VULGARITÉ, subst. fém.
VULGARITÉ, subst. fém.
A. Vieilli, littér. Caractère de ce qui est courant, commun au plus grand nombre ; caractère de ce qui est prosaïque, terre à terre. Synon. banalité, prosaïsme. Prenez un homme d’une capacité ordinaire, vous savez toujours ce qu’il va dire dans un cas donné (...) La société d’élite raille impitoyablement cette vulgarité, elle se croit beaucoup plus originale, beaucoup plus personnelle (J. SIMON, Devoir, 1854, p. 147). C’est un beau livre que M. Fernand Gregh vient d’écrire, d’une simplicité, d’une franchise, on voudrait pouvoir dire, dans le sens bon et populaire du mot, d’une vulgarité qui est comme une promesse supplémentaire de durée (PROUST, Chron., 1922, p. 170).
B. Péjoratif
1. Caractère de ce qui est vulgaire, de ce qui manque de distinction, de délicatesse, de ce qui choque la bienséance. Synon. bassesse, grossièreté, trivialité. Vulgarité morale, physique ; vulgarité prétentieuse ; vulgarité de caractère, de conduite, des goûts, des mœurs, de parole, des sentiments, du style, du ton, des traits ; vulgarité dans l’esprit, dans les manières ; expression de vulgarité. Une salle à manger de la dernière vulgarité, tendue d’un mauvais petit papier briqueté, chargé de mousses par intervalles égaux, ornée de gravures à l’aqua-tinta dans des cadres dorés (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 379). « (...) Il y a des choux et des saucisses, mon vieux, bath (...). » Cet aspect nouveau de vulgarité basse étonna l’invité. (...) Vaton (...) sentait la nourriture, l’alcool et les dents sales (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 323).
2. P. méton., gén. au plur. Manière grossière de parler, de se conduire qui révèle un manque d’éducation, de réserve. Dire des vulgarités. Elle ne pouvait se lasser de le contempler, d’entendre sa voix forte et douce qui ne proférait plus de vulgarités (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 118). Un jour que la conversation tournait à des vulgarités écœurantes (...) elle dit à Fred : « Je ne sais pas si les gens dont vous parlez sont horribles comme vous le dites, mais je sais qu’ils vous ressemblent (...) » (ARAGON, Les Communistes, t. 1, 1982 [1949], p. 20).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1495 « grande masse du peuple » (JEHAN DE VIGNAY, Mir. hist., IX, 108, éd. 1531 ds DELB. Notes mss) ; b) XVIe s. subst. plur. « choses vulgaires, triviales » (Quintilien censeur, p. 199 ds LITTRÉ), mot absent des dict. jusqu’au XIXe s. ; 2. 1795 « caractère de ce qui est en usage chez le commun des hommes » (STAËL, Essai sur les fictions ds Œuvres compl., éd. Treuttel et Würtz, t. 2, 1820-21, p. 179 cité par B. W. JASINSKI ds Corresp. gén., t. 4, p. 59 : une langue qui [...] préserve de la vulgarité qu’entraînerait l’emploi continuel des expressions usées par l’habitude) ; 1800 (ID., De la littérature, ibid., t. 4, p. 382, ibid. : je sais bien que ce mot la vulgarité n’avait pas encore été employé, mais je le crois bon et nécessaire) ; 3. 1853 péj. « absence totale de distinction et de délicatesse » (FLAUB., Corresp., p. 345 : quand j’aborde une situation, elle me dégoûte d’avance par sa vulgarité : je ne fais autre chose que de doser de la merde). Empr. au lat. tardif vulgaritas « qualité de ce qui est commun », « la généralité (des hommes), le commun », dér. de vulgaris (v. vulgaire). Les sens mod. 2 et 3 sont prob. dér. de vulgaire*. Fréq. abs. littér. : 398. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 234, b) 396 ; XXe s. : a) 664, b) 880. Bbg. BARB. Loan-words 1921, p. 261.