• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de masuyer

sur Et si l'Iran n'avait pas la bombe atomique : le Grand Jeu (version 2.0)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

masuyer masuyer 1er avril 2008 19:25

Grenville Byford, un islamo-gauchiste notoire, Expert en relations internationales et patron d’une entreprise de Boston s’est interrogé dans le très trotskyste Foreign Affairs, sur la définition du terrorisme. Je citerais quelques extraits de cet article parus dans Courrier International n° 618 du 5 septembre 2002

"Définir ce qu’est un terroriste est plus difficile qu’il n’y parait. L’histoire abonde d’utilisations abusives du mot. Par exemple pour stigmatiser un adversaire"

"En règle générale, les guerres ont plutôt été livrées contre des noms propres (l’Allemagne par exemple), pour la simple et bonne raison que les noms propres peuvent capitualer et promettre de ne plus jamais recommencer. Les guerres contres de noms communs tels que la pauvreté, le crime, la drogue ont donné de moins bons résultats. Les adversaires de ce type ne se rendent jamais. Et la guerre contre le terrorisme, malheureusement appartient à cette seconde catégorie.

La victoire n’est possible que contre ds individus plutôt que contre le terrorisme. Or déterminer qui est un terroriste est plus compliqué qu’il n’y parait."

"Ainsi le dictionnaire [ l’Oxford English Dictionnary en l’occurence] donne comme exemples de "terroristes" ou de "groupes terroristes" : le gouvernement russe du Tsar Alexandre III, la Résistance française, les sionistes de l’Irgoun en Palestine, le mouvement indépendantiste kényan des Mau Mau, le Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud, les nationalistes irlandais et les Chypriotes grecs. Pourtant, certains de ses groupes font l’admiration générale. On peut aussi se demander si dans le cas des Chypriotes grecs ou de l’ANC, l’étiquette "terroriste" a été attribuée à bon escient. Comme la beauté semble-t-il, le terrorisme est dans les yeux de celui qui le regarde."

"Ce qui définit un terroriste, admet-on communément, ce ne sont pas ses objectifs, mais la méthode qu’il choisit pour les atteindre.[....]. Mais selon quels critères juger qu’un moyen est injustifiable ?

Une première école privilégie une approche juridique. Le droit, national et international, confère à l’Etat le monopole de la violence organisée. [...]. Mais selon cette logique, la violence que Sadam Hussein inflige à son peuple n’est pas du terrorisme, alors que celle que lui imposerait ses opposants à l’intérieur du pays en cas de révolte en serait."

"Une autre école met en avant la peur que le terrorisme cherche à inspirer.[...].

Si ’lon suit ce raisonnement, les terroristes sont des individus qui tentent de parvenir à leurs fins en faisant peur à leurs opposants jusqu’à ce qu’ils se soumettent. Mais prenons le lancement de la bombe atomique sur Hiroshima : c’était moins une opération militaire qu’une sommation, la manière la plus spectaculaire dans l’Histoire de signifier : "Rendez-vous, sinon..." [...] La triste est réalité est que l’usage de la force à des fins politiques,[....], est intimement lié à la terreur. [....] Instaurer la terreur n’est pas forcément du terrorisme."

"Une troisièeme école se focalise sur la tactique utilisée, estimant que certaines méthodes sont contraires à la morale et quelles sont à bannir. Les puissances adeptes du statu quo, profondément attachées à leurs méthodes traditionnelles, considèrent souvent l’innovation technique comme immorale. Ainsi, les chevaliers français jugèrent ignoble l’utilisation de l’arc par Henri V d’Angleterre à Azincourt, et les samouraïs japonais éprouvèrent un sentiment similaire à l’égard de la poudre à canon.[...] Au fil du temps, avec le recours généralisé à de nouvelles techniques efficaces, ces armes perdent leur fonction d’instruments de terreur."

"Les moyens militaires non conventionnels sont communément proscrits, en général par ceux qui peuvent s’appuyer sur une force conventionnelle. Les mouvements de résistance civile contre l’Allemagne de Hitler, par exemple, violaient les lois de la guerre. Aux yeux des Allemands, ils étaient sans aucun doute des terroristes. Pourtant nous considérons aujourdh’ui les combattants de la Résistance comme des héros, et à juste titre."

"Qu’en est-il des cibles ? Ceux qui entreprennent délibérément des civils sont-ils des terroristes ? Cela amène a se poser une autre question, politiquement incorrecte : qu’y a-t-il de mal à tuer des civils ? Les civils ne sont pas toujours de simples spectateurs et sont essentiels à tout effort de guerre. La puissance militaire américaine est fondée sur la réussite économique des Etats-Unis.[...] Qui plus est, les Etats-Unis sont u e démocratie, et ses citoyens contribuent à décider de la manière dont la puissance militaire du pays doit être utilisée ? Sont-ils dès lors vraiment innocents ?

Mais revenons à l’opinion courante et acceptons que ce soit mal de tuer des civils. Ce sont pourtant des choses qui arrivent. Des Serbes sous le régime de Slobodan Milosevic et des Irakiens sous celui de Sadam Hussein - dont certains pouvaient sans nul doute se dire plus "innocents" que les citoyens de l’Amérique démocratique - ont été tués ces dernières années par des bombes américaines. Pourtant, les pilotes qui ont lancé ces bombes ne sont des terroristes dans aucun sens du terme"

"Combattre de façon honorable est malheureusement un luxe que beaucoup de gens, souvent très bien, ne peuvent pas se permettre. Si l’on admettait cela, on s’abstiendrait d’émettre un jugement moral sur un combattant sans prendre également en compte les objectifs qu’il poursuit."

"On peut pardonner beaucoup à ceux qui défendent une cause un tant soit peu juste. Et tout pardonner à ceux qui luttent pour un objectif noble et qui n’ont pas d’autre solution que d’agir comme ils le font. Le pire des moyens imaginables n’aurait pas été condamnable s’il avait été mis en oeuvre par les habitants du ghetto de Varsovie en 1943. En revanche, les membres de l’Irgoun des années 1946-1948 étaient dans une situation moins désespérée, et disposaient de plusieurs options possibles. Leurs actes peuvent être jugés en tenant compte de ce contexte. Quant au gouvernement israélien actuel, on peut attendre de lui qu’il fixe la barres morale encore plus haut".

"Il faut aussi être clair à propos de la réaction américaine aux attentats du 11 septembre. La colère des américains ne découle pas du fait qu’il s’agit d’un acte terroriste. Les Etats-Unis auraient été tout aussi furieux si le massacre avait été le fait de l’aviation afghane plutôt que d’un mystérieux groupe subnational.

Et leur indignation n’est pas due uniquement à la mort de civils. Si cela avait été le cas, ils auraient davantage fait la distinction entre les attentats visant, d’une part, le World Trade Center et, d’autre part, le Pentagone, et entre ceux-ci et l’attaque contre l’USS Cole, en octobre 2000, au Yémen. Non, l’important était ailleurs : les Etats-Unis ont été attaqués et des Américains ont été tués. La façon dont cela s’est passé est atroce, mais relativement sans importance.

La "clarté morale" dans le discours sur la "guerre contre le terrorisme" est plus apparente que réelle. Elle ne prend en considération qu’une seule dimension d’un problème aux multiples facettes, et plus tôt ce discours sera abandonné, mieux cela vaudra."

De quoi, je pense, nourrir la réflexion.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès