C’est un peu une réponse à Traroth que je mets ici. Je pensais comme vous auparavant, qu’il était nécessaire d’engager le dialogue et de déboulonner les arguments racistes, et tout naturellement la raison prévaudrait. Je n’en suis plus totalement persuadée aujourd’hui. J’habite en Angleterre où domine le politiquement correct ; je suis la première à en rire ou à m’en indigner lorsqu’il est excessif, mais aussi à reconnaître son efficacité à calmer les propos racistes. Je ne suis pas en train de dire que la Grande Bretagne n’est pas raciste, seulement que les gens hésitent à émettre des propos racistes. L’argument des gens qui sont perpétuellement exposés à ces propos racistes et à une xénophobie rampante est qu’au nom de la liberté d’expression, ils se sentent perpétuellement agressés, diabolisés et que le politiquement correct n’a peut-être pas changé les mentalités, mais qu’il leur a offert un temps de répit, un espace d’appartenance. Personnellement, je trouve cet argument très convaincant. Au nom de quoi pouvons-nous préconiser une liberté d’expression qui cible et dénigre systématiquement les gens de couleur ou les immigrés ? Si vous m’acculez contre un mur, je dirai que je choisis encore la liberté d’expression, mais c’est le choix de quelqu’un qui se trouve dans la situation privilégiée où son identité ne sera jamais remise en question ; vivant en Angleterre depuis 25 ans, je ne serai jamais anglaise, je ne me sens pas anglaise bien que mes enfants aient la double nationalité, mon attachement à la France a des racines très profondes mais personne ne retrouvera à redire ; I am one of theirs, ce qui veut dire qu’en dernier ressort, il est anticipé que je choisisse toujours leur camp ;