@ mon très cher Voltaire
J’ai été laconique sur le rapport PISA, aussi permettez-moi d’expliciter ma pensée.
Je reconnais volontiers que cette évaluation soit la meilleure disponible, qu’elle ait été établie selon des critères sérieux par des gens compétents et honnêtes. De même, je reconnais la nécessité de posséder des indicateurs pour mener une politique efficace. Toute organisation a besoin d’indicateurs pour les piloter. Mais tout indicateur, dont l’évaluation PISA génère des inconvénients.
L’obsolescence. Plus ces indicateurs sont complexes, moins ils sont susceptibles de se réformer et d’épouser la nouvelle réalité. La force d’inertie de l’habitude l’emporte sur l’ouverture à la nouveauté.
La dictature du quantifiable. Les indicateurs mesurent davantage la quantité que la qualité, et même lorsqu’ils s’appliquent à la dernière, c’est par le biais de la première. Par sa formulation exacte, le nombre donne l’illusion de l’exactitude, de l’objectivité, et devient le référent ultime dans la prise de décision. Là réside un très grand danger. Un danger de raisonnement d’abord. En effet, une perception erronée de la réalité conduite par un raisonnement logique donnera un résultat logique mais faux, quand une perception juste de la réalité conduite par un raisonnement logique donnera un résultat juste. Les nombreuses erreurs ne sont pas dues à une erreur de logique, mais de perception. Or, une confiance aveugle dans les chiffres biaise la perception. C’est l’un des objectifs du programme Cort d’Edward de Bonno que d’enseigner à percevoir correctement la réalité avant d’appliquer la logique. Second danger : les données quantifiables sont employées pour justifier une politique alors qu’elles ne sont pas expliquées au public. Celui-ci retiendra par exemple, que la France est à la place X alors qu’elle a un budget par habitant parmi les meilleurs. Mais quand on dit cela, on n’a rien dit ! Et on ne peut pas faire confiance à nos médias pour qu’ils comprennent ce dont ils parlent !
L’arbitraire d’une évaluation sommative. L’évaluation PISA, aussi perfectionnée soit-elle demeure une évaluation sommative. On mesure un système éducatif à l’instant T ou entre T et T1, en prenant comme échantillon des élèves de 15 ans. Cette évaluation ne mesure que très imparfaitement le degré d’acquisition des élèves. On peut très bien avoir acquis le contenu d’une séquence ou d’un programme, et être sanctionné par une mauvaise note. Mais on ne retiendra que la note.
Enfin, les élèves français sont initiés à la dialectique à partir de la seconde, en cours de français, surtout en Terminale avec la philosophie, matière qui, dans d’autres pays, est réservée au supérieur. Ou aux cours de réflexion, comme à Singapour. Cette donnée pourtant essentielle n’est pas mesurée par PISA, sauf erreur de ma part.
Sans transition, quand on évalue un savoir, une connaissance, on évalue surtout la partie informative, peu le raisonnement. « Beaucoup savoir n’est pas penser » disait Alain. Et les champions en la matière sont les anglo-saxons avec leurs QCM. Qu’est-ce que la partie informative ? Une suite de 1 et de 0 qu’il faut digérer ! Et les barèmes sont standards quand les apprenants sont si différents !
Bon, l’heure tourne, et je ne peux développer davantage. J’espère néanmoins avoir explicité ma pensée. Soyez assuré en tout cas de mon profond respect pour votre personne. Vous avez mon courriel et pouvez me contacter si vous le souhaitez.
Avec mes amitiés.
10/05 11:00 - Gilles
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10/05 10:48 - Gilles
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09/05 21:23 - AubeMort
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07/05 11:02 - Tristan Valmour
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06/05 17:56 - 5A3N5D
@ Voltaire, Dans un rapport, il y a toujours à boire et à manger, et chacun y trouve ce (...)
06/05 17:40 - papiper
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