Pour rectifier toutes ces contre-vérités ....
A en croire les médias dominants, les Français sont un peuple par trop contestataire (...en particulier lorsqu’ils protestent contre les réformes néolibérales). Pour France 2, les réformes seraient « impossibles » [1]. La France préférerait « la révolution aux réformes, la guerre sociale aux compromis », confirme Eric Le Boucher dans Le Monde [2]. Le Figaro, lui, nous affirme que le « droit de paralyser » est une « tradition nationale » [3], une analyse confirmée par Christine Ockrent selon qui la « culture du conflit » est une « forme d’infirmité que ne partagent pas nos voisins européens » [4]. « Nul autre pays occidental ne se comporte ainsi », répète encore Denis Jeambar dans L’Express [5]. En somme, la France serait tout le temps en grève, « bloquée », « paralysée ». Le pouvoir serait aux mains de « la rue »...
En compilant les résultats de sept travaux - réalisés essentiellement par des chercheurs en sciences sociales - traitant de la conflictualité dans différents pays industrialisés, nous allons voir quel crédit l’on peut accorder à la doxa médiatique.
Ici, 6 tableaux comparatifs : http://www.acrimed.org/article2415.html
Après le passage en revue de ces sept études comparatives, il est clair que la grève, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, ne peut pas être considérée comme un « sport national français ». Tout au long du XXe siècle, la France est globalement restée dans la moyenne basse des pays industrialisés.
Une autre conclusion qui peut être tirée de ces statistiques est que la « culture de la négociation », tant vantée par les médias, n’empêche pas, loin s’en faut, les conflits sociaux. Le fait de négocier avant n’empêche pas de faire grève. Ainsi, le graphique 6 (ci-dessus) fait apparaître que les pays scandinaves sont relativement conflictuels : le Danemark est en tête du classement, la Norvège est 4e et la Finlande 7e. Ainsi, la « culture de la négociation » n’implique pas forcément une « faible intensité conflictuelle ». Et, à l’inverse, la « culture de la confrontation » (tant décriée par les médias français) n’engendre pas automatiquement une « forte intensité conflictuelle ».
Autant d’observations qui tendent à montrer que, lorsqu’ils évoquent les grèves, les grands médias préfèrent la « culture de l’ignorance » à celle de l’exactitude.