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Commentaire de Marc Bruxman

sur Le spleen d'un immigrant du numérique


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Marc Bruxman 13 mars 2008 22:47

Visiblement ce n’est pas une question d’age. Il y a des vieux qui sont à l’aise avec les nouvelles techno et des jeunes qui ne le sont pas.

Le fait de ne pas maitriser semble clairement être le facteur principal. Il y a quelques mois je prenais la ligne 14 du métro (automatisée) et deux touristes étaient dans la rame :

  • Oh t’as vu y’a pas de chauffeur !
  • Ouais si ca continue je me demande bien à quoi on va servir.

Plus que le fait d’avoir l’impression de ne rien avoir à transmettre c’est souvent l’impression de ne pas pouvoir agir réelement sur le monde qui fait peur aux gens. Souvent cette peur n’est pas réelle. Les conducteurs de métro étaient déja depuis longtemps des pousse boutons, l’automatisation ne change pas grand chose mais elle marque les esprits. Les gens utilisent des trucs mais n’ont aucune foutre idée de comment cela marche. A cet égard, j’ai parfois l’impression en tant que professionnel de jouer le role de sorcier des temps modernes.

Lorsque vous parlez de la génération "qui n’a rien à transmettre" il faut aussi bien le voir dans l’autre sens. Parfois c’était relou à l’école de se voir infliger des cours pour apprendre "des trucs qui ne servent à rien". Prenez l’exemple des cours de physique au lycée. Une TI-92 correctement programmée répond à la plupart des problèmes. Je parle ici bien de programmation de la calculatrice et non du simple fait de rentrer les pompes. Pourtant le gros du programme consiste à apprendre à résoudre ces problémes à la main sans erreur. Lorsque les enseignants ont été confrontés au fait que la caltos fesait le boulot, la réponse n’a pas été de mettre les programmes à jour mais d’interdire purement et simplement celle-ci. (Heureusement que TI a sorti la TI-89 parce que la 92 elle était trop chiante à planquer en exam). Par contre, aucun adulte ne m’a appris à programmer la dite calculatrice ce que j’ai du apprendre à faire tout seul.

J’ai parfois essayé d’en parler à mes profs. Et bien jusqu’à Bac + 2 révolu ce n’était pas possible. (Après en école d’ingé ils étaient bcp plus ouverts). Ils insistaient tous sur le fait que l’ancien savoir était absolument essentiel et blah et blah. Et bien je ne m’en suis jamais servi.

Dommage, il y a des tas de chose que j’aurais aimé voir dans le supérieur et que je n’ai pas eu le temps de voir. Et pourtant mes cours des deux premiéres années ne m’ont servi à rien. N’aurait t’on pas pu commencer le programme plus tot et en profiter pour apprendre plus de choses ?

Ce qui nous améne au point suivant :

"la disparition des hiérarchies culturelles, de l’uniformisation de la communication, du choix l’immédiateté préférée à l’analyse et à l’étude, de la superficialisé qui en résulte."

Cette disparition est justement due à l’inadaptation croissante des contenus enseignés à nos modes de vie.

Et parlons justement des piéces de théatre. Maintenant, je suis le premier à aimer ca. Mais au théatre ! Se faire gaver à LIRE une piéce de théatre c’est un peu comme lire un script de cinéma. Si on est pas professionnel c’est super chiant. Le seul cas ou l’on devrait être amené à faire lire une piéce de théatre à des jeunes c’est si ils doivent la jouer sur une scéne. D’ailleurs il vaudrait mieux leur demander de faire un spectacle une fois dans leur scolarité plutot que de lire 15 piéces. Avec un bon prof qui leur montre toutes les possibilités d’interprétation possibles à partir d’un même texte ils apprendraient certainement plus sur ce qui fait la beauté de cet art. Et surtout, ne me parlez pas de théatre à la télévision !

Et pour la hiérarchie c’est difficile. Parce que justement l’art évolue. Et c’est heureux car un musée n’est pas intéréssant. Ce qui est intéressant c’est que l’on continue à créer de nouvelles oeuvres qui correspondent à l’air du temps et à ce que l’on souhaite exprimer. Le Jazz est différent du classique par exemple, mais il exprime un vécu et une culture différente de celle qui a engendré le classique. Et même parmis nos genre musicaux plus triviaux comme le rock, le hip hop et la techno ils expriment tous une certaine facon de vivre le monde moderne. Et cela change vite. Et souvenez vous que si on venait à écouter du rock dans 3 siécles, certainement que l’on écoutera seulement le meilleur comme un bon Pink Floyd et que l’on aura oublié toutes les sombres merdes qui auront été produites entre temps. Mais si l’on était trop exigeant, on aurait bridé la créativité et on aurait justement pas pu s’extasier devant "Shine On You Crazy Diamond".

 


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