Denis Robert, journaliste courageux ? Assurément. Denis Robert, journaliste téméraire ? On n’oserait dire moins. Denis Robert, journaliste crédule ? Ces termes sont inconciliables et l’excluent d’une profession qu’il prétend exercer.
En effet, tout est parti d’une attaque particulièrement mal argumentée à l’égard de la chambre de compensation Clearstream, alors luxembourgeoise, depuis filiale de la Deutsche Börse. Un cadre remercié et largement "démonétisé" sur une place où habituellement le haut management manifeste sa solidarité au travers de la très puissante Association des Banques et Banquiers Luxembourg. Alléché par les allures barbousardes que son informateur entendait imprimer à l’affaire, Robert a plongé, profond et sans bouteille.
Tous les journalistes financiers de la Place - il en existe d’honnêtes et scrupuleux - ont laissé tomber son bouquin, décidément trop léger. Pourtant, ils ne portaient pas en leur coeur le patron suisse d’alors Lussy. Puisqu’il fallait une victime expiatoire face au feu déchaîné dans une France qui ignorait tout de Clearstream, Lussy a payé de sa place. Coriace, il s’est rapidement retourné contre Robert, son informateur et son employeur. Au passage, la Deutsch Börse jouant cavalier seul fit main basse sur la poule aux oeufs d’or, Clearstream, un des principaux acteurs de la place luxembourgeoise, un pivot de la finance mondiale.
Depuis, devenue affaire d’Etat française, Clearstream a gagné tous ses procès, sauf contre Lussy restauré dans son honneur. Robert est vu comme un pestiféré pour avoir oublié la règle d’’or qui veut que ne soit publiée qu’une information maintes fois recoupées.
Par honnêteté, on lira son dernier pensum. En souhaitant y trouver des faits, encore des faits, toujours des faits, avant une argumentation revancharde ou puérile.