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Commentaire de SciFi

sur A qui profite l'exploitation de la misère étudiante ?


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SciFi SciFi 6 mars 2008 14:33

Je ne vais pas entrer dans la polémique que soulève l’auteur et me contenter d’apporter mon témoignage et quelques réflexions.

J’ai fait partie des étudiants pauvres. Les ressources de mes parents ne leur permettaient pas de financer mes études, mais ils n’ont jamais cherché à m’en détourner. J’ai commencé à travailler l’été en usine à 16 ans (au SMIC et au black évidemment) et j’ai recommencé tous les étés, de la fin des cours d’une année au début de l’année suivante. J’ai conservé une partie de l’argent pour l’après-bac, l’autre partie pour me faire plaisir. Le travail d’été était insuffisant pour tout financer (logement, nourriture, fournitures, livres, sans oublier quelques sorties avec les potes, parce que quand même, il n’y a pas que le boulot dans la vie). Les ressources de mes parents me permettaient d’avoir une bourse. Bien sûr, à l’époque, toute augmentation des ressources se faisait au détriment du montant de la bourse et pour cette raison, j’ai continué à travailler au black. Le coût de la vie a fini par augmenter plus rapidement que les ressources que j’ai décrites et j’ai donné des cours à des lycéens en semaine et certains week-ends pour compléter.

Au final, j’ai obtenu mes diplômes. J’étais motivé aussi bien par mon désir de faire le métier que j’avais choisi que de ne pas faire ad vitam aeternam ce que j’avais pu expérimenter l’été. Cette période m’aura appris très tôt à gérer mes ressources et mes priorités (j’ai toujours mis un point d’honneur à ne jamais jouer sur des découverts), et à être efficace dans ma façon d’apprendre pour dégager du temps dans le but de travailler ou de m’aérer.

Ai-je été heureux sur la période ? Hé bien oui. J’ai fait mes choix et je les ai assumés. Cela ne m’a pas empêché de faire la fête de temps en temps et de rencontrer plein de gens intéressants. Le souci constant était l’absence de marge de manoeuvre financière en cas de pépin. Ca, c’était inconfortable.

Il faut cependant constater que 1) J’avais une bourse. 2) J’avais droit à la cité universitaire. 3) J’ai fait mes études en province. Si mes parents avaient eu des ressources légèrement supérieures à la limite, la somme à réunir aurait été bien plus importante en raison de l’effet de seuil. Et là, je pense que j’aurais moins rigolé. Il y a des étudiants sont dans ce cas. Peu importe la proportion, ils existent. Etant donné l’augmentation des loyers ces dernières années, il y en a même forcément de plus en plus.


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