Au tissu d’idioties de l’auteur, il n’y a qu’une seule réponse à donner : le Thibet aurait parfaitement pu, à son rythme et avec l’aide de pays plus respectueux de son identité, se mettre à l’heure moderne. Il suffit de voir comment ont évolué les autres royaumes du toit du monde pour s’en convaincre. Et s’il avait voulu rester pauvre et moyen-âgeux en dédaignant les réfrigérateurs et les élections multipartites, eh bien, cela aurait aussi été un choix à respecter, n’en déplaise aux croisés du développement.
Rappelons quand même que le gouvernement chinois a soutenu activement le régime génocidaire de Pol Pot et a massacré allègrement les Han eux-mêmes par la famine et par la violence directe. Comment peut-on avoir la mémoire si courte pour oublier qu’en 1989 l’armée chinoise a tiré sur des étudiants désarmés et pacifiques ?
Et puis voilà qu’on nous ressort la énième version de l’argument de la victimitude : la pauvre Chine, qui a en réalité passé une grande partie de son histoire sous différentes occupations étrangères, a été brimée par nous au XIXe siècle. Donc elle doit se voir accorder de notre part un chèque en blanc moral jusqu’à la fin des temps. Un peu comme un autre Etat du Moyen-Orient qui profite de ses morts de la Seconde Guerre mondiale pour se placer au-dessus de toute critique.
Le Yuanming Yuan ; c’est vrai, a été détruit en partie par des Français et des Anglais. Vous oubliez cependant de nous dire qu’il a été aussi détruit par divers seigneurs de la guerre chinois et par les gardes rouges parce que symbole d’une époque honnie et révolue. Je me souviendrai toujours des paroles d’un maître de tchigong que j’ai fréquenté à l’époque où cette pratique, similaire par certains aspects au yoga, était très en vogue en Chine. Il nous a dit (on était tout un groupe de francophones dans son école) : "La politique de réforme et d’ouverture a détruit bien plus la culture chinoise et ses monuments matériels et spirituels que les gardes rouges."
Eh oui, en fin de compte, les pires ennemis des Han, ce sont eux-mêmes. Pas nous,qui leur avons d’alleurs donné, cela compense beaucoup de choses, jecrois, tout le tralala moderne depuis les jeans jusqu’aux fusées spatiales. Mais où est la gratitude, hmmm ?