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Commentaire de marie

sur Le groupe Lagardère prend le chemin de la convergence


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marie 20 mars 2008 01:09
Le groupe Lagardère ferait-il sa promotion sur Agoravox, le site internet champion du journalisme citoyen ? Les sociétés du Cac40 ont-elles trouvé un moyen « branché » de se faire une bonne image auprès des jeunes (et moins jeunes) internautes ? On pourrait se poser la question à la lecture d’un article publié mardi 18 mars sur le célèbre « média citoyen » par un mystérieux « Thierryro de Bernières-sur-Seine » et sobrement titré « Le groupe Lagardère prend le chemin de la convergence ».

Un douteux mélange des genres

Dans ce qui ressemble furieusement à un publi-rédactionnel, il n’est nulle part question des lacunes du jeune Lagardère, de sa stratégie illisible, de soupçons de délits d’initiés, de montagnes de cash inutilisé, de magazines à vendre ou des ambitions insatisfaites du groupe dans la télé. Au contraire, Lagardère c’est de la balle ! Le groupe publie des résultats formidables et ses dirigeants ont tout compris à l’Internet et à la convergence, d’autant qu’ils sont conduits par un génie dont l’arrivée a « marqué un tournant dans l’organisation et le développement du groupe ». La preuve, cet intellectuel est « responsable de l’émergence de la télé sur les portables » et « a signé des accords d’exclusivité avec Johnny, Madonna et la ligue 1 de football ». Didier Quillot (c’est lui) est « précédé d’une réputation de stratège ambitieux », personne n’en doutait, et pour l’aider à devenir un « acteur de premier plan sur le marché de la production télévisuelle », il est flanqué d’un génie, Takis Candilis, ex-chargé des fictions de TF1. Ça promet. Le lecteur est ensuite étourdi de bonheur sous une avalanche de chiffres, tous plus merveilleux les uns que les autres, des résultats, des chiffres d’affaires, des progressions, que sais-je encore.

Un article qui tombe à pic, puisque ces chiffres époustouflants, annoncés le 14 mars, ont hélas laissé de marbre ces rabat-joie d’analystes et fait plonger le titre en bourse le 15. Explications contrites de l’auteur : le titre « a succombé (sic) au repli général du marché », et les investisseurs « n’ont finalement accordé que peu d’importance aux résultats annuels et aux perspectives ». Bref, ces grincheux n’ont rien compris, mais heureusement Thierryro de Bernières-sur-Seine est là pour corriger le tir.

Tout irait bien si cet article de promo était publié dans un prospectus de Lagardère ou dans Valeurs Actuelles sauf que c’est sur Agoravox qu’on le découvre. Oui, sur Agoravox, le pionnier français du « journalisme citoyen » ou « 2.0 », entendez du journaliste à la portée de tous. Le principe est simple. Vous avez envie de publier un article ? Soumettez-le au comité de lecture d’Agoravox et, s’il répond aux critères de la charte éditoriale, dont celui de ne pas être un article commercial ou promotionnel, il passe sur le site.

La bataille est déclarée

C’est précisément là que se situe le problème du journalisme participatif ou citoyen, vanté également par Rue 89, le site d’anciens de Libé, Mediapart, celui d’Edwy Plénel ou même sur ce site avec son « Agorianne ». Qui contrôle la qualité éditoriale des articles pondus par ces milliers d’apprentis journalistes ? Chez Marianne2, Mediapart ou Rue 89, ce sont des journalistes professionnels. Chez Agoravox, mystère. Le comité éditorial est composé de « rédacteurs d’AgoraVox », donc de gentils citoyens-journalistes, mais aussi « d’experts en veille et en recherche d’information issus de la société Cybion », société fondée par Carlo Revelli et Joël de Rosnay, patrons et fondateurs du site. On est rassurés...
 
D’autant qu’aujourd’hui les agences de com, spin doctors et autres lobbyistes ne lésinent plus sur les moyens consacrés au net. Comprenant que les relations de presse de papa, c’est terminé et que le buzz positif ou l’image se construisent désormais sur la toile, ils infiltrent les sites participatifs en se faisant passer pour des gentils citoyens et balancent de la propagande déguisée en contributions ou en commentaires. Mieux, lorsqu’ils sont talentueux, ils réussissent à faire diffuser leur info par les internautes. On appelle ça la communication virale, une maladie de l’info en quelque sorte. Mais les internautes sont vigilants et ont vite dénoncé les abus, comme ces sociétés qui trafiquent les articles qui leur sont consacrés sur Wikipedia ou les réseaux sociaux, comme Facebook ou Myspace qui tentent d’introduire de la pub ciblée en fonction des profils des communautés et de leurs membres, ou encore les affichages de pub sur votre messagerie Google en fonction... du contenu de vos messages ! Bonjour la vie privée...

La bataille est donc déclarée entre les communicants et ceux qui tentent d’inventer un nouveau journalisme ou une presse plus indépendante sur Internet. Avec un ex-responsable des programmes de TF1 en guise de patron d’Internet, pas de doute sur le camp choisi par le groupe Lagardère. Qu’en pense Thierryro de Bernières-sur-Seine ?

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