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Commentaire de Marc Bruxman

sur Les fluctuations de la Bourse ou comment la spéculation peut rapporter gros...


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Marc Bruxman 13 avril 2008 15:35

quelques remarques relatives à votre post

En 2000 c’était l’époque soit disant bénie de "la nouvelle économie" dont on entend plus parler...et pour cause.... !

Oui la bulle s’est dégonflée violemment. Mais pendant toute la période (De 1998 à fin 2000) je peux vous assurer que pour qui bossait dans l’informatique, les conditions étaient révées.

Je ne pense pas qu’il y avait alors "des options" sur les titres de la nouvelle économie... !

Non mais y’avait des valeurs technologiques dans le CAC qui ont pris tout aussi cher ! Au hasard, France Telecom dont l’action était une piste noire...

Effectivement il n’y a pas de warrants sur le nouveau marché, mais on trouvait de très belles affaires sur le premier ;)

Bernard Arnault a fait introduire au RM (ou premier marché) un titre (dont je ne me souviens pas du nom) alors que cette société n’avait que six mois d’existence...lui a gagné de l’argent à l’époque grâce à cette introduction...l alors que les "gogos qui ont souscrit ont ’tout perdu".. !

Avant de continuer j’ai été salarié d’une des filliales d’Europaweb (le groupe internet de Bernard Arnault) ou je bossais deux jours par semaines quand j’étais étudiant. J’y ai été bien payé et n’ai pas du tout eu à me plaindre de l’ambiance bien au contraire. Le pére BA et bien je ne l’ai jamais croisé.

Europaweb était une grosse holding ou BA investissait dans un premier temps sa thune pour acquérir ou investir dans des boites qu’ils jugeait bien. Par bien entendre avec lesquels il espérait faire une plus value.

Sur ces boites, certaines ont été revendues, d’autres ont été cotées, et la plupart (dont celle ou je bossais) ont brulés toute leur thune et fait faillite lamentablement. Parmis les échecs les plus connus : ZeBank et Boo. Parmis toutes les boites certaines étaient très bien et ont juste été victimes du dégonflement de la bulle, mais beaucoup étaient du grand n’importe quoi. BA de même que Messier avaient été réelement convaincus qu’il ne pouvaient pas ignorer Internet et donc qu’ils devaient rattrapper leur retard en matiére d’investissement. Ils ont investis tard (en 2000) des sommes faramineuses pour prendre des participations ou racheter des sociétés.

Au final c’est Bernard Arnault a vraissemblablement perdu 300 Million de $ dans cette affaire.

Beaucoup de petits porteurs se sont fait couillonner lors des introductions, je te rejoins. Mais la plupart des gros industriels français ont pris cher aussi. Finalement les plus gros gagnants de la période étaient :

  • Les banques d’affaires qui ont eu bcp de boulot pour toutes ces introductions en bourse ainsi que les salariés de toutes ces banques d’affaires.
  • Les petits entrepreneurs qui ont eu la chance de vendre à Bernard Arnault et Messier leur boite pour des sommes indécentes.
  • Les sociétés de service informatique qui ont pu augmenter leurs prix grâce à la pénurie d’informaticiens.
  • Les salariés des boites de la nouvelle économie qui étaient il faut le dire souvent grassement payés et bossaient dans une bonne ambiance.

Parmis les perdants :

  • Les capitaines d’industrie classique "vieille économie" qui ont grandement servi de "derniers imbéciles" en investissant sur un marché technologique qu’ils ne connaissaient pas après tout le monde. Le monde de la technologie a toujours fonctionné par bulles successives. Ce qui était nouveau en l’an 2000 c’est que ces bulles qui jusque la ne touchaient que des investisseurs aguérris au marché high tech se sont propagées à des investisseurs qui ne comprenaient pas ce marché.
  • Les petits porteurs qui la encore ont investis dans un secteur risqué qu’ils ne connaissaient souvent pas (la France n’avait pas jusqu’alors une grande habitude des investissements hightech).
  • Les sociétés de l’industrie qui pour un temps ont souffert d’un sous investissement en capital ainsi que leur salariés.

La période de la nouvelle éco a souvent été mal abordée dans la presse. Mais il existe un reportage excellent intitulé "Quand internet fait des bulles" que vous trouverez sur votre dailymotion préféré. A peu près tous ceux qui ont eu un role durant cette période sont interviewé dans ce reportage et ca explique vraiment bien l’ambiance et les enjeux du moment.

c’est comme le "scandale" Eurotunnel, introduit de même au RM (ou premier marché) quand on sait que la réglementation pour les introductions sur ce marché impose des normes (minimum 3 ans de bilans et comptes de résultats) de sort que tant pour eurotunnel que pour la société introduite par Bernard Arnault, elles n’avaient que quelques mois d’existence, et les analytes financiers faisaient de projections dithyrambiques.... !

