Gazi :
Intéressant début de réflection sur un des problèmes majeurs de notre époque. Inutile de dire que je n’ai pas, non plus ,de réponse.
Les traditions chiites glorifient le martyre - un peu comme, aux USA, on a glorifié Fort Alamo, Pickett’s Charge ou Little Big Horn. Même célébration d’une glorieuse défaite où un personnage héroïque se sait condamné et va à la mort. On les célèbre inlassablement, de façon cathartique, peut-être pour communier dans le ’Grand Temps’ des grands ancêtres, pour utiliser une terminologie éliadienne. C’est bien loin des attentats suicides, car le guerrier, qui se sait condamné, ne vise que d’autres guerriers.
En ce sens, même le modus operandi des Hashischins est bien différent : on sacrifiait un adepte pour supprimer le chef d’armée ou le prince qui mettait en péril la communauté toute entière. Connaissant le fonctionnement des armées médiévales, ce sacrifice pouvait, en éliminant un personnage, mettre fin aux hostilités et sauver des milliers de vies.
Les kamikazes japonais ? On a suffisamment écrit sur la question pour ne pas répéter combien on est loin des attentats actuels. Et quand Yukio Mishima a fait seppuku après sa tentative avortée de soulever l’armée japonaise contre l’Etat, lui seul et son assistant se sont donnés la mort, les autres membres de sa milice privée ont relaché leurs otages (tous unis d’ailleurs pour réciter la prière des morts à l’adresse du Bouddha d’Amida devant les corps de Mishima et Morita). Il ne leur serait pas venu à l’esprit de faire sauter le bâtiment et tous ses occupants.
Je crois que la dérive actuelle est, à mon sens, plus proche de la secte du Temple Solaire ou du Révérend Jones, mâtiné d’un millénarisme destructeur à la manière des Anabaptistes d’antan.
Mais ce serait un sujet de discussion fort intéressant sur Agora.