• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Tristan Valmour

sur Non aux suppressions de postes, pour une école publique digne de ce nom


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Tristan Valmour 24 avril 2008 12:10

 

Parler de réduction des effectifs enseignants ne signifie strictement rien tant qu’on ne répond pas aux questions « où ? » et « comment ? ». De même, le taux d’encadrement moyen n’est pas non plus une donnée exploitable en matière de qualité pédagogique. D’une manière générale, quand on énonce un nombre, on n’a rien dit. C’est du vent, un hochet que l’on agite.

 

Si la rémunération de base des enseignants est effectivement nettement insuffisante (pour ceux qui font correctement leur métier, soit entre 40h et 60h de travail effectif par semaine), les heures supplémentaires sont suffisamment payées. Je connais un agrégé qui gagne entre 4000 et 4800 euros nets par mois avec toutes ses heures sup !

 

Dire que les classes sont – en général - de plus en plus surchargées est un mensonge. Le problème, c’est que les disparités sont énormes d’un établissement à l’autre, d’une section à l’autre. Une véritable usine à gaz.

 

Maintenant, il est tout à fait possible de dispenser un enseignement de qualité en réduisant le budget et les effectifs enseignants. Cela nécessite quatre conditions préalables : modifier l’organisation, réformer les pratiques pédagogiques, rendre l’enseignement imperméable aux idéologies, pacifier les relations sociales. 

 

Modifier l’organisation de l’EN en introduisant des DRH pour gérer les effectifs. Les rectorats et les chefs d’établissement sont incompétents en ce domaine, pourtant primordial. Mutualiser les services administratifs et les options, entre établissements scolaires. Cesser le détachement d’enseignants aux syndicats, associations et autres administrations ; les conduire à enseigner à des élèves.

 

Réformer les pratiques pédagogiques en formant davantage les enseignants à la pédagogie, notamment en prenant en compte l’avancée des neurosciences et des pédagogies nouvelles et alternatives. Des recherches sérieuses et efficientes ont été menées ces trente dernières années, avec des résultats concrets et étonnants, mais l’EN ne les met pas en pratique. On en reste toujours à l’approche behavioriste, qui a ses qualités, mais est aujourd’hui dépassée. De même, il faut des cours de méthodologie.

 

Rendre l’enseignement imperméable aux idéologies, d’où qu’elles viennent. Par exemple, dire que Pierre apprend aussi bien et de la même façon que Paul est un mensonge qui ne profite ni à Pierre, ni à Paul. Il convient donc de faire des classes de niveaux, avec des passerelles en cours d’année pour permettre aux élèves de niveau B de passer en classe de niveau A. Cela se pratique dans des établissements privés, avec d’excellents résultats. Et les classes de bons élèves peuvent accueillir facilement un effectif de 40 élèves et plus ! Cela permet également aux classes plus faibles d’avoir un effectif moindre.

 

Pacifier les relations sociales est enfin une condition sine qua non au transfert des connaissances et des méthodes de réflexion. Une classe indisciplinée n’est pas un lieu où l’on apprend et enseigne bien.

 

Les profs en France sont globalement bons, et le budget nettement suffisant. On peut même faire mieux avec moins. Le problème est ailleurs.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès