Nevenoe,
merci de votre post, il y a matière à débat.
Pour la pseudo littérature française on pourrait penser à Guy des Cars, Paul-loup Sulitzer. C’est vrai que le terme est impropre. Ce que je souhaitais dénoncer c’est cette capacité qu’ont pu avoir certains écrivains à s’auto-célebrer. La question qu’il faut se poser étant, le même ouvrage écrit en français aurait-il été publié (je pense notamment au concept de littérature en 200 mots, je pense que vous voyez à quoi je fais allusion) Pour Roparz Hemon, on pourrait penser ur Breizhad oc’h adkavout Breizh (on voit déjà dans le titre qu’il est "breizhad" et non "breton" ), je n’ai hélas plus ma bibliothèque en langue bretonne, mais il y a un passage très intéressant sur le "breton des ploucs" où il se gausse de la prononciation des bretonnants de naissance. Je pense que vous avez ce livre, je vous suggère de retrouver le passage. Quant à "Marh al Lorh", merci de me l’avoir remis en mémoire, je l’avais un peu oublié tant il est un livre conspué au sein des militants les plus fervents, vous ne devez pas l’ignorer. Pourtant, il me semble que c’est une des oeuvres importantes du XXe siècle en langue bretonne. Jakez Riou, oui c’est vrai, ce n’est pas désagréable à lire, en tout cas pas sans saveur. Mais je me suis en général emmerdé en lisant de la littérature bretonne du XXe siécle.
Quand je dis "francisé", je veux dire qu’ils envisagent une langue comme instrument politique, mais à la manière française. C’est à dire très codifiée et le plus unifiée possible. C’est à dire qu’ils avaient pleinement intégrés la propagande française qui consiste à dire que l’intercompréhension mutuelle est impossible en raison de le diversité des formes dialectales. Pourtant les Bretons ont communiqué entre eux avant la généralisation du français. C’est ce côté bon parler, je te reprends sur les mutations mais à côté de ça je suis "e-kichen ar blakenn"
Pour ce qui est de la grammaire analytique, je ne suis pas d’accord. Parce que la réalité c’est que lorsqu’on a voulu apprendre le breton à des gens qui ne le parlait pas, le breton était une langue exclusivement parlée et que soit on devait en accepter la réalité donc avoir une approche dialectale, soit se cantonner à ne parler qu’entre soi, entre néo-bretonnants. Je sais ce n’est pas très sexy à vendre, mais il se trouve que les bretonnants étant bilingues ils ne voient pas l’intérêt de se forcer à parler breton avec un apprenant alors qu’ils pourraient communiquer plus précisément en français. Et surtout c’était faire l’impasse sur le fait qu’on faisait se rencontrer un public pour qui la langue est une succession de mots et un autre qui a une approche globale et inconsciente. Et que le second était majoritaire.
Pour Per Denez qui a effectivement étudié le breton de Douarnenez, il faudra qu’on m’explique pourquoi lorsqu’il parle (je l’ai entendu sur RBI), il s’obstine à prononcer "mateho’ en lieu et place de "ma:dé", si ce n’est pour mettre en valeur la graphie qu’il affectionne. Imagineriez-vous un professeur d’anglais se forçant à prononcer "à la française" ? Inflexible sur les mutations et laxiste sur la phonologie, alors que c’est plutôt l’inverse qui permettrait l’intercompréhension entre bretonnants. J’ai remarqué en plusieurs lieux qu’entre 2 générations de bretonnants de naissance qui se comprenaient entre eux, il y a avait chez la génération de locuteurs la plus jeune une relache sur les mutations qui n’empêchait pas la communication puisque les mutations en question n’étaient pas "primordiales" (Ma dad en lieu et place de Ma zad, tout en respectant e dad et he zad, qui joue ici sur la compréhension).
Pour les emprunts au gallois, pas de problème. Par contre quand j’entends des "puristes" reprendre un bretonnant de naissance en s’obstinant à dire "ar ch’arr-nij" quand son interlocuteur dit "an avion" (c’est du vécu) surtout quand le second respecte l’accentuation du breton quand le premier ne l’utilise que quand il parle français, ça pourrait me porter à rire, mais généralement ça me rend furieux (c’est ajouter le complexe au complexe).
Pour les emprunts au français qui ont un sens différent en breton, je pense à kontant. Pour faire plus breton, ""je suis d’accord de faire ça" traduit par "A-du on d’ober se" en lieu et place de "kontant on d’ober-se", je sais déjà qu’il y aura problème de compréhension. Ca c’est la plaie des "lexiques" qui servent de "dictionnaire" . Quand je cherche d’accord, je trouve a-du.
