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Commentaire de krikri

sur La France a encore une guerre de retard !


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krikri 21 avril 2008 11:41

*Je vous rappelle qu’on apprend pas l’anglais uniquement parce qu’on le veut,

C’est vrai. Mais on continue a l’apprendre parce qu’on le veut. 

* c’est le « choix » des parents... Beaucoup l’auraient choisi, en effet, mais personne ne sait combien *auraient pris italien ou espagnol, ou allemand près de chacun de ces trois pays, par exemple.

 

Je viens de donner mon avis pour deux domaines.

Pour les pays nordiques, je ne suis pas sure que le probleme soit semblable a celui de la France. Je comprends que l’anglais ait des effets negatifs (il y a toujours un revers de la medaille), mais le positif me semble l’emporter. Est-ce que les langues nordiques se porteraient mieux sans l’anglais ? Est-ce qu’ils ont jamais eu le choix et la possibilite de developper un enseignement supeieur dans leurs dialectes ? Il y a aussi la question de savoir s’ils n’auraient pas du imposer a toute la Scandinavie la plus forte de leur langue et concentrer les efforts sur celle-ci. 

J’ai tres peu etudie le suedois, et la prof nous expliquait que leur rapport aux langues etrangeres etait toujours tres ouverts car leur developpement culturel s’est fait par l’intermediaire d’autres langues, notamment le francais a l’epoque napoleonnienne. Et ils n’ont jamais eu l’idee comme les Francais de ne vivre que dans leur langue. Ils n’ont jamais vraiment eu un enseignement superieur developpe viable avec uniquement le suedois. En fait, leur situation se rapproche peut-etre de celle des Alsaciens. Ils seraient tristes de voir disparaitre leur langue maternelle familiale, car c’est toujours dramatique, mais l’instruction, les etudes et la culture au-dela du village, c’est dans une autre langue.

 

On a 60 ans de stats dans les regions frontalieres. Et dans les annees 90, en Lorraine, region frontaliere, pres de l’Allemagne, deja la part de l’allemand en LV1 passait en dessous de 20%. Et l’italien (langues de nombreux migrants des annees 60) a disparu en LV1 puis en LV2 puis en LV3 parce qu’il n’etait plus choisi par aucune famille. C’est dommage que l’educ nat n’ai jamais propose l’arabe car il y aurait eu des gens pour le choisir.

J’aurais aussi prefere un choix quand meme. Mais bon, ce n’est pas si impose que vous le dites. Toujours en Lorraine, les gens ne sont pas si "frustres" par rapport a l’allemand puisqu’il y a deja pas mal d’ecoles "anticonstitutionnelles" ou les cours se font a 50 ou 100% en allemand.

*C’est faux : pour vendre en Russie ou en Chine, postulez avec un bon niveau en russe ou en chinois, vous verrez,

En Russie, je ne sais pas mais a ce qu’on m’a dit, c’est pareil. Pour la Chine, sans l’anglais, on ne vous recevra meme pas pour un entretien,( au Japon non plus, dans le reste de l’Asie non plus). Si vous parlez chinois en plus, c’est preferable, mais que chinois, aucun interet pour une entreprise multinationale. Or les boites qui cherchent des *commerciaux etrangers*, c’est bien pour faire du commerce international, par pour en vendre en chinois a des Chinois (ils ont deja des gens pour ca).

*un profil atypique a aussi ses atouts,

..n’a aucune chance de trouver un emploi. Mais bon, en independant, on peut toujours tenter. Entre nous, c’est quand meme plus facile d’etudier pour atteindre un niveau correct en anglais que de reussir cette performance. Autant commencer par ca. 

*surtout quand un niveau passable en anglais ne fait plus la différence, puisque « tout le monde » parle un anglais médiocre.

 

Aucun pays ne cherche a importer des gens *mediocres* ou *passables*.

*Harry Potter, sommet de la littérature ?

Non, je ne suis pas fan. Succes mondial. Grand outil de promotion de la langue anglaise, des millions de jeunes ont lu leur premier livre etranger en VO grace a cette serie. 

*mais puisque vous connaissez l’Asie, lisez plutôt « Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb, c’est *quand même autre chose,

Nothomb a son public. Je n’aime pas trop son ecriture. Stupeurs, etc n’a aucun rapport avec l’Asie ni le Japon, l’histoire est totalement improbable ici, mais bon, je ne le reprocherai jamais a un romancier, des sorcier dans Harri Potter, des employes au Japon seuls dans un bureau, c’est de la SF, mais en litterature c’est permis. Par contre, de grace, qu’on arrete de nous presenter cette fable, ainsi que "Lost in Translation", comme des documentaires sur le Japon.

 *et elle aussi est mondialement connue.

Elle a fait beaucoup de pub mais personne ne la connait a Osaka. Des amis ont lu "stupeur..." a ma demande. Ils ont trouve ca tres faux aussi et m’ont simplement demande : "C’est percu comme une fiction, ou ce sont les cliches sur le Japon qui circulent en Europe ? ". Ce livre, il faut le demander dans les librairies centrales. Je n’ai pas vu le film, il n’est meme pas sorti en national vu le flop dans les 2 ou 3 salles d’art et d’essai tokyoites ou il a ete lance. Les magasins de locations de videos de mon quartier ne l’ont pas (pourtant ils ont beaucoup de films francais). 

Les Potter s’arrachent comme la derniere console de jeux electroniques. Les gens font la queue toute la nuit pour en avoir a l’ouverture.

