Excellent article, qui résume bien la situation actuelle sur le sujet.
Ce reportage est, à bien des égards, très similaire au livre de Bjorn Lomborg, "The skeptical Environmentalist", où l’auteur avait remis en question la réalité du changement climatique induit par l’activité humaine en n’utilisant que des éléments à décharge. Ici, l’auteure du reportage n’a utilisé que des éléments à charge, souvent de façon totalement erronée, voire de façon malhonnête. Mais, comme dans le cas Lomborg, cette personne n’a pas commise de "fraude" puisque son travail n’est pas "scientifique" (c’est à dire répondant aux exigences de toute étude scientifique où les analyses doivent être démontrées et réfutables).
Il ne me parait pas utile de revenir ici sur l’aspect scientifique du débat ; celui-ci est parfaitement expliqué par Marcel Kunz dont l’auteur de l’article met le lien.
Ce qui me semble en revanche surprenant est effectivement le vérrouillage du débat par l’auteure du reportage, sous le pretexte que les contradicteurs pourraient être "manipulés" par la firme mise en question. Soyons clair ici, le propos n’est pas de défendre Monsanto : que cette entreprise ait été à l’origine de produits toxiques est une évidence, qu’elle tente d’imposer un modèle économique d’agriculture va de soit, et qu’elle pratique d’intenses lobbying n’est pas réfutable. Non, le problème ici est bien la liberté du débat : décrédibiliser par avance tout contradicteur, en l’accusant d’être à la solde de son ennemi, n’est pas acceptable en démocratie. Peut-on imaginer un seul instant que l’ensemble des scienifiques qui ne partagent pas l’avis de l’auteure sur la dangerosité des OGM soit sous l’influence de Monsanto ? peut-on imaginer que l’ensemble des citoyens qui ne partagent pas cet avis soient sous l’influence de Monsanto ? Pire, que le grotesque de cette insinuation ne soit pas dénoncé par les lecteurs d’Agoravox, pourtant généralement sensibles à la nécessité du débat, m’attriste profondément.
La phrase que l’on attribue à mon homonyme, "Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire", est, hélas, plus que jamais d’actualité.