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Commentaire de 5A3N5D

sur Réforme de l'enseignement primaire : attention danger


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5A3N5D 6 mai 2008 17:56

@ Voltaire,

Dans un rapport, il y a toujours à boire et à manger, et chacun y trouve ce qu’il veut.

Ce qui est indiqué est qu’en plus de participer à l’éveil scientifique, à l’acquisition d’une méthode, de la rigueur, et d’un savoir, cet enseignement expérimental a aussi, comme bonus, un effet positif sur l’expression, orale et écrite. C’est apparemment d’autant plus remarquable dans les classes à forte population d’origine étrangère... L’article n’a pas pour objectif de discuter du contenu des enseignements de français, mais simplement de mettre en avant le rôle très positif de l’enseignement des sciences expérimentales dans le primaire, et le risque de sa disparition si l’on réduit trop les horaires.

Et c’est justement là qu’à mon avis, on se trompe : pour qu’une pensée se formule, s’exprime, il est nécessaire de maîtriser la langue le plus tôt possible. Essayez de penser dans une langue que vous ne maîtrisez pas et je veux bien qu’on en discute à nouveau.

Utiliser les activités scientifiques pour développer la langue, la logique ou tout ce que vous voudrez, c’est les détourner de leur but premier, celui de s’approprier une méthodologie et des connaissances basées sur l’observation ou l’expérimentation. Sans compter que la logique existe dans l’apprentissage de la langue, ce qu’on se garde bien de faire actuellement. A ce titre, je pose même une autre question : comment un enfant du primaire peut-il prétendre apprendre correctement une langue étrangère en 6° sans la moindre notion de grammaire ?

Je ne suis donc pas surpris que de nombreux gamins ne soient plus intéressés par les activités scientifiques : si cela devient un pensum ou des activités de français supplémentaires, je comprends alors mieux le désintérêt des enfants. Cela me fait penser à un de mes enfants, qui aimait bien dessiner et peindre. Un jour, il est rentré à la maison avec une mauvaise note d’interrogation écrite de... dessin. Il n’a jamais plus dessiné ni peint par la suite. On l’a dégoûté de la même façon de l’Histoire-Géo.

Mon opinion : l’ "appropriation" de la langue doit se faire avant et en dehors de toutes les autres activités ; ce n’est pas incompatible avec le développement de la logique, de l’analyse, qui peuvent très bien s’acquérir par l’étude de la grammaire.

Dans le cas contraire, c’est mettre la charrue avant les boeufs : comment peut-on demander à un enfant de formuler sa pensée à l’aide d’un outil quasi-inexistant ?

Le risque de disparition des disciplines scientifiques à l’école primaire c’est de vouloir y mêler d’autres disciplines, comme le risque de voir le goût artistique s’étioler est d’en faire une discipline "intellectuelle". On ne fait pas une interrogation écrite de dessin-peinture sans risquer de décourager les enfants : le dessin et la peinture s’apprennent à l’école et loin de tout verbiage technique. Un simple triangle des couleurs en début d’année permet à l’enfant de savoir à vie comment on fabrique les couleurs "qui manquent" à partir des trois couleurs primaires. Ça ne s’apprend même pas, ça se constate, ça se comprend et c’est acquis sans qu’il soit besoin d’en passer par l’apprentissage du français. Tout au plus le champ lexical de l’enfant s’enrichira de deux notions : harmonie et contraste. 

Pour les classes à forte concentration d’étrangers, j’ai eu l’occasion de m’en expliquer et je passe sur le sujet. En tout état de cause, il n’est pas normal qu’à l’entrée en 6°, 40% des élèves soient effectivement en difficulté. Ce pourcentage, cité par Bulgroz, correspond assez bien au ressenti que j’ai sur la question.


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