*La France est déjà un pays naturellement attractif,

Ca depend pour qui.

*mais pour attirer des cerveaux et les inciter à travailler des années chez nous, mieux vaudrait leur offrir des facilités de logement, une garantie d’aide administrative pour leurs démarches d’insertion,

Les "cerveaux" ne sont pas des mendiants qui cherchent a se loger et s’inserer, mais des gens qui choississent les meilleurs possibilites d’emploi, de postes de recherche, de qualification.

*etc. plutôt que leur organiser des cours en anglais pendant 6 mois, car cela leur permettra surtout d’allerfaire leur post-doc en GB ou aux USA...

Ils vont faire leurs post-docs la ou c’est repute, ou les conditions de recherches sont interessantes. Or en France, ca se degrade a vitesse grand V. Voyez le "classement de Shanghai" des universites du monde.

*Notre situation est très différente de celle des petits pays qui, eux, peuvent effectivement y trouver un *intérêt, alors que France et Allemagne ont tout à perdre à angliciser leur enseignement supérieur.

 

Cela depend de ce qu’on etudie.

Les cours de marketing, economie, finance sont depuis 50 ans bases a 99% sur les recherches d’auteurs anglais et americains. Tous les ouvrages de reference et articles sur les nouveautes paraissent en anglais et 6 mois a 4 ans plus tard en francais. Donc, deja dans les annees 90, les profs blablataient sur la traduction, c’est comme montrer la version doublee des films americains et dire que c’est du cinema francais. Les gens vraiment interesses par la matiere n’attendaient et se procuraient les originaux. Le probleme est qu’on n’a pas en France, ni en Allemagne, ni dans les pays nordiques de centre de universitaire et de recherche de la pointure de la London Business School. La LBS n’est pas bonne parce que c’est en anglais, elle est bonne parce qu’ils font des travaux brillants, des travaux qui sont utilises par les entreprises et administrations du monde entier.
 

Maintenant, on ne refera pas le monde non plus. On ne fera plus apprendre le francais comme condition prealable a une formation en France, parce que la meme formation sera proposee de qualite equivalente en anglais ailleurs. L’ignorer ne fait qu’enfoncer la France.

Dans le domaine de la cuisine, la France avait jusqu’a il y a 15 ans un avantage tres net. Bocuse etc. Des gens du monde entier venaient etudier la cuisine francaise. Mais les filieres d’enseignement francaise sont restees, jusqu’a maintenant archaiques : les CAP, BEP d’ecoles publiques, apprentissage a l’ancienne avec le petit ado qui balaie la cuisine chez son maitre. Tout est en francais. Alors que la Suisse developpait depuis longtemps des ecoles hotelieres de prestige au niveau Bac+, avec des cours en francais ou anglais au choix. On aurait du faire pareil des les annes 70. Evidemment, le chef qui va etudier au bout du monde, c’est pas le gamin en echec scolaire oriente a 14 ans, les profils sont totalement differents, ce sont des profils d’etudes superieures. Le metier a aussi change. Mais, rien n’a bouge en France. Ici, au Japon, grande mode de cuisine francaise. Ils ont envoye quelques chefs en France : aucune structure d’accueil adequat (le chef confirme de 25 ans, il va aller en CAP avec les gamins chahuteurs orientes la par hasard ?). Alors, ils ont monte il y a 20 ans leurs ecoles de cuisine et patisserie francaises aux niveaux BTS et plus. Maintenant, ils forment aussi des Chinois. Mais bien sur, les cours ne sont pas en francais. Meme chose aux US, ils ont tout un reseau d’ecoles de cuisine francaise bac +. Finalement, des gens se sont reveilles sur le tard pour ouvrir une paire d’ecoles superieures privees a Paris, mais tres tard, et en francais seulement. On etait tellement sur de nous. A cote, les Italiens avaient des ecoles en anglais (ou autres langues), les Catalans aussi, les Anglais aussi. Leurs ecoles ont gagne en reputations, leurs concepts de stages pour adultes au lieu de l’apprentissage de papy aussi. On se moquaient d’eux. Mais depuis l’an 2000, les nouvelles grandes cuisines de reference, ce sont les Catalans et les Anglais. Alors depuis 5 ans (on a failli attendre), on commence a reagir en France et a proposer des formations en anglais, et un tout petit peu en japonais. Mais on a loupe le coche.

Autre evolution, les Anglais, avec leur Delia Smith et Jamie Oliver ont invente la tele-cuisine, ils ont ensuite revendu leurs emissions dans le monde entier. Parce que c’est en anglais ? Absolument pas, ils ont vendu les maquettes pour que les emissions soient tournees dans d’autres langues, mais les celebrites ce sont eux, et les fans sont alles chercher les VO. Si ca avait ete des emissions suedoises, russes, indiennes, chilienne, les gens n’auraient pas cherche les VO en anglais. 

 

 

>Le succès d’un livre anglo-saxon dépend aussi de facteurs commerciaux, du « buzz », d’une concordance >d’intérêts divers, de pub et de critiques de journaux, etc.

Oui, mais ce n’est pas qu’une question de langue. On ne parle jamais de notre incapacite a capter l’interet, a vendre nos produits culturels, a creer le buzz.

*Mais, je le rappelle, cet article s’interroge sur l’intérêt pour la France à développer des cursus *anglophones, alors que les pays nordiques se rendent maintenant compte que leurs langues meurent à *petit feu


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