Non, il ne me semble pas que l’effondrement à venir donnera naissance à un fascisme au niveau fédéral. En effet, le pays est bien trop divisé pour cela. Le scénario le plus plausible, ce sera un morcellement en zones de chaos et d’anarchie (n’oublions pas qu’il y a environ trois millions d’armes à feu privées dans les mains de la population états-unienne et que certaines régions du pays ont une tradition très ancienne de violence dans la résolution des problèmes et conflits sociétaux), en zones isolées et plus calmes (cela dépendra de l’histoire spécifique et des mœurs politiques des différentes régions), et en régions sécessionnistes. Signalons qu’il existe déjà des groupes sécessionnistes (dans le Vermont, par exemple).
Si vous lisez l’anglais, je recommande le livre de James Howard Kunstler, The Long Emergency : Surviving the Converging Catastrophes of the Twenty-first Century (New York : Atlantic Monthly Press, 2005), en particulier le dernier chapitre, qui envisage ce qu’il adviendra des Etats-Unis après un tel effondrement économique et énergétique. Kunstler a d’ailleurs parfaitement prédit les différents aspects de la présente débâcle bancaire et mobilière (le marché de la construction mobilière qui n’arrête pas de s’écrouler), ainsi que les répercussions de l’endettement massif de la population et des institutions gouvernementales.
Kunstler vient de publier un roman, World Made by Hand, dans lequel il tente de modéliser les conséquences de l’effondrement du pays dans la région de la côte nord-est du pays (état de New York et Nouvelle Angleterre).
En qui ce concerne, le caractère spécifique de l’impérialisme etats-unien et ses effets corrosifs à la fois endogènes et exogènes, on lira avec grand profit les analyses du politologue états-unien Chalmers Johnson, dans sa trilogie Blowback : The Costs and Consequences of American Empire ; The Sorrows of Empire : Militarism, Secrecy and the End of the Republic ; Nemesis : The Last Days of the American Republic (les trois publiés chez Henry Holt and Company, New York, respectivement en 2000, 2004 et 2007).