Personne ne souhaite un langue bretonne qui soit un calque du français, mais toutes les langues minoritaires doivent faire avec la forte influence de la langue majoritaire qui la jouxte, et y résister du mieux qu’elle peuvent. Ce n’est pas propre au breton.
Ce n’est effectivement pas propre au breton, sauf qu’une fois de plus afin de supprimer les dialectes qui soit-disant empêchaient l’intercompréhension, on en a créé un autre qui cantonne le néo-bretonnant à rester entre soi, ce d’autant plus facilement que les structures pour parler le permettent. Attention, il y a aussi des néo-bretonnants qui ont fait l’effort d’aller vers les bretonnants de naissance. J’ai rarement vu que cette démarche fut encouragée et quand elle le fut, rarement vu évoquer les difficultés que rencontrerait le candidat à cette démarche et le fait qu’il faudrait que lui seul fournisse le gros des efforts. C’est dommage, parce que beaucoup ont pu être découragés en découvrant la réalité, et que prévenus ils auraient pu perséverer et obtenir la plus belle récompense de leurs efforts. La réalité, c’est que parler breton en Bretagne sans être bretonnant de naissance n’est pas neutre et que ne pas le savoir, c’est s’exposer à ne jamais pouvoir converser en breton avec la majorité des locuteurs. Ce n’est pas insurmontable, mais il faut témoigner d’un peu d’empathie pour son interlocuteur et ne pas penser que s’il refuse de poursuivre la conversation en breton avec vous ce n’est pas forcément "un gros con intolérant contaminé par le jacobinisme".
Pour le nationalisme, le "Républicanisme à la Française" rentre pleinement dans le cadre d’un nationalisme. Revendiquer un drapeau, un territoire clairement délimité, avec une population identifiée (même si cette indentification reste ouverte), une langue et une histoire commune est clairement nationaliste.
Pour l’Abbé Grégoire je vous renvoie à mon article "Quand les Bretons étaient étrangers en France", pour voir que je suis loin de nier le problème. Pensez-vous qu’à chaque fois que je débat du problème de la langue bretonne je dois renvoyer à cette article pour éloigner de moi tout soupçon de jacobinisme ?
Il y a eu effectivement une volonté éradicatrice de la France à l’encontre de ses parlers. Mais désolé, elle ne suffit pas à tout expliquer. L’élément oublié, c’est que historiquement le breton était la langue des paysans. On évoque souvent la limite linguistique qui partage en deux la Bretagne. Mais c’est oublier un peu vite la multitude de frontières linguistiques qui existaient en Basse-Bretagne, notamment entre villes et campagnes et même entre bourgs et villages. Ces limites ont commencés à se dessiner bien avant le rattachement de la Bretagne à la France. Pouvaint raisonnablement imaginer que le breton allait survivre à la disparition du monde paysan ? ce qu’avait très bien compris Per Jakez Helias et qui lui valu de solides inimitiés (c’est un euphémisme) auprès des militants linguistiques.
Pour ce qui est de la volonté politique, nous sommes d’accord, mais le breton n’est pas la langue de la Bretagne,mais une des langues de la Bretagne depuis au minimum 10 siècles. Alors je ne vois qu’une solution pour une Bretagne bretonnante : soit abandonner toute prétention territoriale à l’est d’une ligne St-Brieuc-Vannes (et encore c’est il y a 100ans que c’était possible), soit avoir une politique jacobine capable d’imposer le breton à l’est de cette ligne.
Cette dernière phrase étant volontairement provocatrice, mais je peux vous assurer que dans certaines têtes "le pire ennemi du breton, c’est le gallo" (entendu de la bouche d’un Nantais néo-bretonnant).
Vous me direz que c’est une minorité, sauf que quand les politiques nationaux ou régionaux ont besoin de conseils sur le breton, c’est à eux qu’ils s’adressent pusique les associations compétentes sont tenues par cette minorité (dont je ne nie aucunement la capacité de travail)
A greiz ma c’halon ho salutan.
08/05 12:47 - Nevenoe
Masuyer, Si ça continue, on va finir par être d’accord sur tout ! « vous interprétez (...)
04/05 22:47 - masuyer
Nevenoe, les votes ne donnent pas forcément raison. Quand vous dites que "le breton (...)
04/05 20:21 - Nevenoe
Masuyer, Vous avez raison sur les points où vous êtes d’accord avec moi, mais là où vous (...)
02/05 20:47 - masuyer
Nevenoe, merci de votre post, il y a matière à débat. Pour la pseudo littérature française on (...)
02/05 18:32 - Nevenoe
Masuyer, mon objectif était de vous faire retrouver un sens de la nuance qui semblait absent (...)
02/05 12:15 - masuyer
Nevenoe, je vous invite à lire des ouvrages de Roparz Hemon, par exemple. Tout n’est pas (...)
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