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Commentaire de Roland Verhille

sur Il existe une solution à la crise socio-économique mais elle ne sera pas appliquée


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Roland Verhille Roland Verhille 26 mars 2008 14:53

À Bernard Dugué et aux autres,

Bernard Dugué, ne suivez pas tant d’autres qui s’entêtent dans l’erreur par réaction puérile de ne pas vouloir paraître sujet à erreur, vous me semblez valoir bien mieux que cela. La divergence ici discutée est particulièrement intéressante au regard de la qualité de l’information des uns et des autres, et de l’intérêt d’AgoraVox, car vous n’avez pas tout faux, vous avez seulement été trompé par des chiffres pernicieux masquant derrière le « Capital » le responsable de cette baisse importante de dix point (oui, dix points, ça c’est à peu près juste, mais où avez-vous trouvé cela, il n’y a que moi pour le crier sur tous les toits !).

Vous avez fourni votre source, que j’ai étudiée, cela rend possible de combler des divergences, qui ne sont pas des crimes contre la vérité tant qu’elles restent provisoires.

Vous avez commis un contresens de lecture, ce papier de l’Institut Montaigne daté de Mai 2005 ne fonde pas du tout l’antienne de la diminution permanente de la part des salaires dans la valeur ajoutée que vous avez retenue pour fonder vos explications. Remarquez d’abord au graphique présenté que ce papier se fonde sur les données des années 1978 à 2002. L’INSEE n’avait pas encore reconstitué en séries homogènes les  comptes des années antérieures, ce qui est maintenant fait, et depuis l’année 1959. Cet article écrit : «  Amélioration de la part des salaires jusqu’en 1982, puis retournement en faveur du capital jusqu’à la fin des années quatre-vingt, enfin quasi-stabilité depuis à un niveau plus favorable aux entreprises qu’avant le premier choc pétrolier ». Et l’erreur est d’énoncer que la part récente est inférieur à celle d’avant le choc pétrolier de 1974. Cette part récente (% de la valeur ajoutée nette) est à très peu de choses près de 68%. En 1959, elle était de 58,2% devenu 62% en 1973.

C’est cette analyse insuffisante faute de remonter plus loin dans le temps, et en plus en partie erronée, qui vous a piégé. Elle contient le procédé classique de la manipulation de statistiques portant sur des phénomènes comportant des hauts et des bas. Il consiste à choisir le point de comparaison soit au haut, soit au bas, pour essayer de fonder un mensonge. Vous qui, en tant que philosophe, tenez à prendre du recul, faites de même en utilisant une statistique !

Mais vous n’avez pas tout faux ! Vous n’avez seulement pas vu le troisième larron venant s’attribuer la part croissante du lion dans le partage de la valeur ajoutée entre les travailleurs et le Capital, l’état. La baisse de la part des travailleurs en secteur marchand est réellement d’à peu près 10 points depuis 1973 (52% devenu 43%). La part des agents de l’état étant en faible croissance (9% en 1959 et 1973, 10,6% en 2006), la part réelle de l’ensemble des travailleurs évolue de 66% en 1959 à 61% en 1973 et 53% en 2006 (salariés et travailleurs indépendants, ces dernier ne valent pas moins que les salariés, et il y a des va et vient entre ces deux catégories). La part réelle des bénéfices des sociétés évolue de 5% en 1959 et 1973 à 2% en 2006. Sur tout cela, reportez vous à mon article « Le pouvoir d’acheter »).

Alors Bernard Dugué, la philosophie traite de domaines variés. Quand ce domaine est celui des réalités, et non celui des idées, la réflexion normale change du tout au tout selon qu’elle porte sur des réalités imaginaires ou non.

 


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