Frédéric Mahé, vous dites :
« Honnêtement, on l’aurait appelé dès le début »Homo sapiens d’Europe« , le débat actuel serait très différent. Physiquement d’ailleurs, il y a moins de différence entre lui et un Français »de souche« moyen qu’entre ce même Français et un Bushman un peu maladif ou un Eskimo... »
N’exagérons rien. Le squelette de neandertalensis est tout de même bien différent, même s’il faut noter que les médecins légistes sont capables de reconnaître la race d’un homme actuel d’après son squelette (mais je ne saurais pas dire avec quelle marge d’erreur).
Quant à la notion de « distance génétique », elle ne permet pas de donner une limite claire à la notion d’espèce, ni même au degré de parenté entre espèces, faute d’étalonnage vraiment fiable, et du fait d’importantes différences dans l’expression des gènes.
Là où vous avez raison, c’est que la notion d’espèce correspond de nos jours beaucoup à l’idée que s’en fait le spécialiste qui l’étudie, et est donc en grande partie subjective . Il est impossible d’être parfaitement objectif, il n’y a que dans la Genèse que les espèces sont des entités bien individualisées, dans la réalité, le vivant est en évolution perpétuelle. Mais d’une manière générale, lorsque deux organismes se côtoient en milieu naturel sans se croiser ou très peu, on considère qu’ils appartiennent à des espèces distinctes. Evidemment, lorsque ce n’est pas le cas (on dit qu’ils sont allopatriques), on ne peut en établir la preuve absolue. L’expérience du classificateur (ou taxinomiste) est alors essentielle.