En tant que femme, j’ai été interpelée par le titre. Au début de ma lecture j’étais méfiante ( ce que l’auteur appelle, à juste titre, un réflexe anxiogène). Mais si je ne partage pas entièrement son point de vue, certaines de ses réflexions rejoignent les miennes.
Il me semble en effet qu’il ne remet pas en cause l’émancipation de la femme en tant que telle mais bien le mode de vie que certaines (je n’utiliserai pas le pronom "elles", comme il utilise le "vous", car je ne range pas toutes les brebis dans la même bergerie !) revendiquent comme un idéal à atteindre : le monde du pouvoir de l’argent.
Le travail des femmes fut nécessaire à l’Etat. Il fut, par paupérisation de la société, de plus en plus nécessaire à bien des foyers. Il fut, sans aucun doute, utile aux femmes pour envisager de pouvoir, éventuellement, quitter un mari. Bien. Tout cela relève de l’indépendance matérielle. Et elle a son importance. Là où le bat blesse, c’est lorsque l’on voit des femmes se perdre dans les méandres de l’esclavage moderne qu’est devenu le travail salarié et supposer que cela est leur émancipation ! Ah ! pouvoir consommer l’argent de son propre travail ! Quelle ivresse ! Devenir un joli pantin de la société de consommation tout comme l’homme. Voilà une belle parité !
Il serait temps que l’on réalise que les femmes qui ont compté dans la société dans le siècle précédent ne l’ont pas été parce qu’elles ont eu un nouveau pouvoir d’achat, ou parce qu’elles elles ont été poussées par des hommes influents, mais bien parce qu’elles ne se sont pas posé la question de la légitimité, ou non, d’une action ou d’une pensée "féminine". La véritable émancipation est intellectuelle. les femmes l’ont presque atteinte. Le dernier obstacle réside encore dans la tête de certains hommes et de certaines femmes : celui de ressentir (consciemment ou inconsciemment) la pensée d’une femme comme inférieure à celle d’un homme. Mais le chemin se dessine tout seul. Il suffit d’un certain nombre de marcheurs empruntant le même parcours.
Combattre pour la femme occidentale est donc hors de propos et je me range du point de vue de l’auteur pour faire taire les hystériques de la victimisation. Cependant, on peut envisager que le combat pour la condition des femmes tout autour du monde est légitime. Je pense qu’il l’est tant qu’il ne cherche pas à imposer, sous prétexte de libération, un mode de vie à l’occidentale comme seul capable de garantir la liberté.
Je termine sur un point négatif de l’article (à mon sens) : l’idéal féminin ancestral sous-jacent, encore trop pregnant chez beaucoup d’hommes ; la Femme est celle qui inspire (l’homme) qui se sacrifie (pour l’homme) qui attend (l’homme) qui repose (l’homme) qui soutient (l’homme)... Il émane d’hommes qui disent aimer les femmes mais qui s’aiment, surtout, eux-mêmes ! (mais c’est toujours mieux que la misogynie, non ?) Continuons le chemin.