@Bulgorz,
Ahhh, les chiffres ....
Mais bon, je vous accorde que votre réponse relève quand même très nettement le niveau moyen de tout ce que j’ai lu jusqu’à présent de votre part, et que, indépendamment de la forme qui pêche toujours un peu, votre intervention est très intéressante.
J’ajoute cependant les éléments suivant à votre fracassante conclusion.
1. les chiffres de 1990 à 2000 du Zimbabwe ne sont certes pas géniaux, mais tout de même à peu près corrects (ils sont tous positifs tout au moins).
Les chiffres d’après 2000 ne sont plus significatifs de la gestion de Mugabe seule ("seule" se rapporte à la gestion, bien sur), car c’est depuis 2000 que la GB et tous les pays occidentaux derrière elle ont commencé une guerre économique forte contre le Zimbabwe. Les chiffres négatifs ne sont donc pas à mettre au débit de la gestion de Mugabe mais aux effets négatifs de la guerre économique entre les pays occidentaux et Mugabe. L’effet de la guerre économique peut ne pas paraître très important (à peine une baisse de 10%, alros qu’elle est dramatique. Cela est essentiellement dû au fait que la Banque Mondiale fait ses calculs à partir des chiffres indiqués par les comptes de la nation (donc en $ zimbabwe) en partant du taux officiel du dollar Zimbabwe (actuellement 1$US=40000 $Zim), alors que le "vrai" taux est 1$US=21 millions de $Zim sur le marché noir. Et ne croyez pas que le marché noir est totalement hors la loi, parce que le gouvernement lui-même va s’approvisionner en $US qaund il en a un besoin urgent en imprimant des billets en $Zim.
Donc en fait, votre raisonnement qui consiste à dire qu’avant Mugabe tout allait bien, et que depuis qu’il gouverne tout va mal est faux, puisque de 1990 à 2000 (sous Mugabe Président) tout allait bien, et que depuis 2000, on mesure les effets de la guerre économique et pas la gestion de Mugabe, et que les effets sont bien plus graves que ce que ces chiffres faussés indiquent.
En tout cas, on ne peut pas avoir une Banque Mondiale qui dit que l’inflation est de 165000% (en $Zim réels) et ne pas en tenir compte dans ses indicateurs.
2. Le pays n’est pas managé par le chef de l’Etat, mais par le chef de gouvernement (c’est la définition officielle). Je vous accorde que Mugabe, de par la Constitution du Zimbabwe depuis 1987 est à la fois le chef de l’état et le chef du gouvernement. Entre 1980 et 1987, Mugabe était simplement chef du gouvernement. Indépendamment de la modification de la Constitution de 9187 et de son nouveau titre de Président et non plus de Premier Ministre depuis 1987, il dirige le gouvernement depuis 1980. Les succès et insuccés dans le management du pays sont donc à lui attribuer depuis 1980 et non pas depuis 1987.
Et de 1980 à 2000, cela allait à peu près bien au ZImbabwe, je vous le rappelle, uisque certains disent même que le Zimbabwe était un pays formidable, avec des revenus exceptionnels et le bonheur pour les habitants.
3. La vraie richesse des habitants d’un pays ne se mesure pas seulement au PIB du pays de manière uniquement globale. Elle se mesure également en fonction du nombre d’habitants grâce au PIB/habitant (GDP per capita). Et là on se rend compte que globalement, sur l’ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne, le ¨PIB/habitant a diminué vers le début des années 90.
Aujoud’hui, si on considère ce que l’on appelle les "états fragiles" (Burundi, Comores, RDCongo, Cote d’Ivoire, Erythrée, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, RCA, Sao Tome et Principe, Sierra Leone, Togo, et Zimbabwe), la croissance du PIB est de +0,8% mais celle du PIB/habitant est de -1,6% (cf pages 108 et 110 du rapport d’avril 2008 du FMI. Il est très intéressant, mais il faut l’acheter (ou le consulter en bibliothèque). La version française a pour référence ISBN 978-1-58906-712-7)
4. La production du pays (le PIB) n’indique pas le taux d’endettement, ce qui peut être assez désagréable pour un pays pauvre. Je cite en particulier le cas du Cameroun qui avait entre 1992 et 1997 un budget de l’état qui comportait 4% pour les services sociaux et 40% pour le service à la dette.
Le FMI impose des ajustement structurels aux pays dits PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) contre des remises de dette. Cela passe par virer des fonctionnaires, baisser les salires, diminuer les services sociaux, etc... Et gare si on ne respecte pas les budgets indiqués, ce qui est arrivé au Cameroun en 2004, et dans le budget du Cameroun, le service de la dette est remonté à 21%.
Au Mali, le FMI avait prévu des revenus du coton en augmentation (augmentation du prix de vente du coton, une des trois ressources d’exportation du Mali avec l’or et les bovins) de 9% par an entre 1997 (date de mise en oeuvre du plan PPTE pour le Mali) et 2019. En pratique, entre début 1997 et fin 1999, le coton a perdu 46% de sa valeur, ce qui a évidement mis le Mali dans une position intenable et très très difficile aujourd’hui, malgré un taux de progression du PIB de 5%.
Ma conclusion - temporaire tout au moins - est double.
D’une part, je m’oppose à votre interprétation des chiffres et votre conclusion disant que c’est l’arrivée de Mugabe à la tête du gouvernement qui a provoqué la ruine du Zimbabwe, ainsi qu’à celle qui consiste à attribuer les résultts négatifs de 2000 et ensuite à la gestion de Mugabe, puisqu’il est évident que c’est la guerre économique qui a provoqué ces résultats mauvais (Mugabe est partie prenante, donc resposable de la guerre économique, mais pas suel, puisque la guerre ne se fait pas seul). Et c’est évidemment les occidentaux qui l’ont gagnée.
D’autre part, je fais amende honorable à l’avance à propos des actions négatives du FMI. Personne n’a encore protesté, mais si on en arrive à l’analyse des actions du FMI, il faut faire la part des choses et admettre que certaines des actions du FMI ont été positives, même si certaines autres ont été négatives. Jusqu’à présent, j’ai pris une position qui était un peu outrancière, mais il en est du FMI comme du libéralisme : tout n’est pas à jeter.