Je n’ai jamais affirmé que faire une oeuvre d’art c’était rendre un service, j’ai juste donné ces deux exemples successivement. Pour l’argument de la pierre : il n’y a pas de lien direct entre le nombre de microorganisme tué et la qualité du travail accomplie ensuite. Si aucun n’était tué, on pourrait faire le même travail. Je ne vois donc pas ce qu’ils viennent faire la dedans.
Après, un éléphant qui dans sa course soulève des tas de pierres ne se soucie pas vraiment des microorganismes qu’il tue, et qui de toute façon se reproduisent à toute vitesse. Et je ne parle pas du loup qui tue l’agneau, du lapin qui mange l’herbe, ni de la fourmi qui élève des pucerons ! Je ne parle pas des parasites qui finissent par achever des arbres.
Vous me direz certainement que ça fait partie d’un ordre naturel équilibré (autrement dit que le loup a le droit de manger l’agneau parceque c’est sa nature, mais pas l’homme). C’est faux. La nature évolue sans cesse. Les équlibres sont bouleversés régulièrement. Il y eut des extinctions durant lesquels 90% des especes disparaissaient définitivement au cours de l’évolution. Finalement elle s’adapte toujours. Même à l’homme elle s’adaptera, c’est plutôt l’homme qui risque de disparaitre aujourd’hui (entrainant de nombreuses especes avec lui).
Ceci dit il y a quelque chose de singulier dans l’activité humaine. La modification de la nature n’a jamais été aussi brutale et rapide. C’est bien d’en avoir conscience. Pour moi ce n’est pas une raison pour sacraliser la nature, en faire quelque chose d’intouchable, refuser d’écraser le moindre moustique, autrement dit passer d’un extrême à l’autre. Même en affirmant que l’homme doit se réinsérer dans la nature (ce que personnellement je réfute), il est naturel qu’il "prenne" à la nature, c’est ce qu’il aurait fait sans cette conscience qu’il possède aujourd’hui. N’oublions pas que la nature se régénère en permanence. Après tout est question de mesure entre cette régénération et notre consommation. Je suis d’accord, on a atteint la démesure.
L’idée d’un homme qui devrait se réinsérer dans la nature, et donc rejeter l’ensemble de la culture contemporaine, des techniques (le cinéma...), de l’économie, me parait être un fantasme. Ce discours est celui de l’enfant qui voudrait redevenir un bébé. L’homme n’est plus le singe qu’il était et ne le redeviendra jamais.
Enfin j’avoue que j’attribue beaucoup plus de valeur à cet ordinateur qui me permet de communiquer avec vous, et de faire beaucoup d’autres choses (et vous n’imaginez pas le centième de la quantité d’intelligence qu’il a fallut pour créer une telle machine, que nos ancêtre considererait certainement à première vue comme une incroyable magie) qu’à une simple ortie qu’on trouve au bord de tous les chemins et qui se reproduit si vite par simple bouture. Désolé...