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Commentaire de Taïké Eilée

sur 11-Septembre : Un naufrage médiatique


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Taïké Eilée Taïké Eilée 9 avril 2008 21:25

@ Florentin : je ne qualifie pas de "prose répugnante" l’article de Redeker, mais un passage très précis de cet article, que je cite. Un passage sur lequel il est quasi impossible d’être très nuancé, tant il est lui-même caricatural et insultant.

Quant à la fin de votre intervention, elle illustre parfaitement le genre d’amalgame que je dénonce et dont j’essaie de me tenir le plus loin possible. J’ai en effet le souci de la nuance. Pas vous apparemment.

Quant à parler de "voix discordantes"... Si vous vous référez aux sondages que je cite à la fin de l’article, les sceptiques ne sont pas vraiment (aux Etats-Unis) ce qu’on peut appeler des "voix discordantes", puisqu’ils sont près de la moitié. Un sceptique, je le précise, n’est pas un "complotiste", c’est quelqu’un qui a des doutes et aimerait (si possible) être un peu mieux informé.

Et puis, pour être plus général, sans les "voix discordantes" (que vous aimeriez, semble-t-il, faire taire), l’humanité n’aurait pas beaucoup avancé depuis ses débuts... Les progrès sont rarement d’emblée le fait de la majorité. Au XVIe siècle, par exemple, c’étaient des "voix discordantes" très rares qui contestaient les procès de sorcellerie. Un illustre auteur comme Jean Bodin considérait qu’il était aussi grave de douter de l’existence des sorcières que de celle de Dieu, et réclamait pour les sceptiques (aussi bien que pour les sorcières) la mort sur le bûcher. La sorcellerie, pour Bodin, était attestée par la parole de Dieu (les Ecritures). C’est l’argument d’autorité.

Montaigne est, à son époque, sur ce point-là, un rarissime dissident. Le philosophe - un vrai celui-là - récuse l’argument d’autorité, fait preuve d’un scepticisme salvateur (malgré le danger), et va rencontrer ceux qu’on appelle les "sorciers"... et n’y trouve, pense-t-il, que des malades, certainement pas d’authentiques sorciers aux pouvoirs surnaturels. Sa critique des procès en sorcellerie se fonde, au final, à la fois sur son respect de la vie humaine, et sur son exigence de ne juger que d’après des faits. Un bel exemple, vous ne trouvez pas ?


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