Alitalia coule pour des raisons qui n’ont pas grand chose à voir avec la crise financière spéculative. Swissair en son temps a coulé aussi sans faire autant de vague. Toutes les compagnies aériennes américaines sont depuis longtemps en règlement judiciaire. On les maintient vaille que vaille car il faut quand même transporter le public. En France Spinetta réussit à rentabiliser une compagnie aérienne (AirFrance-KLM). S’il se paye un bon bonus on crira au scandale, bien évidemment.
Si le gouvernement italien avait encore injecté des milliards dans Alitalia on aurait denouveau crié à la mutualisation des pertes. Il faudrait savoir ce que l’on veut.
Il est certain que l’évaluation financière est faussée par la spéculation. Reprenez le vieux bouquin de Ben Graham et vous comprendrez pourquoi Warren Buffet est l’homme le plus riche du monde. Quand une compagnie vaut 1 dollar et que son cours de bourse est 80 dollars, il est à peu près le seul à comprendre pourquoi elle vaut 1 dollar et pas plus. Résultat, la foule des pauvres gens qui se laissent guider par les journalistes est en dehors du coup et perdront tout tôt ou tard. Au lieu de critiquer le marché il faudrait peut-être mieux condamner les journalistes et surtout être capable de construire son propre jugement sans les écouter.
S’il faut chercher un coupable, ce serait Alan Greenspan. C’est lui qui a établi les règles du jeu qui ont conduit à ce désastre. Là encore, je sais qu’on n’aime pas s’en prendre à ceux qui font les règles mais plutôt à ceux qui en profitent. On le voit bien en France avec nos députés. Il n’y a jamais eu la moindre dénonciation de leur pleine responsabilité dans la suppression des frontières de l’Europe avec le reste du monde et par conséquent de la suppression des usines chez nous. On préfère crier contre le patron qui délocalise.
Avec cette mentalité qui consiste à accuser son dernier pas d’avoir troué sa semelle, rien ne changera.