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Commentaire de Gugusse

sur 2010-2015 : le krach démographique


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Gugusse 7 mars 2008 12:06

L’article présenté a le mérite de poser un des enjeux méconnus et mal compris de notre temps.

A première vue, il est inquiétant d’être si nombreux et, surtout, toujours plus nombreux. Derrière cette apparence se cache la vérité de notre époque : les populations humaines atterissent les unes après les autres dans le régime démographique « moderne » (faible mortalité, faible natalité, fécondité en dessous du seuil de renouvellement, espérance de vie longue). En gros, la croissance démographique s’affablit progressivement au point de devenir proche de zéro autour de 2050. Le vieillissement de la population humaine, d’ici là, va se généraliser, à l’exception de l’Afrique subsaharienne et du Nord de la pénisule indienne et de quelques autres poches, beaucoup plus restreintes. Mais même dans ces zones la population se stabilisera et vieillira bien avant 2100.

Tant mieux, oui, nous ne sommes plus confrontés à l’explosion démographique. Certes. Mais il y a un petit hic. Une pyramide des âges trop brutalement inversée peut provoquer des dégâts économiques et des tensions intergénérationnelles dont nous n’avons même pas idée. Je vais tenter de vous expliquer le plus en détail possible.

Admettons une pyramide des âges réellement pyramidale (plus on descend dans les classes d’âge, plus elles sont nombreuses). A indice de fécondité inchangé durant 3 ou 4 décennies, la population augmente de toute façon. Parce que les classes d’âge qui ne sont pas encore en âge d’avoir des enfants au début de la période considérée sont plus nombreuses dans l’absolu que la génération qui a déjà des enfants au début de la période considérée. Si l’indice de fécondité est par exemple de 2 enfants par femmes, étant donné qu’il y a plus de femmes dans la génération la plus jeunes, ces femmes engendrent plus d’enfant qu’aupravant, même si elles ont la même fécondité moyenne que leurs aînées. Cet effet s’appelle l’effet dynamique de la pyramide des âges.

Mais attention, cette règle s’applique aussi dans l’autre sens ! La tranche d’âge 0-20 ans en Europe aujourd’hui est largement moins nombreuse que la tranche des baby-boomers (environ 20%). L’indice de fécondité moyen de l’UE est de 1,5 enfants par femme, soit les 3/4 de ce qui est nécessaire pour assurer à peu près le renouvellement de la population sur le long terme, sans prendre en compte l’allongement de la durée de la vie (facteur d’accroissement de la population, mais uniquement par vieillissement) et l’immigration. Si l’on imagine que cet indice de fécondité de 1,5 sera celui de la tranche 0-20 ans, étant donné que cette génération est moins nombreuse que la précédente, la diminution déjà entamée de la population s’aggravera dangeuresement, elle s’élèvera à ce qui manque, soit environ 25% de diminution en environ 30 ans (sans viellissement et sans immigration).

Par contre, si cette jeune génération connaît un rétablissement progressif de son indice de fécondité de 1,5 aujourd’hui à 2 d’ici 2030, cette augmentation de la natalité d’une génération qui est déjà moins nombreuse que la précédente suffira tout au plus à enrayer quelque peu la baisse de la population d’ici 2030, et l’on pourra, si la fécondité se maintient à 2 après 2030, espérer stabiliser à peu près la population européenne vers 2060, soit une génération plus tard encore, et à un niveau inférieur d’environ 30% par rapport à aujourd’hui. Je me permets de vous rappeler que cette seconde hypothèse est, actuellement, très improbable. Les politiques familiales sont généralement déficientes en Europe (la France est une exception à cet égard) et, surtout, vu les problèmes énergétiques qui arrivent, la population européenne n’aura certainement pas envie de faire plus d’enfants qu’aujourd’hui. A moins que la pénurie de combustibles fossiles ne donne naissance à un style de vie moins consumériste et que les gens se rendent compte qu’avoir des enfants peut leur être utile. Ce serait une sorte de régime démographique « post-moderne ». (actuellement on fait des enfants parce qu’on a envie d’avoir des enfants ET si on a l’impression qu’on aura les moyens d’assurer leur éducation)

Les dangers d’une dépopulation aussi rapide sautent aux yeux, y compris sur le plan écologique/environnemental. Déjà les premiers effets sont bien là. Malgré le chômage, il existe d’iinnombrables pénuries que personne n’arrive à expliquer. La raison est pourtant très simple. Il n’y a pas assez de gens dans la jeune génération pour remplacer les baby-boomers qui partent à la retraite. Cette pénurie de main-d’oeuvre souligne la totale inadéquation entre notre enseignement, notre économie et les besoins réels de nos sociétés vieillissantes.

Multipliez par 10 ces problèmes de pénuries, les problèmes d’immigration (que l’on sera inévitablement tenté d’utiliser de plus en plus) ainsi que les problèmes géopolitiques (que faire si se font face un continent de vieux face à une Afrique subsaharienne jeune et 3 fois plus nombreuses qu’elle, et bien entendu pauvre comme job ? vous avez des solutions vous ?) et de retraite (40% de plus de 65 ans) et vous comprenez pourquoi l’appel au sursaut démographique prend tout son sens. Il vaudrait beaucoup mieux que le déficit démographique soit moins violent. S’il faut que la population humaine diminue, autant que cela se fasse progressivement et simultanément... un scénario idéal qui ne se produira pas, j’en ai bien peur, notamment à cause d’un certain obscurantisme vert... Beaucoup de verts n’ont pas l’air de se rendre compte que le naturel de l’homme est d’assurer le remplacement des générations...

Gugusse


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