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Commentaire de madame_sans_gêne

sur Non aux suppressions de postes, pour une école publique digne de ce nom


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madame_sans_gêne madame_sans_gêne 24 avril 2008 22:14

Quelques précisions qui me paraissent indispensables.

Les profs n’ont pas 15 semaines de vacances /an.

Dans les années 50, leur salaire, alors équivalent aux autres fonctionnaires de catégorie A - juges, commissaires,..- a été rapporté sur dix mois et divisé par 12. Restent six semaines auxquellesont peut retrancher les temps de préparation de rentrées, qu’ils soient officiels -réunions-, ou officieux- bon courage au prof qui débarque dans sa classe le jour de la rentrée en direct des Seychelles ou de Palavas- les-Flots, selon ses moyens, sans avoir passé un minimum d’une semaine à peaufiner sa mise en scène, ses accroches et ses projets. Celui -là est en dépression dans les 3 mois

Car être prof, ce n’est pas seulement savoir quelque chose et le verser dans un entonnoir en massant le gosier comme si nos gosses étaient des oies.

Certains, parents, enseignants, politiques... le regrettent ! Ils ont été gavés et s’en trouvent bien : ils aimeraient que ça se reproduise : ça leur éviterait les énervés réellement instruits que leurs connaissances conduisent à comparer, comprendre, juger, se révolter. C’est énervant d’être dépassé par l’élève, d’être contesté, de passer pour un "vieux con", mais c’est à ce prix que l’humanité évolue et survit.

Etre enseignant, c’est être devant ses élèves dans tous les sens du terme : devant et pas au dessus.

Devant d’abords, dans une représentation permanente, une séduction et une exemplarité de chaque seconde, quelles que soient les circonstances- violences verbales ou physiques, à l’encontre d’élèves dont vous avez la charge et la responsabilité, ou à votre encontre.

Devant dans les savoirs savants, et à l’heure d’internet, ça se fait pas tout seul. Entre fantasmes et désinformations, on se retrouve plus souvent en situation d’"apprendre à apprendre" en sélectionnant ses sources, plutôt que d’enseigner.

Devant pour protéger aussi : les situations de détresse se multiplient, ou on nous en parle plus- ce qui montre au moins qu’on nous fait confiance : ouf !-.

Devant parce que comme pour toutes les professions intellectuelles, on n’arrête jamais d’être prof, comme on ne cesse jamais d’être médecin, juge ou avocat. Il nous faut un minimum de matériel pour agir : un cahier, un crayon, un scalpel, un code civil:c’est parti, on fonctionne. Sans uniforme, sans stock, sans investissements, sans subventions, sans boutique, sans larbins... On va où on veut, comme on veut : suffit de connaître la langue- et apprendre , on sait fzire, et même parfois, c’est pas la peine de s’enquiquiner : on parle la nôtre !

Devant parce que nos métiers ont été choisis et ne sont pas des options de survie : ils sont choisis par engagement, par conviction, par idéologie. On ne choisit pas une profession intellectuelle sans engagement, sans conviction ou sans idéologie sans courir au casse -pipe. Beaucoup s’y cassent la pipe parce qu(on leur a dit qu’une fois fonctionnaires, ils seraient peinards ; ils ne sont que dépressifs.

Que tous les donneurs de leçons viennent passer ne serait-ce qu’une semaine dans nos classes, nos hôpitaux, nos commissariats , nos prisons,nos transports , nos postes et nos tribunaux, payés pareil, hein !- à diplôme équivalent, on échange aussi nos salaires-, et qu’ils nous montrent comme ils feraient mieux. On ne demande qu’à apprendre.

Je m’en réjouis d’avance.

A bientôt pour les volontaires.


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