Pas exactement. La nouvelle économie était une bulle à la fois boursiére et médiatique. Beaucoup de gens lorsqu’ils voyaient des démonstrations d’internet étaient il faut le dire aveuglés par ce qu’ils voyaient : une innovation qui allait révolutionner le monde. Ils en ont pour un temps oubliés les fondamentaux économiques et négligés que l’adoption d’une telle technologie ne pouvait être immédiat.

Parmis les gens qui participaient à la bulle vous aviez deux types de personnes :

  • Les professionnels de la high tech qui savaient très bien que comme TOUTES les bulles technologiques précédentes celle-ci allait éclater. Mais ils savaient aussi que si l’on investit largement et tot dans le secteur, celui-ci finit par se concentrer et on y réalise d’importantes plus values. Pour 10 sociétés investies, 1 seule fait le jackpot, 2 ou 3 vivotent, le reste coule. C’est le ratio depuis que l’on investit dans la technologie. Et c’est un risque assumé et conscient. Enfin des fois ils perdent quand même. Dans les télécoms, ils ont pris une ENORME bananne.
  • Les non professionnels qui cette fois ci se sont fait contaminer par la bulle. Ils y sont venus plus tard que les professionnels et ont grandement contribués à délester ces premiers lorsqu’ils ont compris que la bulle était hors de tout controle. Je peux vous garantir que quand Messier a fait ses acquisitions dans le but de créer Vizzavi il y en a qui ont du rigoler bien fort dans le premier cercle. Enfin c’était bienvenu pour eux ca leur permettait de récupérer l’argent qu’ils avaient engloutis dans les télécoms.

Mais comme c’était de gros capitaux qui étaient nécessaires, il fallait bien de gogos... !

La encore vous pouvez dire ca sur une boite en particulier (cas Eurotunnel), mais dans le cas de 2000 c’était tout le secteur technologique qui était l’objet d’une ruée vers l’or... Il n’y a probablement pas eu de complot ou quoi que ce soit (c’était mon impression quand j’ai bossé dedans). Parfois même on se disait : "putain c’est n’importe quoi cette boite ne vaut rien elle est rachetée X millions". Et puis au final tout le monde a surfé sur la vague sans trop comprendre parce que c’était le chemin de moindre résistance.

En fait c’en était à un stade ou vous ne pouviez pas si vous étiez sur le marché refuser de surfer la vague. Les propositions de salaires, les sommes en jeu étaient trop démentielle pour refuser d’y foncer. De même pour les patrons qui savaient souvent que trop bien que leur boite ne valait rien mais étaient pris dans l’engrenage de la surenchére. Parce que même si leur boite ne valait rien, les investisseurs fesaient la queue pour mettre de la thune dedans. Et ces levées de fond entretenaient la bulle.

De même pour les journalistes qui étaient tiraillés entre le rationnel (ca ne valait rien) et l’observation (ca levait des millions). Puis les particuliers qui regardaient incrédules ce qui se passait. La bulle c’était tous ces gens ensemble pris dans un grand mouvement. Et puis un jour elle a explosée...

alors que le marché des warrants est tenu par des émetteurs que sont les banques et établissements financiers qui eux sont les "grands gagants"... !

Ah les warrants :

  • La banque y gange effectivement à tous les coups.
  • Beaucoup s’en servent comme d’une assurance et ne perdent donc jamais. Ainsi si vous prenez un PUT sur le dollar vous gagnez à chaque fois qu’il se casse la geule. Si vous avez vendu à un client une commande en dollars, vous pouvez donc prendre une petite quantité de puts pour couvrir une baisse éventuelle du dollar grâce à l’effet de levier du warrant. Le même cas existe pour une action : Vous avez un gros portefeuille technologique et vous prenez un put sur France Telecom (que vous jugez corrélés avec vos actions nouvelle éco). Lorsque la bourse dévisse votre warrant vous aide à amortir la chute.
  • Certains s’en servent pour spéculer.
  • D’autres écoutent enfin une pub sur BFM entendent parler d’un truc qui a l’air bien et y souscrivent sans même se renseigner avant. Le terme gogo est alors approprié. Et la c’est effectivement complétement du casino.



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