Yves
Je suis venu ici me rafraîchir parce que l’eau y est encore propre. J’ai pris, une fois de plus, grand plaisir à vous lire, d’autant plus que, comme vous le savez sans doute, l’eau est une ressource naturelle importante au Canada et surtout au Québec. Le Canada détient près d’un quart des ressources d’eau douce du monde entier mais seulement 9 % d’entre elles sont renouvelables. Et le Québec à lui seul possède les plus grandes réserves d’eau douce par habitant sur la planète.
Depuis quelques années, le niveau des Grands Lacs fluctue. La question de l’eau potable inquiète grandement la population canadienne. En effet, 8,9 millions de personnes, soit 30,3 % de la population, tirent leur eau de nappes souterraines dont la dépollution s’avérerait difficile si elles venaient à être contaminées. Pour être plus précis, par exemple, 100 % de la population de l’Île-du-Prince-Édouard, et plus de 60 % de la population du Nouveau-Brunswick dépendent de l’eau souterraine pour satisfaire leurs besoins domestiques.
Nous sommes confrontés à ces velléités de « marchandisation » : les États-Unis semblent convoiter l’eau canadienne, notamment les ressources du Québec, de l’Ontario, du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest. Les Américains ont déjà détourné le Colorado pour arroser la Californie. Ils parlent depuis longtemps de détourner les Grands Lacs.
Les projets d’exploitation commerciale de l’eau des rivières et des aquifères se multiplient et créent souvent des conflits d’intérêts au niveau local. Certains ont même proposé la privatisation de l’eau douce.
Pour votre information, dès 1987, il y a donc vingt ans, le gouvernement du Canada s’opposait, dans sa Politique de l’eau, énergiquement à l’exportation à grande échelle de son eau. Le Canada expliquait que de telles exportations nécessiteraient qu’on détourne des rivières pour faire passer l’eau d’un bassin à un autre, ce qui aurait de terribles conséquences sur l’environnement et la société, surtout dans le Nord, où l’écologie est très fragile et où les cultures autochtones seraient très durement touchées
Comme vous le constaterez, Yves, voilà autant de raisons qui font que votre article est éminemment important et qu’en raison même de son excellente documentation, il devrait être considéré comme un document de référence sur Agoravox.
Et vous avez parfaitement raison : « La réponse à la pénurie qui s’annonce ne doit pas se contenter de sensibiliser les populations en les invitant à l’économie, mais elle doit s’attaquer réellement aux grandes causes du gâchis ».
Pierre R. Chantelois