Coup d’oeil sur l’oeuvre philanthropique de Monsanto :
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Pour protéger et accroître la production agricole, MONSANTO propose des pesticides et des herbicides. Les performances toujours plus poussées de ceux-ci finissent par mettre en péril la plante même qu’on veut protéger. Plutôt que de remettre en cause le productivisme à l’origine de cet usage intensif de produits qui empoisonnent les sols et les réserves en eau, qui ont un impact sur la santé des animaux et des consommateurs et qui grèvent le budget des exploitants agricoles, plutôt que de donner à la recherche l’objectif de diminuer la nocivité des produits de traitement, MONSANTO et les autres géants de l’agrochimie préfèrent recourir aux manipulations génétiques sur le vivant. Car l’objet de la recherche, ce n’est pas l’amélioration de la qualité de la vie et de l’environnement, c’est l’invention de ce qui est susceptible de devenir commercialisable. On crée donc des espèces végétales MONSANTO qui résistent aux pesticides et aux herbicides MONSANTO. Et à eux seuls. Le lien de dépendance est établi puisqu’il faut nécessairement avoir recours aux uns et aux autres pour garantir la production. « Chaque graine génétiquement modifiée est la propriété de son inventeur » souligne José Bové, qui ajoute « Les OGM sont une technique de domination et la brevetabilité est le principal outil permettant cette domination.2 » Car, pour conforter et étendre ce lien de dépendance à l’ensemble de la planète, MONSANTO fait breveter les OGM. Ces brevets sont protégés par les règles sur le brevetage du vivant imposées à tous les pays par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et, dans l’Union Européenne, renforcées par une directive du 6 juillet 1998 dont la portée est plus large encore et qui est, en outre, imposée aux « partenaires » de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Mais cela ne suffisait sans doute pas. Pour garantir une « captation » totale de la chaîne alimentaire et empêcher toute velléité d’indépendance des paysans, le « génie génétique » est devenu faustien : il a donné naissance à une semence qui ne germe qu’une fois, grâce à l’introduction d’un gène auto-destructeur. C’est la semence Terminator dont MONSANTO a acquis les droits. Elle rend impossible le recours traditionnel à la semence fermière, c’est-à-dire la semence prélevée dans la production de la récolte précédente, ce qui oblige le paysan à acheter chaque année de nouvelles semences. On comprend dès lors l’indignation d’un José Bové : « Ces pratiques violent le droit ancestral, millénaire, et reconnu partout dans le monde, à prélever sur sa récolte pour celle à venir. » L’annonce récente par MONSANTO de l’abandon de cette semence n’empêche pas sa fabrication par d’autres firmes et, en particulier, sa commercialisation prochaine par son inventeur, la firme Delta & Pine Land Co. La technologie Terminator a fait l’objet d’une trentaine de brevets détenus par différentes sociétés transnationales agrochimiques.
Afin de s’assurer le contrôle de la chaîne alimentaire mondiale, « de la graine à l’assiette » comme dit José Bové, les transnationales de l’agrochimie, MONSANTO en tête, s’emploient désormais à étendre la pratique des manipulations génétiques et du brevetage à toutes les espèces vivantes susceptibles de servir comme aliments ou comme médicaments dans l’ordre végétal, mais également dans l’ordre animal où le recours aux hormones ou autres activateurs de croissance, l’emploi de farines animales fabriquées à partir de composants dangereux pour la santé (quand il ne s’agit pas tout simplement d’excréments ou d’huiles de vidange...), l’usage intensif d’antibiotiques, montrent déjà que l’objectif n’est pas de fournir une alimentation de qualité, mais de satisfaire la recherche de profits toujours plus grands par les branches pharmaceutiques de l’agrochimie mondiale.
Avec les OGM et le brevetage du vivant, un mécanisme de la servitude se met en place où paysans et consommateurs du monde entier deviennent les otages des transnationales du complexe agrochimique.
