@JoelP,
Sans compter que Chomsky est aussi un précurseur de ce que nous nommons les sciences cognitives. Ce qui bien entendu, sauf pour les esprits étriqués, laisse entrevoir qu’un linguiste ne se préoccupe pas uniquement que de la syntaxe et la sémantique des langues, mais bien du sens des symboliques. Or, les actions sont autant une symbolique à étudier que les propos tenus dans les discours.
Dans l’article de notre auteur, il expose bien ce qui interpelle pour toute personne un tant soit peu connaisseur en linguisitique, psycholinguistique et anthropologie ; sciences connexes de l’interprétation des langues. Il convient donc d’admettre que Chomsky est parfaitement dans son domaine de compétence reconnu.
Mais il faut aussi admettre que la culture propre à chacun est déterminante dans les prises de position, il est souvent très difficile pour ceux qui connaissent mal les principes de résilience d’admettre que sur notre bonne vieille Terre, il existe des êtres humains qui n’ont pas exactement les mêmes schémas mentaux que les nôtres. La plupart de ces gens considèrent, à la limite, que si cela devait se vérifier, toute différence ne peut donc se catégoriser que dans une hiérarchie dans laquelle notre propre vision du monde est dominante. Dans ce contexte, Chomsky apporte, parfois au détriment de sa propre reconnaissance, une bouffée d’oxygène ; faut-il rappeler que bien des génocides trouvent leurs origines dans des certitudes de domination d’un trait sur un autre, que cela soit d’ordre racial, ethnique, mais cela peut aussi être d’ordre culturel, psychologique, ...
Il suffit, en fait, de voir les propos tenus sur cette tribune. La déformation des propos et positions de Chomsky sont légion. A aucun moment, il ne soutient le Hezbollah ; il ne fait que se positionner dans une posture palestinienne pour tenter de comprendre comment sont interprétés les actes tant d’Israël que des US. Il en arrive à la conclusion que si les moyens sont différents, les méthodes sont les mêmes ; quelle différence pourrait-il y avoir entre la mort de 100 civils suite à une bombe humaine et le même bilan suite au largage d’une bombe d’un bombardier ? Ce ne sont donc que les schémas mentaux, construits autour des justifications officielles transmises par les média, qui nous permettent de nous persuader que nous sommes du côté du bien. D’ailleurs, Chomsky n’aborde pas le bien et le mal de telle ou telle action, il demande juste de réfléchir à la similitude des actions ; normalement, un libre penseur agit ainsi, il compare les situations avant de les catégoriser, il n’a nul besoin qu’on lui indique comment il doit catégoriser.