à Docdory
J’ai lu, mais il y a longtemps, la pièce de Voltaire ( c’est là où j’ai appris que le nom commun "séide" venait d’un nom propre) , mais je ne dirais pas que ce soit son chef d’oeuvre : je préfère la vivacité des "contes philosophiques", et, sur le plan des idées, tous les textes qu’il a écrit contre la torture ("Dictionnaire Philosophique", "Torture") et contre la barbarie armée ( 3ème chapitre de "Candide") ; je pense aussi aux textes écrits pour réhabiliter la mémoire du protestant Jean Calas et du jeune chevalier De la Barre.
Pour en revenir au film de M.Wilders, je n’ai nulle envie de le voir, et je ne me sens aucune affinité avec ce député d’extrême-droite, mais je pense qu’il est très important de lutter pour qu’il ne soit pas censuré. Beaucoup d’hommes et de femmes ont payé de leur vie le droit à la liberté d’expression, parce qu’ils avaient osé parler ou écrire sur des sujets "interdits" en leur temps ( le jeune De la Barre fut condamné : "A souffrir le supplice de l’amputation de la langue jusqu’à la racine, ce qui s’exécute de manière que si le patient ne présente pas la langue lui-même, on la lui tire avec des tenailles de fer, et on la lui arrache.
"On devait lui couper la main droite à la porte de la principale église.
"Ensuite il devait être conduit dans un tombereau à la place du marché, être attaché à un poteau avec une chaîne de fer, et être brûlé à petit feu. Le chevalier de La Barre étant entre leurs mains, [les juges] eurent l’humanité d’adoucir la sentence, en ordonnant qu’il serait décapité avant d’être jeté dans les flammes ; mais s’ils diminuèrent le supplice d’un côté, ils l’augmentèrent de l’autre, en le condamnant à subir la question [la torture]ordinaire et extraordinaire, pour lui faire déclarer ses complices... " )
La censure est un moyen plus doux et plus consensuel de mettre des limites à la liberté d’expression, mais cela signifie aussi, dans ce cas, que les autorités "compétentes en la matière" se substituent au droit de chacun à juger par soi-même.