Au nom d’un objectif défini non pas en fonction des besoins réels des peuples, mais bien en fonction des profits recherchés par ceux qui agissent en amont comme en aval de la production agricole, un productivisme frénétique conduit à des pratiques dommageables pour des milliards de personnes dans les pays du Sud, mais également et de plus en plus, dans les pays industrialisés. Sans que les paysans aient formulé une demande, sans qu’ils aient été consultés et sans qu’ils aient pu exprimer un choix, un modèle productiviste leur a été imposé.
La généralisation des OGM brevetés dans le cadre des politiques prônées par l’OMC va dépouiller les peuples du Sud de leurs ressources naturelles et maintenir sinon accroître la famine et la malnutrition. Elle favorise déjà l’exode rural et la désertification des campagnes tout en provoquant la destruction massive des éco-systèmes. D’un point de vue sanitaire, elle fragilise, par les incertitudes qui demeurent, la qualité de la chaîne alimentaire tout en déclenchant, ce dont on est certain, des mécanismes susceptibles de rendre incurables certaines maladies chez les plantes, les animaux ou les humains. Enfin, l’introduction dans l’ordre naturel de variétés génétiquement modifiées provoque une « pollution génétique » dont les conséquences sont à ce jour totalement imprévisibles.
Mais de tout cela, MONSANTO n’a cure, puisque, selon son directeur de la communication, « Nous n’avons pas à garantir la sécurité des produits alimentaires génétiquement modifiés. Notre intérêt est d’en vendre le plus possible3. » Propos qui ne seront pas contredits par ceux qui, à l’OMC, fournissent le cadre légal aux pratiques des entreprises transnationales agrochimiques dont MONSANTO constitue à la fois une avant-garde, un modèle achevé et un symbole.
Quand la qualité de la vie et la sécurité sanitaire laissent indifférents ou négligents la plupart des décideurs politiques, crispés sur le court terme et sensibles aux pressions des milieux d’affaires, quand les acteurs économiques refusent toute fonction sociale et privilégient la recherche effrénée d’un profit toujours considéré comme insuffisant, quand la recherche scientifique, délaissée par les pouvoirs publics, doit vendre son indépendance aux bailleurs de fonds privés et renoncer dès lors à sa capacité critique et à une interrogation permanente sur son rôle dans la société, ce qui triomphe c’est une organisation marchande du monde. Au bénéfice exclusif, mais considérable d’une toute petite minorité d’individus et de ceux qui sont à leur solde.
Cette dérive est voulue par les sociétés transnationales et acceptée par leurs relais dans la classe politique. Les accords de l’Uruguay Round gérés depuis 1995 par l’OMC lui ont fourni un cadre légal et l’illusion de la légitimité. Mais ils ont favorisé en même temps une prise de conscience planétaire des enjeux vitaux auxquels les femmes et les hommes sont aujourd’hui confrontés. Le livre d’Isabelle Delforge, qui nous dévoile les objectifs et les méthodes d’un des plus importants acteurs de la marchandisation de la planète, nourrit cette prise de conscience. C’est un outil indispensable pour la construction d’un monde citoyen.
Dr. Raoul Marc JENNAR
07/04 16:32 - Spookimouk
Comme promis, petit compte rendu de réunion. Tout d’abord le film : Bien réalisé, (...)
28/03 15:58 - Spookimouk
Je vais voir ce film samedi 5 avril au cinéma Utopia de Tournefeuille (31), la réalisatrice (...)
27/03 09:32 - Djanel
Voltaire .. Je serai bref. D’abord mon pseudo c’est Djanel avec un N (...)
26/03 18:20 - JL
Sisyphe, heureux de voir quelqu’un réagir sur ce problème. Qu’en est-il (...)
26/03 12:50 - sisyphe
http://www.univers-nature.com/images/actu/cultures-OGM-2007.jpg (...)
26/03 11:19 - JL
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