C’est ça !
Alors, on va remettre un peu les choses en perspective...
III. Relation entre la globalisation et la pauvreté
En ce qui concerne la relation entre globalisation et pauvreté, je dirai simplement pour reprendre une
expression connue, que « la pauvreté n’est pas soluble dans la croissance ». En fait, si l’on prend les
trente dernières années au niveau mondial, il y a une croissance formidable mais, parallèlement, pour la
même période, la pauvreté a augmenté. En dix ans, au niveau mondial, on passe de 250 millions à 1
milliard de pauvres. Et rien qu’avec la crise de l’Asie du Sud-Est en 1998, il y a 14 millions d’Indonésiens
qui ont été réduits à la pauvreté en une année. C’est donc dire que, finalement, ce développement, d’une
part ne profite pas à tout le monde (il ne réduit pas la pauvreté) et que, d’autre part, il est très sujet à des
retours en arrière. Plusieurs pays, au moins 70 à 100 pays, ont vu leur revenu moyen régresser entre
1980 et 1993 pour se resituer au niveau de 1980 ou même de 1970. En définitive, ces 70 à 100 pays
n’ont connu globalement aucune croissance et certainement le nombre de pauvres a augmenté.
Pourtant, certains pays on connu une certaine croissance. Et quand on fait la corrélation entre
l’augmentation du PIB et l’augmentation du taux de pauvreté, il n’y a pas de corrélation positive.
D’autre part, on trouve dans tous les rapports qu’un phénomène de concentration de la richesse s’est fait
dans les pays les plus riches. La différence de revenu entre les pays riches et les pays pauvres était de
5 000 dollars à peu près et a été multipliée par trois en 10 ans. Même à l’intérieur de chaque pays il y a
une aggravation de la répartition des richesses. On a même vu l’apparition de nouvelles formes de
pauvreté dans les pays développés : les sans-abris en France, ou les sans domicile fixe, etc. Ce sont des
formes nouvelles qui n’existaient pas avant dans les années 1960-1970 et le début des années 1980 et
qui sont apparues même dans les pays développés. Un des rapports de l’Institut des Nations Unies pour
le développement parle pour les pays pauvres en général et pour la catégorie des ouvriers agricoles en
particulier d’une baisse de revenu de 20 à 30%. Il y a donc une érosion des revenus assez forte en
particulier dans cette ère de la globalisation.
Voici les points qui me semblent importants : la globalisation a entraîné un affaiblissement du niveau
État-Nation. Cet affaiblissement a fait perdre à l’État certains instruments et outils de développement : il
n’est plus maître par exemple de tout ce qui est fiscalité. Il n’est plus maître de la répartition et de
l’affectation de ses ressources. Il a une politique de captation des investissements directs étrangers qui
sont devenus les principaux moteurs de la croissance et de l’investissement ; et qui dit captation des
investissements directs étrangers dit déconnexion de la gestion intérieure de l’économie nationale, donc
de l’investissement. Il y a une séparation entre la capacité d’épargne nationale et le niveau
d’investissement. Notre point de vue (et je pense qu’il y a un consensus là-dessus) c’est que la
croissance dans un cadre libéral n’aboutit pas à une convergence ni entre les pays ni à l’intérieur des
pays. Par contre la croissance peut être une source d’aggravation des inégalités. Je pense que la
croissance doit être mieux cadrée, disons mieux régulée par des instances étatiques ou supranationales
dans un cadre régional et il faut faire coïncider cette régulation économique avec la régulation politique et
sociale.
Je vais chercher d’autres sources, t’inquiète, Bruxman, le désinformateur....