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Commentaire de Ronny

sur La Cour des comptes exige la suppression de nombreux bureaux de poste


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Ronny Ronny 27 mars 2008 12:47

Intéressant papier illustrant bien le problème posé par le libéralisme économique qui veut que les services publics disparaissent au profit, c’est le mot qui convient, d’entreprises privées. Nous sommes là dans l’application à l’échelon local des directives type accord général sur le commerce et les services, l’AGCS.

Avant de voir rapidement quels sont les problèmes, disons qu’ils sont liés à deux visions "d’organisation sociale" qui reposent sur deux croyances, toutes deux erronées :

- la concurrence et le marché constituent les modes de régulation optimum des activités économiques

- le service rendu par le privé est moins coûteux que le service rendu par le public

Malheureusement, la concurrence est globalement de l’ordre du mythe et du voeu pieu puisque toute la logique du système capitaliste vise à faire qu’une entreprise fonctionnant dans un secteur donné élimine ses concurrents. Il faudrait, de plus, que les consommateurs aient les moyens de faire agir la concurrence, ce qui est tout à fait impossible dans de nombreux secteurs où les entreprises s’entendent pour cela. On prendra deux exemples : la grande distribution, ou les entreprises se sont réparties le marché par zone géographique, ou la téléphonie mobile, avec des ententes massives sur les tarifs qui ont conduit à des amendes records, mais bien loin des profits engrangés sur le dos des clients ! Dans ce dernier cas, emblématique, je mets au défit quiconque de pouvoir comparer de façon probante els offres tarifaires…

Quant aux services rendus par le public et le privé, on prendra deux exemples, le premier est celui de la libéralisation du rail au Royaume Uni. En quelques années, les tarifs ont explosé, les conditions de sécurité se sont dégradées et les investissements productifs se sont taris, détournés par un actionnariat exigeant des taux de rentabilité à deux chiffres. Aujourd’hui, un trajet en TGV en France est environ 3 fois moins cher que ce qu’il coûterait au tarif britannique. Ne rigolons pas, la privatisation rampante de la SNCF conduira au même phénomène, chaque entreprise issue de la casse de l’opérateur nationale ne jurant que par ses propres bénéfices. RFF, le propriétaire du réseau ferré, vise d’ores et déjà le doublement de ses tarifs de location de rails à terme. On imagine l’impact sur le coût du billet.

Autre exemple la libéralisation de l’énergie : dans tous les pays où celle-ci a eu lieu, il n’existe aucun exemple où elle aurait conduit à une baisse des coûts et une amélioration du service. On peut considérer avec des spécialistes de la question qu’il s’agit d’une aberration économique. Mais qu’importe ! On touche là d’ailleurs toute la limite de la logique néolibérale avec les conflits qui opposent et opposeront de plus en plus l’intérêt commun et les intérêts privés. Plus généralement on assiste à une privatisation des bénéfices et à une mutualisation des risques, entendez que les investissements productifs ont été réalisés par la puissance publique, ou que les pertes seront épongées par elle, sans partage des bénéfices.

Cette notion de bénéfice est également critique : elle fait partie de la logique libérale économique, mais ne devrait pourtant pas s’appliquer au service public. Des valeurs ajoutées propres à ce service sont en effet non comptabilisables, par exemple en terme d’aménagement du territoire ou de solidarité nationale. Comme elles ne sont pas comptabilisables, elles ne rentrent pas dans un bilan tel que celui de la cour des comptes. Or ces valeurs sont essentielles à la société. Un autre coût caché de la libéralisation est le dumping social systématique qu’elle entraîne. Le système tire obligatoirement les revenus des salariés et leurs conditions de travail vers le bas, puisque le travail coûtera toujours trop cher devant un actionnariat obnubilé par la rentabilité de son placement. Là aussi, le coût social de ce dumping (licenciement, RMIste en nombre, Apartheid social, etc.) est peu évoqué et il est collectivisé alors que les bénéfices sont privatisés.

Ce qu’il va advenir de la poste n’est qu’un avant goût de la société neo-libérale à laquelle adhèrent nombre de politiques conservateurs, centristes, voire « socio-démocrates ». Cette société n’est pas pourtant pas dans l’intérêt des peuples.

 


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