au fil des années, ce n’est pas l’Assemblée générale, autrement dit les cent quatre-vingt-douze Etats actuels, qui a pouvoir de décision, mais à peine cinq (entouré de dix autres qui sont là par roulement et ne sont souvent, hélas, que des comparses aisément manipulables), autrement dit les membres permanents du Conseil de sécurité auxquels la Charte des Nations Unies a conféré, non seulement le droit de veto, mais aussi celui d’adopter des résolutions contraignantes et même, en vertu du fameux chapitre VII, de déclencher des guerres ! Alors que les résolutions du Conseil de sécurité sont obligatoires, celles de l’Assemblée générale ne sont, somme toute, que des vœux pieux… Et voilà pourquoi, braves gens, Cuba est toujours en butte au blocus-guerre économique de la Maison-Blanche.
03/03 07:15 - vivelecentre
IL n’y a aucun site neutre sur la question vous avez soit les sites officiels , (...)
02/03 21:44 - Jacques-François Bonaldi
J’avoue ne pas saisir le sens de votre phrase. Désolé. Je vous apporte des faits, vous me (...)
02/03 08:27 - vivelecentre
Si on s’y interesse, on ne peut que prendre position et être forcement pour ou contre (...)
02/03 01:13 - Glemercier
@Ronchonaire et à tous Le commentaire précédent et celui ci sont bien de Michel Maugis et non (...)
02/03 01:05 - Glemercier
@ Ronchonaire. Je vais essayer de ne pas vous insulter afin de me mettre dans les conditions (...)
01/03 23:18 - Jacques-François Bonaldi
Vos sources sont l’AIN, bravo. Mais, une fois de plus, que Cuba fasse du commerce avec le (...)
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