L’autonomie dans le cas de figure présent est effectivement à mes yeux impossible sous un régime communiste qu’il soit soviétique, maoïste ou autre. Pourquoi le dalaï-lama opte-t-il donc pour l’autonomie ?
Il y a d’abord une toute première raison : Teng Xiao-ping a dit que, concernant le Tibet, sauf l’indépendance tout pouvait se discuter. Le dalaï-lama choisit donc de s’engager dans la porte ouverte par les Chinois au dialogue.
La deuxième raison, me semble-t-il, est le fait que le dalaï-lama ne désire pas indisposer ses sponsors chinois à Taiwan, plus favorables à l’autonomie qu’à l’indépendance. Et ces sponsors chinois sont très influents en Chine continentale où leurs investissements massifs ont permis à Pékin de faire décoller la Chine.
La troisième raison est que la majorité des Nations, à commencer par les Etats-Unis fort proches du dalaï-lama, ont reconnu le Tibet comme "partie intégrante de la Chine". Si le dalaï-lama veut pouvoir obtenir un quelconque soutien international pour un projet relatif à son Tibet natal, une seule voie reste donc praticable : l’autonomie. D’où le "Plan en 5 Points" présenté par le dalaï-lama devant l’Administration américaine à Washington, D.C. en 1987 puis à Strasbourg devant l’Assemblée de l’Union européenne l’année suivante en 1988. Ce plan a été abandonné trois ans plus tard en 1991 face à l’absence de réaction de Pékin.
Le plan prévoyait de faire du Grand Tibet (U-tsang, Kham, Amdo) une zone de paix, démilitarisée. Dans mon "Tibet : la guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?", lien donné ici en référence, on voit quelles sont les véritables ambitions de la Chine au Tibet. Et l’on comprend combien la présence d’une formidable garnison chinoise au Tibet est nécessaire à Pékin. Le plan du dalaï-lama était donc mort-né.
Le seul plan acceptable par Pékin pour le Tibet serait de voir le dalaï-lama reconnaître que le Tibet appartient à la Chine depuis 700 ans et que les Tibétains sont chinois et fort heureux de l’être. Dans ce poker menteur, le dalaï-lama, de son côté, souhaite jouer la carte de l’amitié avec le peuple chinois dont il espère pouvoir un jour gagner massivement le coeur sur le Continent (à Taiwan, c’est déjà fait), ce qui est loin d’être impossible et ce que redoute Pékin au plus haut point.