La malhonnêteté intellectuelle de cet article me saute aux yeux :
- L’auteur du tableau en question n’est même pas cité cité. Pour Mr Villach, un monochrome noir en vaut un autre, c’est « un tableau noir » et puis c’est tout. Or le monochrome a une histoire, et par ailleurs, il existe toutes sortes de nuances de noir et de multiples façons de recouvrir une surface par un pigment unique (ou un non-pigment ; oxyde de fer naturel, charbon réduit en poudre, etc). Il est bien évident qu’un monochrome d’une couleur donnée n’a pas la même signification s’il a été peint à l’époque du futurisme russe, dans les années 50 ou de nos jours (Personnellement, un peintre contemporain qui donnerait encore dans le monochrome devrait vraiment être très fort pour parvenir à m’étonner. Mais je n’exclus pas cette possibilité a priori - pourquoi le devrais-je ?).
D’entrée de jeu, Mr Villach annonce la couleur (haha) : il s’agit d’un plaidoyer pro domo. La cause est entendue dès le départ :
1) C’est de l’art contemporain donc c’est de la blague.
2) On voit bien que c’est de la blague, puisque peindre un tableau tout noir, c’est se moquer du monde. En d’autres termes : circulez, y’a rien à voir.
Ceci étant posé, il ne se donne même pas la peine de révéler l’identité du blagueur, et la médiocrité de la photo ne nous aide pas à la deviner. Impossible donc d’essayer de comprendre en quoi cette toile pourrait avoir le droit d’exister, nous en sommes réduits à nous fier au jugement de Mr Villach. À la suite de quoi, il ne craindra pas de nous vanter le doute méthodique et de pourfendre les arguments d’autorité. Cuistrerie ou inconscience ?
- Amalgamer cette œuvre anonyme à la « Fountain » de Duchamp (et non « l’urinoir de Duchamp » écrit entre guillemets), qui « n’est pas faite pour qu’on s’y soulage »[1], est doublement insultant puisque l’auteur du « tableau noir » est maintenu du côté « grosse blague » : ça fait rire les ignares ; et comme on ne sait toujours pas de qui il s’agit, toute défense est disqualifiées. Or il y a indéniablement un côté facétieux dans la démarche de Duchamp, mais beaucoup plus que cela. Mr Villach nous apprend qu’il n’a rien capté du mouvement Dada et ce qui s’en est suivi.
- Les extraits de l’article du Monde sur Soulages : cet article est certes d’une grande banalité, mais les truismes de son introduction ne sont qu’un effet de style destiné à mettre la suite en valeur (j’avoue que le résultat n’est pas fameux).[2] La malhonnêteté consiste ici à discréditer la démarche de Soulages en se basant, non pas sur les Polyptiques eux-mêmes (en a-t-il jamais vu un seul ?) mais sur un compte-rendu prétendument basé sur la tromperie. Or, en-dehors des paulvalérysmes obligés, du genre « l’éclat fulgurant du noir », cet article ne me semble pas le moins du monde abuser de la bonne foi du lecteur. C’est son inculture que Mr Villach donne ici en spectacle, en mettant dans le même sac l’œuvre d’un artiste reconnu (et tout à fait accessible à la compréhension ordinaire) et les dernières séquelles de l’art contemporain, sur lesquelles on peut effectivement se montrer dubitatif. Mais recourir aux simplifications brutales et à la complaisance du public n’aide en rien à y voir clair.
- « C’est abscons donc ça ne vaut rien ». La physique des particules est une vaste escroquerie, puisque Mr Villach ne la comprend pas. Comment je le sais ? Je le sais, c’est tout. On parie ?
- Sur l’affaire Guillermo Habacuc Vargas :
http://harmonicminor.com/2008/04/07/the-guillermo-habacuc-vargas-hoax/
http://thepetextraordinarium.blogspot.com/2008/03/starving-dog-exhibit-reported-as-hoax.html
Dans la série « j’ai lu le blog de l’homme qui a vu l’homme qui a failli voir le chien mourir de faim ». Doute méthodique, disiez-vous ? Farceur...
[1] Ça, même un enfant pourrait s’en rendre compte, vu que l’objet est exposé à 90 degrés par rapport à sa position fonctionnelle. Il faudrait être en lévitation à l’horizontale pour éviter de pisser sur ses chaussures. On notera le passage à Pierre SOULAGES un paragraphe plus loin, dans la série « amusons le public à peu de frais ».
[2] Cette phrase : « À ce compte, l’effet produit par sa peinture devrait être celui que l’on ressent lorsqu’on se trouve, de nuit, dans un tunnel » m’a fait sourire, car elle m’a rappelé que Ghislain Mollet-Viéville considère la « Première communion de jeunes filles chlorotiques par temps de neige » - un monochrome blanc d’Alphonse Allais de 1883, comme l’une des sources de l’art conceptuel. Il y a donc beaucoup à dire sur le canular comme principe fondateur de l’avant-garde. Mais cela demande un peu d’esprit.
29/04 13:19 - Ironheart
Je ne trouve pas la photo médiocre, personnellement. Je trouve hilarant de lire toutes ces (...)
29/04 13:10 - Ironheart
Lol.... Excellent. Je pensais que l’art contemporain était ridicule mais pas à ce point, (...)
21/04 18:40 - Thoth
Et oui, la merde coute cher et fait monter une cotation. C’est pareil pour tout. Plus (...)
21/04 11:00 - christian
L’artiste incriminé par l’article ci-dessus ne l’est pas moins que vous, (...)
17/04 15:15 - Thoth
L’artiste en question peint depuis quarante ans et est coté sur les sites Drouot et (...)
17/04 15:05 - Thoth
Ces jeux d’esprit sur le noir foncé et le noir clair me rappellent un sketch de Coluche (...)
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